Accéder au contenu principal

ARGO le film

... Comme vous le savez sûrement, le film de Ben Affleck s'inspire d'une mission mise sur pied par la C.I.A et qui a vraiment eu lieu entre la fin de l'année 1979 et le début de 1980.


Parallèlement à ce que l'on a appelé la crise iranienne des otages et qui a duré plus de 400 jours, un autre évènement passé beaucoup plus inaperçu a eu lieu : l'exfiltration de 6 ressortissants américains qui avaient réussi à s'échapper de l'ambassade et qui avaient trouvé refuge auprès de l'ambassadeur du Canada.

Exfiltrer c'est comme avorter, 
on ne veut pas y avoir recours 
mais quand on doit le faire 
on ne le fait pas soi-même.
Tony Mendez  


Mon intérêt pour ce film a surtout été motivé d'une part par l'extravagance du scénario proposé par l'agent de la C.I.A Tony Mendez ; faire croire qu'une équipe de cinéastes canadiens, en l’occurrence les six fugitifs américains, étaient venu faire un repérage à Téhéran en vue de tourner un film de science-fiction et que, ces repérages terminés, ils rentraient chez eux.
Et d'autre part par les éléments utilisés pour accréditer la supercherie.
Le film en question, intitulé Argo, était basé sur un roman de Roger Zelazny ( Seigneur de lumière - 1967) un auteur de science-fiction/fantasy surtout connu pour son cycle Les Princes d'Ambre (10 volumes) et qu'en outre, des dessins de Jack Kirby avaient été utilisés pour rendre encore plus crédible l'opération.
Je peux d'ores et déjà dire que ces deux éléments n’apparaissent pas dans le film : il n'est pas fait mention de Zelazny ni de son roman, on ne cite pas plus Kirby (sauf dans le générique) , et les dessins qui apparaissent dans le film ne sont pas les siens.  
Hormis cette petite déception Argo est un film que j'ai trouvé captivant. Tout d'abord la reconstitution des années 70/80 est parfaite, du moins selon mes souvenirs. J'ai même l'impression que l'éclairage et le grain de l'image ont été travaillés dans ce sens.
À cela s'ajoute le plaisir de découvrir un coin de l’histoire secrète de l'Histoire (celle avec une grande hache aurait dit Georges Perec).  
... Le film peut se découper en trois chapitres : le préambule où l'on voit la prise de l'ambassade U.S, la fuite des otages et les atermoiements de la cellule de crise qui peine à trouver une solution satisfaisante pour exfiltrer. Deuxième partie la mise en place de la mystification. 

Le public cible va détester !
Le public cible ? C'est qui ?
Le public avec des yeux.
John Chambers/Tony Mendez

C'est le segment que je préfère ; John Goodman dans le rôle de John Chambers (célèbre maquilleur connu pour son travail sur les films La Planète des singes) est excellent ; truculent, plein d'esprit. Le duo qu'il forme avec Alan Arkin dans le rôle du producteur Lester Siegel est une belle réussite :

[..]
Aucune importance c'est un film bidon ..
Eh bien moi si je fais un film bidon, 
il devra avoir un succès bidon !
John Chambers/Lester Siegel 

Une fois tous les préparatifs ordonnés, la mission sur le terrain commence : Tony Mendez se rend à Téhéran afin de convaincre ses compatriotes et le cas échéant les exfiltrer. On se retrouve dés lors dans un pur thriller, et qui plus est d'excellente facture.

Bien entendu le film est beaucoup plus fluide que ne pourrait le laisser penser mon découpage.

... En définitive Argo le film de Ben Affleck n'est pas comme Argo le film de Tony Mendez la meilleur mauvaise idée que nous ayons, mais tout son contraire. Là où les deux films se rejoignent c'est dans leur symétrique réussite : d'un côté l'exfiltration des otages en 1980, et plus prosaïquement de nos jours la satisfaction du spectateur.

Pour terminer un petit making-of offert par Europe1 :


Argo con tu fais chier !
    

Commentaires

  1. "Un bon conteur est un bon menteur".

    Vu la bande-annonce hier soir en allant voir James Bond (lui-même une relecture de Jekyll/Hyde et Frankenstein).

    Puis lu tes derniers articles ce matin. tout ça me conforte que c'est fait pour moi, ça.

    RépondreSupprimer
  2. Après une journée bien compliquée, hier, je me suis dit que j'avais mérité un bon film. Me souvenant te ton article, j'ai convaincu ma femme que c'était bien ce film-là et pas un autre qu'il fallait aller voir.

    Bien m'en a pris ! Le casting est formidable. On se croirait dans un film d'époque. La tension est palpable : je suis bon public pour ce genre de scénario mais une chose est sûre, dès le lancement de "l'option Hollywood", j'ai eu les moins moites.

    Ce sentiment d'urgence et de danger ne m'a pas quitté de tout le film, pour ainsi dire. Je n'en dirai pas plus pour ne pas spolier un éventuel lecteur étourdi de sa surprise.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Wheelman [Frank Grillo / Jeremy Rush]

En partie produit, et surtout entièrement cornaqué par War Party™, la société de production de J oe C arnahan & de F rank G rillo, et magistralement interprété par ce dernier ; « Wheelman 2017 » repose sur la règle des 3 unités du théâtre dit classique :  • Unité temps : Une nuit.  • Unité d'action : Une attaque à main armée ne se déroule pas comme prévue.  • Unité de lieu : Une BMW E46  Autrement dit, 98% du film se déroule dans une voiture avec seulement F rank G rillo au volant et à l’écran. Son personnage n'interagit avec l'extérieur quasiment que via un téléphone portable.              Tourné à Boston en seulement 19 jours, pour un budget légèrement supérieur à 5 millions de dollars, « Wheelman » est, au moment des comptes, une péloche dégraissée et bien relevée.  D'entrée de jeu les premières minutes donnent le ton : « l'homme au volant » du titre a été embauché pour être chauffeur lors d'un braquage à main armée. Divorcé, sa fille adolescente, d