Accéder au contenu principal

Sidekick T.01 & 02 (J. Michael Straczynski/Tom Mandrake)

…. Il me semble que la manière la plus simple d’envisager la présence d’un sidekick (faire-valoir/partenaire) adolescent auprès d’un super-héros adulte est de le voir comme un moyen d’identification pour les plus jeunes lecteurs. Dans le cas de Batman – et cet exemple n’est pas choisi au hasard - on s’accorde pour y voir aussi une manière d’atténuer l’aspect assez sombre des aventures du Dark Knight vers lequel il tendait au début du Golden Age

…. Dans le premier numéro de Sidekick publié aux U.S.A., le scénariste de la série J. Michael Straczynski (abrégé en JMS), déclare sans ambages qu’il les déteste pour la simple et bonne raison que si quelqu’un comme Batman le poussait à grandir lorsqu’il avait 13 ans, son partenaire Robin - approximativement du même âge que JMS à l’époque - lui faisait bien sentir qu’il était capable de faire des choses que lui ne pouvait pas (et ne pourrait jamais) faire au même âge. 
Si Batman pouvait apparaître comme un idéal à atteindre (même si en définitive il demeurerait inaccessible), Robin au contraire lui faisait bien sentir sa médiocrité.
Une analyse pour le moins inédite de la place de ce type de personnage dans l’imaginaire. 

Mais c’est aussi pour ça que j’aime JMS, il a des idées et envisage des perspectives qui ne sont pas les miennes. 
Et c’est encore le cas ici. 
Les douze numéros de la série sont donc une sorte de revanche sur tous les sidekicks (Robin, Speedy, Bucky, Kid Flash, Rick Jones ….) qui lui ont empoisonné l’existence. 

Et le moins qu’on puisse dire c’est que la note est salée.
…. Un peu trop à mon goût, même si j’ai trouvé la conclusion de cette histoire très inattendue. 

S’il me paraît difficile de faire pire en matière de « descente aux enfers », il est indéniable que le dessinateur Tom Mandrake était sur la même longueur d’onde que son scénariste, et qu’il ne s’agissait pas ici de suggérer mais bien de montrer. 
Et le résultat n’est peut être pas à mettre entre toutes les mains. 

…. À l’aune de ces 12 numéros, compilés en deux recueils chez Delcourt (traduits par Nick Meylaender et lettrés par Moscow*Eye), j’en déduis que J. Michael Straczynski a la rancune tenace, et que les sidekicks lui ont salement pourri l’existence à un moment donné de sa vie (si tant est que l’anecdote ne soit pas apocryphe). 
Cela dit JMS semble aussi régler ses comptes avec les super-héros qui ont « adopté » un jeune partenaire, mais aussi avec une partie du lectorat qui pardonne tout à leur protecteur du moment qu’il le reste. 

Bref, personne ne sort indemne de ce règlement de compte, qui sonne aussi comme un solde de tout compte, surtout depuis que J. Michael Straczynski a annoncé son retrait de ce quadrant de la culture de masse. 

Est-ce que ça valait pour autant le coup de nous faire partager cette rancune ?
Mais surtout est-ce que ça vaut le coup de la partager ? 

Rien n’est moins sûr.

Commentaires

  1. J'ai adoré ces dégringolades savonneuses.
    Très fatalité roman noir, sans compromis.
    Enfin un comic cynique, désespéré sans fioriture et grosses caisses.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Le KU KLUX KLAN (3)

... Quelque soit son véritable poids idéologique ou même politique aujourd'hui, le Ku Klux Klan a déteint sur la culture de masse ; qui n'a pas entendu parler de la célèbre marque de cigarettes  Marlboro et des trois "K" présents sur son paquet, d'un homme qui en regarde un autre pendu (dont on ne verrait que les jambes), et sur la troisième image : la silhouette d'un Klansman ...  (liste non-exhaustive) . Marlboro n'est d'ailleurs pas la seule marque de cigarettes à avoir eu droit à des investigations sur la signification du design de son paquet de cigarette, Camel aussi. Dés les débuts du Klan , le bruit court que ces cavaliers "surgis hors de la nuit" sont les fantômes des soldats Confédérés morts au combat, des soldats qui ayant vendu leur âme au Diable sont de retour ici-bas et annoncent l'Apocalypse. Le nom même du groupuscule a longtemps était entendu comme le bruit que fait la culasse d'un fusil lorsqu'on l...

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'...

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" (...