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Incognegro (Mat Johnson/Warren Pleece) Vertigo

« Je cherche à trouver les mots justes pour raconter une histoire. Ensuite, ces mots peuvent permettre d’exprimer quelque chose sur la race, ou sur l’Amérique. Et peut-être amener mes lecteurs à y réfléchir à leur tout. »  
Colson Whitehead (auteur notamment de « Underground Railroad »)

…. Quand bien même Incognegro est-il un ouvrage qui prend position, Mat Johnson n’oublie pas que la collection Vertigo – aussi sophistiquée soit-elle – propose, avant tout, des histoires.
Il ne s’agit donc pas ici d’un essai mais bien d’une fiction qui use des ressorts qu’on en attend. 

Parue sous la forme d’un graphic novel, autrement dit d’un album de bande dessinée publié d’un seul tenant, par opposition aux fascicules périodiques, système de ventes encore dominant aux U.S.A, il s’inspire de la propre imagination du scénariste, de ses propres enfants et de l’exemple de Walter Francis White.

L’Incognegro du titre est un journaliste d’investigation qui écrit – sous pseudonyme – dans les années 1930. Il use d’une particularité physiologique pour enquêter dans un domaine pour le moins sordide : la pendaison d’individus, dont le seul crime est - souvent uniquement - d’être d’une « couleur » différente de celle de leurs lyncheurs. 

Instantanée d’une époque sous couvert d’un whodunit, Mat Johnson consolide son récit avec des personnages complexes et travaillés. Malgré la gravité de son sujet, une fiction basée sur des événements qui ont réellement eu lieu mais dans des contextes différents, il réussit néanmoins à y injecter une petite, mais salutaire, dose de comédie.
D'abord envisagé en "niveaux de gris", Warren Pleece optera pour un N&B contrasté
…. Choix judicieux, à plus d’une titre, d’un noir & blanc contrasté, intelligence du découpage, expressivité des visages (qui n’a rien de fortuite), rien ne manque à Warren Pleece pour faire d’Incognegro, dont la sobriété et l’absence d’effets pour eux seuls, un moment de lecture immersif, aussi distrayant que stimulant.

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L'année prochaine, en 2018, paraîtra chez l'éditeur Dark Horse et sous l'égide de Karen Berger, grande prêtresse des destinées de Vertigo pendant longtemps et qui revient donc aux affaires, une prequel à l'album dont il a été question ici. (En plus d'autres titres tout aussi prometteurs sous le label « Berger Book »).

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