…. Parlant du tome précédent+, j’avançais une théorie : les membres de l’Unité des Contaminations Culturelles Croisées étaient les « spectres » d’importants personnages de la culture populaire britannique. Pour reprendre une terminologie inspirée des travaux de Jacques Derrida (ici Spectres de Marx), d’ailleurs invité dans ce deuxième tome (ce qui tendrait donc à avaliser ma théorie) par Warren Ellis & Declan Shalvey.
Ainsi avais-je apparié Maria Kilride au Pr. Quatermass, Simon Winters à James Bond (depuis j’ai lu que Warren Ellis disait que le prochain James Bond devrait être incarné par l’acteur Idriss Elba, CQFD), et Vivek Headland – autour duquel tourne le présent volume de la série – à Sherlock Holmes. Le scénariste s’y permet d’ailleurs une allusion à l’affaire dite du « Rat géant de Sumatra », cité par Arthur Conan Doyle lui-même, au travers de l'élègant « phacochère cyclopéen de Sumatra ».
Robin Morel, archétype si j’ose dire du « détective occulte », serait selon Ellis le spectre (sic) de Thomas Carnacky (inventé par William Hope Hodgson). J’avais proposé pour ma part John Silence, mais en effet Carnacky fonctionne très bien (forcément).
Me restait un doute sur Brigid Roth l’enfailleuse (ou hacker) de l‘unité, dans la mesure où elle évoquait, et évoque toujours à mon avis, la Lisbeth Salander de Stieg Larsson. Un personnage que le créateur de Jenny Sparks et de Spider Jerusalem aurait certainement été heureux d’inventer lui-même. Mais un tel choix aurait entamé mon idée de «quintet britannique ».
Depuis j’ai lu que Brigid serait d’après Warren Ellis (voir son bulletin d’information Orbital Operations) le pendant spectral du Doctor Who. Un rapprochement plutôt étonnant, que rien ne laissait présager.
À tel point que ce deuxième tome de la série en fait un peu trop à mon goût dans cette direction.
Mais pourquoi pas !?
…. Ceci étant, revenons à ce deuxième opus (qui contient les numéros 6 à 10, parus entre janvier et juin 2016, de l’édition américaine). Lequel se polarise donc sur Vivek Headland, un Sherlock Holmes – pour qui soit dit en passant, les injections n’ont rien de virtuelles – à la sauce Ellis, et pour qui les choix culinaires seront –justement – un met de choix. En effet le whodunit, autrement dit en bon français le kilafé, dans lequel nous sommes entraînés, et qui en respecte la sacro-sainte règle de réunir tout le monde, à la fin de l’histoire, pour désigner le coupable, tourne notamment autour d’un jambon d’un cru particulier.
Notons immédiatement, qu’un paradigme cynégétique meut à la fois le lecteur et le détective, en tant que dans ce type d’histoire – dont l’implicite n’est pas loin du volume immergé d’un iceberg - il est aussi à l’affût d’indices lui permettant de donner un sens plus large qu’une lecture au premier degré le lui permet. Genre de détective littéraire, entre déchiffrement & défrichement.
Du côté de l'explicite, l'impression de lire un Warren Ellis en très petite forme ne se dément pas d'un bout à l'autre de l'enquête. À croire qu'il ne sait plus trop quoi faire de son Injection (je parle de l'opération menée par l'UCCC) ; idée brillante mais particulièrement difficile à manipuler.
Alors que l'unité en question devrait être sur plusieurs fronts, situation qui devrait se traduire par un papillonnage en règle d'intrigues secondaires, elle dilapide son temps à jouer à Pôle Emploi™ , pendant que le scénario met en scène un remake d'Elementary.
.... Pourtant la série repose sur une idée comme je les aime, une sorte de Club des Cinq™ à la Carolyn Wells+. Et sur une très bonne idée de SF, en tant qu'elle est en quelque sorte une définition d'elle-même : vouloir précipiter le futur.
Las ! ce deuxième tome donne surtout envie d'avoir recours à une solution à 7%, pour tromper - comme le fameux détective - son ennui.
.... Reste un très beau travail de Declan Shalvey et de la coloriste Jordie Bellaire, qui par ailleurs travaillent dans le même atelier, en terme d'ambiance. Laquelle donne des indications tellement précises sur les états d'âme des protagonistes, et sur les situations qu'ils affrontent, qu'elle devient quasi l'équivalent de récitatifs ou d'une voix off.
_____________
• À noter un beau travail de l'éditeur Urban Comics, qui dote son édition de deux pages de récapitulatif, absente de l'édition originale, et surtout très dans l'esprit de la série elle-même. Un travail que l'on doit certainement à Cécile Rivat (adaptation graphique), au lettreur Moscow*Eye, et au traducteur de l'album, l'ami Nikolavitch. Seul reproche, un fond perdu absent ou presque, qui limite l'ouverture du livre : 14 € (prix unique du livre oblige).
Ainsi avais-je apparié Maria Kilride au Pr. Quatermass, Simon Winters à James Bond (depuis j’ai lu que Warren Ellis disait que le prochain James Bond devrait être incarné par l’acteur Idriss Elba, CQFD), et Vivek Headland – autour duquel tourne le présent volume de la série – à Sherlock Holmes. Le scénariste s’y permet d’ailleurs une allusion à l’affaire dite du « Rat géant de Sumatra », cité par Arthur Conan Doyle lui-même, au travers de l'élègant « phacochère cyclopéen de Sumatra ».
Robin Morel, archétype si j’ose dire du « détective occulte », serait selon Ellis le spectre (sic) de Thomas Carnacky (inventé par William Hope Hodgson). J’avais proposé pour ma part John Silence, mais en effet Carnacky fonctionne très bien (forcément).
Me restait un doute sur Brigid Roth l’enfailleuse (ou hacker) de l‘unité, dans la mesure où elle évoquait, et évoque toujours à mon avis, la Lisbeth Salander de Stieg Larsson. Un personnage que le créateur de Jenny Sparks et de Spider Jerusalem aurait certainement été heureux d’inventer lui-même. Mais un tel choix aurait entamé mon idée de «quintet britannique ».
Depuis j’ai lu que Brigid serait d’après Warren Ellis (voir son bulletin d’information Orbital Operations) le pendant spectral du Doctor Who. Un rapprochement plutôt étonnant, que rien ne laissait présager.
À tel point que ce deuxième tome de la série en fait un peu trop à mon goût dans cette direction.
Mais pourquoi pas !?
…. Ceci étant, revenons à ce deuxième opus (qui contient les numéros 6 à 10, parus entre janvier et juin 2016, de l’édition américaine). Lequel se polarise donc sur Vivek Headland, un Sherlock Holmes – pour qui soit dit en passant, les injections n’ont rien de virtuelles – à la sauce Ellis, et pour qui les choix culinaires seront –justement – un met de choix. En effet le whodunit, autrement dit en bon français le kilafé, dans lequel nous sommes entraînés, et qui en respecte la sacro-sainte règle de réunir tout le monde, à la fin de l’histoire, pour désigner le coupable, tourne notamment autour d’un jambon d’un cru particulier.
Notons immédiatement, qu’un paradigme cynégétique meut à la fois le lecteur et le détective, en tant que dans ce type d’histoire – dont l’implicite n’est pas loin du volume immergé d’un iceberg - il est aussi à l’affût d’indices lui permettant de donner un sens plus large qu’une lecture au premier degré le lui permet. Genre de détective littéraire, entre déchiffrement & défrichement.
Du côté de l'explicite, l'impression de lire un Warren Ellis en très petite forme ne se dément pas d'un bout à l'autre de l'enquête. À croire qu'il ne sait plus trop quoi faire de son Injection (je parle de l'opération menée par l'UCCC) ; idée brillante mais particulièrement difficile à manipuler.
Alors que l'unité en question devrait être sur plusieurs fronts, situation qui devrait se traduire par un papillonnage en règle d'intrigues secondaires, elle dilapide son temps à jouer à Pôle Emploi™ , pendant que le scénario met en scène un remake d'Elementary.
.... Pourtant la série repose sur une idée comme je les aime, une sorte de Club des Cinq™ à la Carolyn Wells+. Et sur une très bonne idée de SF, en tant qu'elle est en quelque sorte une définition d'elle-même : vouloir précipiter le futur.
Las ! ce deuxième tome donne surtout envie d'avoir recours à une solution à 7%, pour tromper - comme le fameux détective - son ennui.
.... Reste un très beau travail de Declan Shalvey et de la coloriste Jordie Bellaire, qui par ailleurs travaillent dans le même atelier, en terme d'ambiance. Laquelle donne des indications tellement précises sur les états d'âme des protagonistes, et sur les situations qu'ils affrontent, qu'elle devient quasi l'équivalent de récitatifs ou d'une voix off.
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• À noter un beau travail de l'éditeur Urban Comics, qui dote son édition de deux pages de récapitulatif, absente de l'édition originale, et surtout très dans l'esprit de la série elle-même. Un travail que l'on doit certainement à Cécile Rivat (adaptation graphique), au lettreur Moscow*Eye, et au traducteur de l'album, l'ami Nikolavitch. Seul reproche, un fond perdu absent ou presque, qui limite l'ouverture du livre : 14 € (prix unique du livre oblige).
C'est un peu comme avec Matrix : le 2 fait regretter le 1, et le 3 le 2.
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