Accéder au contenu principal

Frankenstein agent of S.H.A.D.E : épisodes 08-12

L'épisode 8 de Frankenstein agent of S.H.A.D.E qui voit se résoudre le cliffhanger du numéro précédent s'appuie sur l'adage "on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs", mais certains personnages pensent surement que s'ils voient bien les œufs cassés, ils se demandent encore où est l'omelette (selon la fameuse réplique de Panaït Istrati).
On voudra bien se souvenir également que le roman de Mary Shelley s'intitule Frankenstein ou le Prométhée moderne, et que  Frankenstein n'est pas le nom de la créature dans le roman.
Petit aparté ; j'aimerais souligner la clairvoyance de Mary Shelley qui, en faisant de la créature un assemblage de cadavres, fabrique le premier "cadavre exquis" de la littérature : dans une extrapolation de ce qu'entendaient les Surréalistes au travers de ce terme ; et anticipe ainsi l'une des visions actuelles de la technique où est pliés le temps, l'espace et l'actant comme le dit Bruno Latour.

Pour qui justement la technique est un "cadavre exquis".
Ceci étant dit, d'un cadavre exquis l'autre, le Titan Prométhée est ainsi vu depuis Platon, comme celui qui apporte l'innovation technique aux hommes (pour le dire vite).
Coudoyant cet apport technique une question nous taraude plus ou moins dés lors : la fin justifie-t-elle les moyens ?
Le sixième épisode de la série Frankenstein agent of S.H.A.D.E. posait déjà en filigrane cette question.
Et ce 8ème épisode enfonce le clou, si je puis me permettre.
Peut-on concevoir uniquement les moyens comme le domaine du technicien, et la fin comme celui du moraliste ?
C'est l'un des aspects, et non des moindres, de cette série d'action et d'aventures menées tambour battant que de poser la question de la promission (James Gibson) : cet assemblage de promesses que la technique suscite, et de permission qu'autorise ou non la morale.

Par la barbe de Melmoth !


Dans le numéro 9 Frankenstein et Mina font connaissance avec la Nécrose (the Rot), et la série s'inscrit donc dans le crossover avec l'autre série de Lemire Animal Man et celle de Scott Snyder Swamp Thing, mais d'une manière différée puisque le numéro suivant voit l'arrivée d'un nouveau scénariste Matt Kind, et d'un nouvel arc.
Matt Kindt adhère d'entrée de jeu à la politique de son prédécesseur en ce sens qu'il peaufine le décors dans lequel il inscrit son histoire : les villes ne sont pas simplement des villes, il est question du bureau d'un agent de terrain situé dans une zone extra-dimensionnelle : le Quatrième nuage, les agents dormants sont des poètes. 
Bref, dépaysement assuré pour le lecteur avec cette aventure qui lorgne furieusement du côté de l'espionnage. 
D'autant que d'une certaine manière, mais d'une façon plus viscéral pour Frankenstein, un agent secret n'est jamais, au bout du compte, que l'accumulation de légendes (c'est-à-dire de fausses identités) dont il est fait.
Et Frankenstein n'est-il pas justement une accumulation d'identités au travers des parties des cadavres qui le composent ?
Saura-t-il dés lors se montrer meilleurs que la somme de ses parties ?
Sera-t-il plus qu'un numér6 ?
Matt Kind multiplie les références littéraires, qu'il utilise, transformées par le filtre de la science-fiction. 
Et j'avoue que je prise beaucoup cette percolation.
Le scénariste soigne aussi son dispositif narratif, et c'est particulièrement réussi.
Il teinte également l'approche science-fictionesque de son prédécesseur d'une touche de psychanalyse et d'occultisme.
Et à l'instar de ce qui s'est fait durant la guerre du Vietnam par exemple (l'opération Igloo White), Matt Kind montre que la tentative de construire "un champ de bataille électronique", c'est-à-dire une salle de contrôle ou autrement dit de tenter la "conversion du réel en un monde clos de symbole efficace" pour devenir proactif est un fantasme. 
Enfin dans le cas de notre série pas tout à fait. [-_ô].

(À suivre .....)       

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Big Wednesday (John Milius)

Une anecdote circule au sujet du film de J ohn M ilius, alors qu'ils s’apprêtaient à sortir leur film respectif ( La Guerre des Etoiles , Rencontre du Troisième Type et Big Wednesday ) G eorge L ucas, S teven S pielberg et J ohn M ilius  auraient fait un pacte : les bénéfices de leur film seront mis en commun et partagés en trois. Un sacré coup de chance pour M ilius dont le film fit un flop contrairement aux deux autres. Un vrai surfeur ne doit pas se laisser prendre au piège de la célébrité  Un vrai surfeur ne doit pas se sentir couper des siens. Il ne doit pas courir derrière les dollars, ni gagner toutes les compétitions. [..] M idget F arrelly champion du monde de surf 1964  ... Big Wednesday est l'histoire de trois jeunes californiens dont la vie est rythmée par le surf ; on les découvre en pleine adolescence au cours de l'été 1962, et nous les suivrons jusqu'à un certain mercredi de l'été 1974.   L'origine du surf se perd dans la nuit des