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L'Homme surnuméraire [Patrice Jean]

C’est à une « mammographie », pour emprunter un terme à la théorie que développe l’un des personnages du roman, que nous invite Patrice Jean. 
Toutefois, à l’inverse du médecin radiologue, figure du savant, l'auteur n’offre pas un savoir objectif, froid, rationnel, mais une lecture particulière de la société ; passionnée et passionnante. 
L'acuité de son roman, n’a cependant rien à envier à la  tomosynthèse du spécialiste.    
            Patrice Jean y épingle cette soif de pureté que quelques-uns & quelques-unes érigent depuis quelque temps en absolu. Une prise d'otages moralisatrice où, pour montrer patte blanche (sic), on doit constamment s’indigner.
Une société de la transparence où tout est passé à la loupe de la moraline, où la présomption d’innocence des tribunaux populaires a depuis longtemps fait ses valises. Où, plutôt que débattre, on anathèmise celui qui n’est pas d’accord avec notre opinion. Dans le meilleur des cas. 
Rien ne résiste à ce qu’il faut bien appeler le « politiquement correct ». 
Ni la réécriture des titres de romans (Les dix petits nègres), ni leur réécriture (Le club des cinq). Pas plus que l’infantilisation. 
Laquelle promeut moult « avertissements » en forme de trigger warning en préambule de telle ou telle œuvre (au hasard Autant en emporte le vent). Quand ce n’est pas, plus simplement, un autodafé d’album de bandes dessinées. Mais « pas d’amalgame ». 
Comme toutes les révolutions culturelles cette lame de fond ne se contente pas de constater, elle cherche tous les biais possibles pour augmenter son emprise. 
Ainsi, dernièrement, les romans de la série Harry Potter ont-ils fait l’objet d’une « enquête » pour grossophobie, par une mère de famille.
Pour ne citer que quelques exemples qui me viennent à l'esprit.
            Mais là où j’énumère, Patrice Jean écrit. 
Il insuffle toute la vitalité nécessaire à ses personnages, lesquels forment qui une famille, qui un couple, qui une entreprise, bref toute une théorie de personnages, lesquels ne sont fort heureusement pas frappés d’une pensée unique. Inutile en effet d'accabler la censure et l'autocensure du politiquement correct, pour qu'il montre son totalitarisme à qui n'est pas encore contaminé.  
Son propos n'est d'ailleurs pas de stigmatiser, comme je le fais en livrant des exemples factuels, au contraire, il construit lentement mais sûrement un instantané plus vrai que nature mais totalement imaginaire de notre société. 
Ambitieux, « L'Homme surnuméraire2017 » use d'une mise en abyme qui n'a pas que pour effet d'un être un.
            Roman ludique et glaçant, ce roman discret et « prophétique » de presque 300 pages m'a captivé de bout en bout. Un tour de force en soi, tant je ne prise guère d'ordinaire la littérature « blanche ».
Chapeau l'artiste !  

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