Accéder au contenu principal

Secret Identities (Faerber/Joines/Kyriazis/Riley)


Secret Identities 
Coscénaristes : B. Joines & J. Faerber 
Dessinateur : I. Kyriazis 
Coloristes : C. Kirchoff & R. Riley 
Traducteur : P. Touboul 
Lettreurs : F. Urek & Justine 
Derrière chaque masque se cache un secret... 
The Front Line est une équipe de super-héros chargée de maintenir l’ordre et la justice. Mais son destin bascule le jour où elle intègre une nouvelle recrue : Crosswind.   

ATTENTION, quelques effets de texte de mon commentaire©™ sont susceptibles de révéler des éléments importants de l'histoire aux lecteurs les plus perspicaces !!!!!!
__________________________________ 

…. Difficile pour moi d’identifier le moment où a eu lieu une sorte de prise de conscience en ce qui concerne ce qu’on appelle pudiquement (dans le monde réel) les « dommages collatéraux » - lors d’affrontements entre protagonistes et antagonistes - dans la BD d’évasion étasunienne, et plus précisément en ce qui concerne le quadrant de cet univers qui met en scène des super-héros (ou assimilés). 

Toutefois, je ne serais pas étonné d’apprendre que c’est chez l’éditeur Marvel que cela a eu lieu pour la première fois. Et pour tout dire, l’exemple qui me vient immédiatement en tête, est en l’occurrence la mort du capitaine Stacy

Ce qui ne serait d’ailleurs guère étonnant, tant Marvel a eu quelques fulgurances intuitives géniales en intégrant le zeitgeist des années 1960 à ses histoires, pour donner naissance à des héros à problèmes et des équipes dysfonctionnelles qui ont fait le succès de l’éditeur. 
Une petite (r)évolution dont nous savourons encore les fruits. 

Et Jay Faerber fait partie de ces scénaristes qui utilisent comme personne le genius loci de la Maison des Idées, celui qui l’animait justement durant les années 1960.
…. Il va sans dire que la vengeance est un ressort dramatique qui articule depuis longtemps le divertissement de masse (pour ne parler que de ce domaine), et cela dès la préhistoire du genre dont il est question ici.
En effet, je suis de ceux qui pensent que le film Naissance d’une Nation de D.W. Griffith est une des pierres angulaires qui donnera naissance aux super-héros, en inscrivant dans l’imaginaire collectif américain, l’un de ses schémas actanciels les plus prisés ; à savoir la vengeance mais aussi : l'identité secrète.

Mais la vengeance n’est pas qu’un algorithme destiné à engendrer des justiciers, des super-héros, ou encore des dieux qui arpenteront les coursives de la culture populaire afin de rendre gorge aux vilains de tout poil. Elle est aussi capable de produire ces derniers.

…. C’est donc nanti de ces ingrédients de base, non comme point de départ mais comme horizon, que Jay Faerber, associé à Brian Joines pour l’occasion, s’attaque à la rédaction du scénario des sept numéros de Secret Identities publiés en son temps par Image Comics et aujourd’hui, de ce côté-ci de l’Atlantique, par Glénat Comics.

Hommes de leur temps, les deux compères n’oublient pas d’injecter dans leur équipe de super-héros au nom programmatique – Front Line - quelques éléments nouveaux comme : un meilleur équilibre homme/femme, un leadership féminin, des membres de ce qu’on appelle aux U.S.A. les « minorités » à des postes clefs (aussi bien chez les encapés que dans la société civile), bref un genius loci marvelien certes, mais « 2.0 » (si je puis dire).
Même Alan Moore ne peut échapper à la Front Line
…. Dessinée de main de maître par Ilias Kyriasiz et colorisée tout aussi talentueusement par Charlie Kirchoff & Ron Riley la mini-série tient toutes les promesses qu’un lecteur (même aguerri) est en droit d’attendre d’elle : force de frappe spectaculaire, humour, talon d’Achille et blessure secrète, rebondissements et coup de Jarnac, bref toute la panoplie disponible aux rayons du prêt-à-rêver du divertissement de masse (certes mais de qualité). 
Et n’en déplaise aux plus blasés, Secret Identities contient un certain niveau sinon d’originalité, du moins d’exotisme, dans la manière de cuisiner des recettes dramatiques tombées depuis longtemps dans le domaine public de l’imaginaire collectif. 

Si la fin m’a parue toute à fait satisfaisante (et elle l'est croyez-moi), il n’en demeure pas moins qu’un sentiment de gaspillage persiste une fois l'histoire terminée, tant les auteurs semblent n’avoir fait qu’ébaucher les idées qu’ils avaient en tête (ce que confirme par ailleurs un petit texte des scénaristes dans le dernier numéro publié par Image Comics au pays de l'Oncle Sam). 

Et c’est bien dommage, vu le potentiel entraperçu !

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Big Wednesday (John Milius)

Une anecdote circule au sujet du film de J ohn M ilius, alors qu'ils s’apprêtaient à sortir leur film respectif ( La Guerre des Etoiles , Rencontre du Troisième Type et Big Wednesday ) G eorge L ucas, S teven S pielberg et J ohn M ilius  auraient fait un pacte : les bénéfices de leur film seront mis en commun et partagés en trois. Un sacré coup de chance pour M ilius dont le film fit un flop contrairement aux deux autres. Un vrai surfeur ne doit pas se laisser prendre au piège de la célébrité  Un vrai surfeur ne doit pas se sentir couper des siens. Il ne doit pas courir derrière les dollars, ni gagner toutes les compétitions. [..] M idget F arrelly champion du monde de surf 1964  ... Big Wednesday est l'histoire de trois jeunes californiens dont la vie est rythmée par le surf ; on les découvre en pleine adolescence au cours de l'été 1962, et nous les suivrons jusqu'à un certain mercredi de l'été 1974.   L'origine du surf se perd dans la nuit des