Nate Slaughterhouse est le vétéran d’une guerre sanglante menée sur une planète extraterrestre. Déchiqueté, écrasé, brisé puis reconstruit, Nate devient plus une machine qu’un homme : un Mandroid ! Quand Nate revient à Mega-City One, il découvre qu’il est incapable de faire face à sa nouvelle existence […]
... Je ne sais pas si la production de la « culture de masse » a augmenté, par contre je suis persuadé que son accès est beaucoup plus facile aujourd’hui que disons au début des années 1990 du siècle dernier.
La Toile permet de s’affranchir des (anciens) canaux traditionnels de diffusion et du « contrôle » que ceux-ci pouvaient exercer.
Sans parler des frontières et des langues qui ne sont plus qu'un mauvais (?) souvenir.
D’autre part, les individus en charge de produire cette culture dite de masse ou d’en autoriser la production sont plus nombreux aujourd’hui, en outre ce sont des gens qui ont eux-mêmes baignée dedans la majeure partie de leur existence.
Or donc, si la culture de masse n’a pas augmenté (?), du moins est-elle plus largement diffusée.
Corollaire de sa plus large diffusion, elle impose un nombre plus élevé de références qui sont de fait partagées par tous (ou presque), et diminue d’autant plus la chance de lire une histoire totalement originale.
Il est devenu évident du moins pour moi, que ce n’est plus l’art d’un nouvel alphabet que j’attends mais plutôt celui de nouvelles combinaisons de mots anciens, et pour le coup ici de nouvelles combinaisons d’idées sinon anciennes du moins déjà connues.
Je ne suis pas le premier (ni le dernier) à le dire mais nous sommes clairement dans l’ère de la postmodernité.
Cela dit, le recyclage, la parodie, le pastiche (liste non exhaustive) n’ont pas attendu l’ère postmoderne pour entrer en jeu ; mais aujourd’hui, je crois que l’on ne peut plus y échapper.
L’une des conséquences du postmodernisme est que la manière de lire à elle aussi changée.
Lire de nos jours, c’est (pour certains de nous, dont moi) mettre en route un processus encyclopédique qui renvoie à des conventions génériques fondées sur un ensemble intertextuel et architextuel « global ».
Dés lors il y a toujours un « arrière-plan » imaginaire englobant qui dépend du lecteur et de ses compétences génériques mais auquel il ne peut pas échapper.
Par exemple ici, et sans que cela affaiblisse l’histoire, Mandroid me semble être le croisement entre les films Un Justicier dans la ville (et sa philosophie du vigilantism) et Robocop (et son policier cyborg), le tout transposé dans l’univers du magazine britannique 2000AD et plus particulièrement au cœur de Mega-City One.
Ceci étant dit, est-ce que ça marche ?
Eh bien oui, Mandroid est une aventure (auto-contenue) où par ailleurs le Judge Dredd n’apparaît qu’en creux, mais c’est là aussi que l’on voit le tour de main du scénariste John Wagner (et le processus encyclopédique dont je parlais) : Dredd est un personnage à part entière du récit, et sa personnalité est fort bien décrite, donc disais-je une aventure captivante très bien ficelée.
Les personnages ont une épaisseur psychologique comme on dit, et il y en a suffisamment pour que le monde dans lequel ils évoluent prenne lui aussi une consistance suffisant pour favoriser l’immersion du lecteur.
De plus le large cheptel de personnages différents, et leurs interactions permettent de bien comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui se passe, et où ça se passe.
En conclusion si je puis dire, Mandroid est un album à mettre entre les mains de tout lecteur curieux de passer un très bon moment de lecture.
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