Bryan Edward Hill, scénariste de bande dessinée et script doctor, propose une théorie que je partage (sic).
Idéalement dit-il, dans un récit de (mauvais) genre « vous vous ne devriez pas avoir besoin du monstre, du voleur, du robot, etc. pour que votre conflit dramatique tienne la route. » Il doit y avoir, précise-t-il, un sérieux conflit dramatique avant même que ne soit introduit l'élément qui fera du récit en question un film de Sf, un roman de Fantasy ou que sais-je encore.
Pour étayer ses propos, il donne quelques exemples :
• Die Hard parle selon lui d'un mariage dysfonctionnel causé par un déséquilibre dans la réussite professionnelle des McClane, accentué par leur éloignement géographique. John McClane pourrait être le protagoniste d'un drame sur la nécessité de changer personnellement s'il veut faire fonctionner son couple - sauf qu'ici, le bad guy Hans se pointe, et nous voilà dans un film d'action.
• L'Exorciste raconte l'histoire d'une enfant qui souffre des conséquences du divorce de ses parents, et d'un prêtre qui fait face aux doutes qui minent sa foi en Dieu, en lien avec sa mère malade.
• Robocop c'est l'histoire d'un bon flic transféré dans commissariat gangréné par la corruption et l'autoritarisme, et de sa lutte pour conserver son éthique. En gros, c'est Serpico jusqu'à ce qu'Alex Murphy soit pulvérisé et transformé en cyborg.
Ceci étant dit, si on applique scrupuleusement la grille de lecture de Bryan Edward Hill à « Frère Termite », le roman de Patricia Anthony pourrait donc être résumé à une relation conjugale secrète construite sur un viol, où le protagoniste masculin est un occupant du pays où est née sa « partenaire ». Ce dernier est du reste, un personnage important du gouvernement dudit pays. Sa victime aussi.
Sauf que le protagoniste en question est ici un extra-terrestre.
C'est la lecture d'un entretien avec John Sayles (in Mad Movies n°353) qui m'a remis en mémoire ce roman, que j'avais lu en 1999 au moment de sa sortie en France.
Si j'avais tout oublié du récit proprement dit, je gardais toutefois le souvenir d'un très bon roman. Et sa relecture ne m'a pas détrompé.
« Frère Termite » est au final une histoire dont j'ai plaisir à partager l'agréable moment de lecture qu'elle pourra procurer à d'autres.
Un roman dont la publication, discrète à l'époque, n'a donc pas bénéficié de la sortie du film sur lequel travaillait John Sayles pour la société de production de John Cameron, et sur laquelle comptait sûrement Pocket™.
Mais que cela ne vous empêche d'y jeter un œil, vous risquez de tomber sous le charme vous aussi !
Je confirme. Lu il y a quelques années avec beaucoup de plaisir. Dommage que Patricia Anthony n'ait pas été plus traduit.
RépondreSupprimerEt je ne connaissais pas cette théorie narrative du conflit pré-existant, mais c'est frappé du coin du bon sens.
Oui dommage, cette histoire était pourtant très prometteuse.
SupprimerEt sinon, j'ai vu ta contribution du Babelio© [https://www.babelio.com/livres/Anthony-Frere-termite/113401].