Essentiellement connu en France pour son excellente série de bande dessinée intitulée Fables, Bill Willingham est aussi romancier. Il a d'ailleurs écrit un roman - Peter & Max - qui se déroule dans cet univers fictionnel de personnages de contes populaires (traduit dans l'Hexagone par l’éditeur français Bragelonne©).
Fable donc (disponible en français chez l’éditeur Urban Comics©), qui fête son vingtième anniversaire aux U.S.A., et dont les festivités ont été semble-t-il traitées avec beaucoup de désinvolture par son éditeur.
Car pour l'occasion Bill Willingham a écrit une histoire en six parties qui met en scène Bigby (alias le Grand méchant loup) et Batman ; sans pour autant que cette rencontre introduise Fables dans l'univers partagé des super-héros de l'éditeur DC Comics™. Un crossover donc, qui chronologiquement prend place après la maxi-série en 12 numéros (écrite elle aussi dans le cadre de cet anniversaire) intitulée The Black Forest, dédiée aux Fables, mais que l'éditeur a publié avant.
Mauvais présage !
Une maxi-série dont les retards de publication (malgré l’embauche par Willingham lui-même d’un editor, en l’occurrence Megane Sloane, extérieur à DC Comics©, qu'il rémunère de sa poche) ont décidé le scénariste à sortir de sa réserve pour déclarer que dorénavant les personnages de Fables - dont il est propriétaires - appartiendraient au domaine public.
Ce qui n'a pas été du goût de DC Comics™, et a fait se gondoler certains aficionados de la BD U.S. car, se sont-ils récriés ; les Fables sont depuis longtemps dans le domaine public.
Ce qui n'est évidemment pas le cas. Bigby par exemple n’a plus grand chose à voir avec le Grand méchant loup du conte collecté par Charles Perrault ou les frères Grimm, dont Bill Willingham s'est « inspiré ».
En tout état de cause, le passage de ses propres créations dans le domaine public est quelque chose auquel tient particulièrement Willinghan, en dehors de son coup de sang.
Il avait ainsi déclaré, en 2021 (si je me souviens bien), que les personnages de sa série Pantheon appartenaient à qui voudrait bien les utiliser. Et il avait fait de même avec The Elementals, une autres de ses séries.
Deux déclarations qui n'avaient pas fait de vague, la notoriété respective des séries en question auprès des lecteurs étant moindre que celle de Fables. Ce sont pourtant, soit dit en passant, deux excellentes lectures pour qui aime les super-héros.
Mais revenons à « Hammer of the Gods: From the Adventures of Tom O'Harrow », un roman de Fantasy urbaine.
Voilà comment Bill Willingham le présentait aux lecteurs de la revue COMIC BOX, en 2013 :
C'est l'histoire de Tom, fils illégitime de Mab, la méchante reine des fées d'Unseelie Court. Il a gagné la guerre pour ce camp, mais en tuant pas mal de gens et en faisant des trucs pas jolis, donc, vu ses faits d'arme, les deux royaumes l'ont banni et cela fait 800 ans qu'il est condamné à vivre sur la Terre.
Le roman raconte sa vie et se déroule en grande partie à notre époque, avec quelques flash-backs.
Et comme il est mercenaire, il va se retrouver embauché par la Dame du Lac, oui celle du Roi Arthur. Tom est poursuivi pratiquement par le monde entier : ses amis, ses ennemis, etc.
Bref, il est en cavale et il a besoin d'une nouvelle arme pour survivre dans le monde moderne. Il parcourt ce monde à la recherche de quelqu'un qui pourrait recréer Excalibur.
Le résultat final est peu ou prou ce qui est décrit supra, le lecteur attentif remarquera néanmoins qu'Excalibur a laissé la place à une autre arme mythologique, en regardant la couverture. Dessinée par Bill Wilingham en personne.
L'histoire s'articule avec tout ce qu'il faut d'originalité et de savoir-faire pour en faire un roman tout ce qu'il y a d'excellent. Un récit qui aurait eu - sans coup férir - sa place dans la saga des Fables telle qu'il nous l'a racontée pendant quelques années, et qu'il l'a raconte encore aujourd'hui. Mais vu ce qu'il s'est passé, il y a peu de chance de revoir Bill Willingham chez DC Comics©.
Heureusement il a annoncé un deuxième tome des aventures de Tom Harrow, ce qui est plutôt une bonne chose, compte tenu que « Hammer of Gods » laisse un méchant goût de reviens-y.
(À suivre .....)
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