Damn Them All [Simon Spurrier & Laurent Queyssi / Charlie Adlard / Sofie Dodgson & Shayne Hannah Cui]
« Damn them all, Woke will recognise His own! »
La lettre d'intention du scénariste Simon Spurrier avait de quoi me mettre l'eau à la bouche, voyez-vous même : « La Loi du milieu1971 rencontre L'Exorciste1973 ».
Du brutal en somme.
Ellie « Bloody El » Hawthorne est l' homme la femme de main (sic) d'un petit criminel londonien, dont le domaine de compétence est la magie. Même si elle ne rechigne pas à utiliser un marteau (de coffreur) le cas échéant.
Elle doit sa maîtrise des arts occultes aux enseignements de son oncle Alfie, une sorte d'avatar de John Constantine, personnage emblématique sur lequel Simon Spurrier a d'ailleurs travaillé pour le compte de son propriétaire, l'éditeur américain de bandes dessinées DC Comics™.
Un mandat2019-2020 qui ne s'est pas très bien passé, puisque les ventes mensuelles n'ont pas permis au scénariste d'aller au bout de ce qu'il avait alors en tête. Mais les affaires étant ce qu'elles sont, il est depuis le mois de janvier 2024 de nouveau aux manettes d'une mini-série, intitulée John Constantine, Hellblazer: Dead in America, à l'origine constituée de 8 numéros, et qui vient de passer à 11, toujours pour le même éditeur.
Scénariste c'est un métier !
Avant toutes considérations scénaristiques on peut unanimement, me semble-il, constater que l'équipe artistique est aux taquets.
Charlie Adlard aux dessins, Sofie Dodgson & Shayne Hannah Cui à la colorisation, sans oublier Jim Campbell au lettrage (fidèlement suivi par Moscow*Eye pour la version française) fournissent un travail bien au-dessus des standards habituels de la bande dessiné américaine mainstream.
Charlie Adlard aux dessins, Sofie Dodgson & Shayne Hannah Cui à la colorisation, sans oublier Jim Campbell au lettrage (fidèlement suivi par Moscow*Eye pour la version française) fournissent un travail bien au-dessus des standards habituels de la bande dessiné américaine mainstream.
Et je n'ai aucun doute sur la traduction de Laurent Queyssi.
Un premier numéro qui se termine par un climax saisissant qui promet le meilleur.
Fatalitas !!! Les penchants progressistes (attention faux-ami) de Simon Spurrier, déjà remarqués dans (justement) sa précédente prise en main du destin de John Constantine, sont toujours à l'ordre du jour.
Un gauchisme culturel qui se confond d'ailleurs avec un conformisme qui sied pourtant assez mal à l'histoire que raconte ici le scénariste, où son héroïne est une frondeuse qui n'a (presque) peur de rien.
On a ainsi, très rapidement, une scène d'intervention lors d'une tuerie en milieu scolaire, aux États-Unis.
Et bien évidemment, le jeune homme armé fréquente les forums d'extrême-droite, c'est aussi un hétérosexuel qui n'a pas de succès auprès des jeunes femmes. Bref, un type dangereux !
Il ne serait sûrement pas venu à l'idée de Simon Spurrier de mettre en scène un transgenre, voire, voire un ancien marine, Noir. Non mais quelle horreur ! Ne serait-ce pas là un discours de haine monsieur Dada !!?
Il ne serait sûrement pas venu à l'idée de Simon Spurrier de mettre en scène un transgenre, voire, voire un ancien marine, Noir. Non mais quelle horreur ! Ne serait-ce pas là un discours de haine monsieur Dada !!?
Un peu plus tard il sera question d'un genre de confrérie à la manière de l'Ordre hermétique de l'Aube Doré, le Club des 500, qui est « un tas de riches connards Blancs » précisera Ellie, bien entendu « depuis toujours patriarcale » ajoute son camarade.
Mais Simon, est-ce bien utile de préciser tout cela ?
Cela dit, « ça ne tombe pas du ciel » comme pourrait le dire Adrien Quatennens avec le bel à-propos qu'on lui connait.
Dans le genre donc, Simon Spurrier avait déjà fait fort en acoquinant John Constantine (période 2019-2020) avec une bande de dealers de drogue du « tiécard », dont le caïd est un occultiste féru de sacrifices humains (rien que ça), en vue de se débarrasser d'une menace qui pèse sur ses bénéfices.
L'empêcheur de tourner en rond se révélera être un vieux clodo, Blanc (mais ai-je besoin de le préciser), raciste (comme il se doit), ex-combattant (c'est déjà pas beau) et auteur d'un féminicide (sic) sur son épouse. Décidément une vraie caricature de boomer.
Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, tant les douze numéros de la série en question sont un manifeste progressiste de la plus belle eau.
Pour en revenir au recueil qui nous intéresse ici, on a aussi un flic corrompu (mais ne sont-ils pas tous), un motif qui somme toute participe aux clichés du genre.
Mais là où Simon Spurrier fait preuve d'un militantisme forcené et un poil tordu, c'est que le ripou en question ne s'en prend pas à n'importe qui, non !
Cela dit, tous les personnages ne sont pas aussi sombres (sans jeu de mots).
On a par ailleurs un migrant, Abshir Sinimo, homosexuel, qui a fui son pays sans son amant, lapidé sous ses yeux (mais il aime encore son pays nous précisera-t-il).
Paternaliste en diable (si j'ose dire), Simon Spurrier nous donne des détails : on a enjoint à Abshir de rentrer chez lui (c'est mal), une assistante sociale a mis en doute son homosexualité (chez lui on l'aurait lapidé, mais les méchant sont de ce côté-ci de la Manche (sic)), on lui a également jeté des glaces en hurlant (sérieux ?!), et il a vu un bébé « tomber d'un canot pneumatique [..] pendant que des gardes-côtes se disputaient ». Incidemment on apprend donc qu'il ne sait pas nager.
Eh bien cet homme, que dis-je, cette Victime, qui deviendra maire de Londres dans des circonstances que je vous laisse découvrir, trouvera les mots justes lors de sa première conférence de presse.
Eh oui, Londres est une ville « injuste », mais nous dit-il il s'efforcera d'y « rendre la vie plus agréable au plus grand nombre ». Quelle leçon quand même !
Je me demande néanmoins si Simon Spurrier se rend compte de l'énormité de ce qu'il fait dire à ses personnages ?
Or donc, « Damn Them All » en plus d'être un quasi bréviaire du parfait progressiste, tend à tourner à vide très rapidement. Un comble d'ailleurs, sachant que Simon Spurrier se vantait d'être de l'école 2000AD, où disait-il à son interlocuteur lors d'un entretien, on apprend à écrire des récit de 5 pages là où les amerloques en prennent 22.
Bref une très belle idée de départ et un pool artistique au sommet de son talent, malheureusement gâchés par un scénariste dont le militantisme lui fait oublier qu'il œuvre dans le divertissement.
Un militantisme si décomplexé qu'il en devient malaisant <rire>.
Fâcheux !
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