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Goldorak [Dorison, Bajram, Cossu, Sentenac, Guillo]

Je ne vous cache pas que l'annonce, il y a 4 ans, d'une bande dessinée racontant une nouvelle aventure de Goldorak m'avait enthousiasmé. Les pages qui ont ensuite circulé n'ont fait que l'augmenter.  
Et puis ça été l'heure de lire album en question.
Si j'étais impatient de me plonger dans l'aventure concoctée par la brochette de talents à l’œuvre, j'étais aussi pressé de lire comment ils avaient fait pour en arriver là.
            La note d'intention a sévèrement douché mon engouement.
Voici ce que j'y ai lu, sous le clavier du co-scénariste Xavier Dorison : « [..] je traiterai de la violence comme étant une conséquence de la peur. ».
Je ne sais pas vous, mais lorsque je pense à la série télévisée, je me rappelle surtout qu'un empire extraterrestre y attaquait la Terre, après avoir asservi la planète Euphor
Essayer de transformer ça en parabole sur la violence qui serait finalement le résultat de la peur (celle d'être envahi et asservi ?), m'a fait sursauter.
Le final de l'histoire proprement dite ne l'a pas dissipé.
Mais le pire n'était pas encore écrit.
            En effet, Xavier Dorison et son équipe se proposent donc dans cette note, d'utiliser l'immigration en tant que, je cite : « le refus de laisser une place à l'autre créé autant de malaise chez celui qui refuse de partager que chez celui qui est rejeté ».
L’immigration est donc juste une question de place, de refus, et de rejet ?
Tout ça s'annonçait assez mal, et ma lecture serait encore pire que ce que à quoi je m'attendais.
            Pour replacer le contexte donc, pendant 74 épisodes télévisés, mais j'en ai sûrement loupé, l'empire de Véga va ravager le Japon en tentant d'envahir la Terre.
C'est sûr que ce type d'immigrants (?), ça donne furieusement envie. Moi j'appelle ça des envahisseurs. Et vous David Vincent, vous en pensez quoi ?
            Et par un tour de passe-passe, assez grotesque et surtout hypocrite sournois, les auteurs vont effectivement aboutir à ..... mais je vous laisse le découvrir. 
Ce qui est certainement déjà fait puisque l'album est sorti en 2021.
Toutefois à la décharge des auteurs, ils ont posé un « fusil de Tchekov » lors de la séquence au Parlement japonais, j'aurais dû me méfier. 
Mais j'y reviendrai, je continue. 
             Je ne résiste pas à vous proposer une case qui donne une idée du niveau de traitement de l'immigration (infra) dans l'album ; s'agissant d'un pays comme le Japon dont la politique sur le sujet est très restrictive (même si récemment le gouvernement nippon a un peu changé les choses). 
Par exemple : « si le Japon a donné un visa de 5 ans à 350 000 travailleurs étranger en 2018, ceux-ci sont pré-sélectionnés avant leur arrivée via des examens et originaires de pays culturellement compatibles (c'est à dire confucéen) tels la Chine ou le Vietnam. »
L'historienne Miho Matsunuma confie : « les japonais croient fondamentalement qu'ils forment un peuple unique et différent, et que leur langue et leur culture resteront impénétrable aux étrangers. ».
On voit que question immigration, le Japon se pose-là !
            Je vous passe aussi les pages sur la Seconde Guerre mondiale, peut-être inspirée par la trêve de Noël de 1914 à la frontière franco-belge, où Rigel raconte qu'il a porté de l'eau aux soldats américains, alors que les deux camps étaient englués chacun dans une tranchée, à égale distance d'un point d'eau. Connaissant le fanatisme des soldats japonais ça semble crédible. Un peu comme si Hirō Onoda s'était rendu en 1945.
Bref, je mets ça sur le compte de la licence poétique ; manquerait plus que les Américains soient décrits sous un bon jour. <sourire>
Reste le plat de résistance, si je puis dire.
            Je rabâche, mais je me dois de recontextualiser l'histoire écrite & dessinée par Dorison, Bajram, Cossu, Sentenac et Guillo, qui s'inspire et termine en quelque sorte, les 74 épisodes du dessin animé : cette histoire, se passe au Japon.
            Dans la scène que vous allez découvrir, un général de la division Ruine (on sent que même le nom de leurs unités militaires sont un appelle à la bienveillance et au pacifisme) s'introduit dans la Chambre des représentants, à Tokyo, non sans avoir auparavant ravagé une bonne partie du Mont Fuji et de Tokyo
Et ce représentant vient donc offrir....... la paix. Non ne riez pas, pas encore.
La paix donc, tout en imposant aux Japonais de quitter leur pays avant 7 jours.
Ça c'est une proposition qui ne se refuse pas.
            Et pour bien se faire comprendre, ce général leur fait une petite leçon d'Histoire en leur parlant de ...... Christophe Colomb. Rappel, nous sommes au Japon et il s'adresse à des Japonais.
Il n'est pas comme Colomb leur dit Yros d'Arkhen, le général qui apporte la paix : « Je ne suis pas là pour massacrer jusqu'au dernier représentant de votre peuple indigène » entendu que le but de Christophe Colomb était de massacrer les « Indiens », jusqu'au dernier.
Écrire des histoires c'est bien, réécrire l'Histoire à l'aune de sa propre idéologie, moins !
Et toujours pour ne pas oublier de quoi on parle, ce n'est pas comme si les Golgoths et autres Antéraks n'avaient pas passé 74 épisodes à massacrer et détruire le Japon.  
Mais continuons
« Ni  pour lui voler l'intégralité de sa planète ou de ses richesses. » 
Pourquoi Colomb a-t-il tenter de rallier les Indes en passant par l'Ouest, avec les risques que cela supposait, compte tenu que le commerce avec les Indes se faisait déjà par voie terrestre, à l'époque via les Ottomans
Mystère et boule de corno-fulgure pour notre équipe de vaillants idéologues (Même si la réponse est dans la question).
Reste à espérer que les lecteurs en savent un peu plus sur l'Histoire, que nos talentueux négationnistes.
            Reste à placer la dernière corne sur un Gorldorak qui n'en demandait pas tant : « Voici le genre de passé dont vous êtes coutumiers et qui a fait votre histoire. ». Christophe Colomb....., et le Japon ? Sans rire ?! Même pas un petit peu ?
C'est vrai que le Japon, puisqu'on en est aux reproches, n'a pas, par exemple, envahi la Chine et créé l'état (fantoche) du Mandchoukouo
Quitte à dire des choses qui fâchent, pourquoi ne pas évoquer le massacre de Nankin ?
            C'est finalement Gō Nagai qui a dû se bidonner en lisant le scénario : « regardez-moi ces gaijins, ils ne connaissent même pas notre Histoire ! Et en plus ils incriminent leurs personnages historiques en faisant preuve d'anachronisme et d'une telle mauvais foi que ça doit être ça ce qu'on appelle l'idéologie. »
             Bon pour être honnête j'ai eu des scrupules à ajouter cette allusion à la théorie dite de « l'espace vital » (dernière case, supra), mais je mets ça sur le compte de l'euphorie de notre équipe à tailler des costard à Christophe Colomb et à  ses descendants symboliques. 
Autrement dit, l'occident.   
            Bon, de ce négationnisme historique mâtiné de bienveillance un peu nunuche, ressort quand même quelques points positifs.
D'abord, je n'ai pas acheté cet album, il s'agit d'un emprunt à la bibliothèque municipale. Ouf !
Et surtout, le fine équipe qui a participé à cet album fort bien dessiné cela dit, ne verra plus jamais un kopeck de ma part, alimenter leurs porte-monnaie. Hors de question de financer ce type d’âneries, pour le dire gentiment.

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