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Sept contre Thèbes [Stephen Hunter / Elisabeth Luc]

Je suis très client des romans de Stephen Hunter, notamment de ceux qui mettent en scène Bob Lee Swagger, un ancien combattant de la guerre du Vietnam, par ailleurs tireur d'élite.
Mais Hunter a aussi développé d'autres séries (et d'autres romans), dont celle qu'il consacre au père de Bob Lee Swagger, Earl Swagger, un ancien Marine, qui a participé - entre autres, à la guerre du Pacifique.
« Sept contre Thèbes » est le deuxième de cette série. 
            L'histoire se déroule en 1951, et je dois dire que le début n'est pas très accrocheur. Heureusement que je connaissais déjà la prose de Stephen Hunter.
Bref, Sam Vincent, un ami de Bob Lee Sweagger est mandaté par un avocat pour effectuer des recherches au sujet d'un certain Lincoln Tilson, un ex-employé noir d'un riche habitant de Chicago.
            Il aurait « disparu » dans une région inhospitalière de l'État du Mississippi, qui a la particularité d'accueillir l'une des prisons les plus dures des États-Unis.
Une prison entièrement dédiée, si j'ose dire, aux criminels noirs les plus récalcitrants.
Vous voyez donc déjà le tableau, le Sud, les années 1950, et un homme noir qui a « disparu ».
Or donc, jusqu'à l'intervention de Bob Lee Swagger, le récit ronronne gentiment. 
Après ça devient du lourd, voire du très lourd ; et comme souvent avec Stephen Hunter, un arrière-plan plus complexe apparait. Les lecteurs connaissant un peu l'Histoire des U.S.A. n'auront pas de mal à faire le lien avec des faits réels qui se sont déroulés en Alabama.
Même si l'essentiel n'est pas là.
Du moins à mon avis. 
            Je vais un peu déflorer le sujet, mais pas beaucoup plus que le titre français.
Après maintes péripéties, Bob Lee Swagger réuni un groupe de fines gâchettes (dont Audie Murphy) pour s'occuper en profondeur dudit pénitencier. Et le groupe en question ainsi que les motivations des uns et des autres sont assez peu compatibles avec le zeitgeist actuel. Sans parler des mots utilisés pour décrire au plus près les années 1950, vues par l'auteur.   
            Pensez au film The French Connection, récemment amputé, sans avertissement selon les sources, d'un passage où Popeye (qui je le rappelle, n'est pas un parangon de vertu) utilise le mot « nègre ». Le « n-word », comme on ne le dit pas là-bas. 
Dans la traduction en français du roman de Stephen Hunter il est utilisé 81 fois.
Difficile de penser qu'aujourd'hui, où l'édition française change le titre de certains livres comme Le Nègre de Narcisse de Joseph Conrad par exemple ou Les dix petits nègres d'Agatha Christie, ce roman trouverait un éditeur hexagonal assez fou pour se mettre à dos les ligues de bien-pensance.
Je ne parle même pas de la mentalité de plusieurs personnages, dont des défenseurs du deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d'Amérique, qui risque de ne trouver grâce auprès d'aucun lecteur. Ce qui est à mon avis aussi le but de Hunter, mais ce parti pris risque de passer largement au-dessus des susceptibilités.
            Lire le mot « nègre » quatre-vingt une fois rend-il raciste ? 
Bien sûr que non.
Rend-il pour autant le roman meilleur ?
Bien sûr que non.
Cependant, comme dans le cas de The French Connection, il rend compte d'une réalité, d'une époque ; mais surtout il caractérise des personnages. 
Que l'on est pas obliger d'aimer. Et qui en outre peuvent se montrer plus complexes qu'un mot sorti de son contexte. 
Ceci étant dit, vous voilà prévenus.
            En conclusion, « Sept contre Thèbes » est un roman d'action, violent, une tentative (réussie à mon avis) de dépeindre un contexte carcéral qui ne l'est pas moins, mais qui pèche par une entrée en matière un peu trop plan-plan, et une relation de cause à effets plutôt capillotractée.
Reste un roman de plus de 500 pages, qui lorsqu'il prend son rythme, ne se lâche plus.    

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