L’inspecteur Richard Kemp enquête sur un meurtre, dont d’étranges similitudes lui rappellent le “Perce-oreille”, un tueur en série qu’il a traqué en vain au début de carrière. Mais un événement mystérieux le renvoie vingt ans en arrière, en mai 1989, à la veille du premier meurtre commis par le Perce-oreille, Kemp s’efforce alors d’empêcher les meurtres d’avoir lieu. Mais un jeune flic ambitieux lui complique la tâche, un jeune inspecteur qui n’est autre que… lui-même avec vingt ans de moins.
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... L'expérience est un peigne que nous donne la vie quand on est devenu chauve disait fort justement Bernard Blier, Richard Kemp va d'une certaine manière recevoir son peigne avant d'en arriver là.
Si le paradoxe temporel est un motif structurant de L'Autre vie de Richard Kemp, il agit en éminence grise. Et en agent discret, efface les défis logiques qu'il pourrait induire et dont aucune histoire ne peut sortir indemne, bien au contraire.
Ce faisant, la force du récit, ses enjeux, le travail subtil sur les variations des décors (entre passé et présent), le jeu des comédiens, la réalisation corrigent avec beaucoup de brio la dissonance cognitive que produit un tel procédé, le voyage dans le Temps, et permet à la suspension volontaire d'incrédulité du spectateur d'agir à plein régime et sans contrainte. Richard Kemp est en ce sens comme le spectateur : face à cette rupture de l'ordre reconnu, à cette irruption de l'inadmissible il adopte en quelque sorte la doublepensée inventée par George Orwell (1984) en acceptant simultanément deux points de vue opposés et se lance à corps perdu dans une course contre la montre.
L'Autre vie de Richard Kemp s'inscrit à l'instar du célèbre roman d'Agatha Christie (Le Meurtre de Roger Ackroyd) dans une subversion des règles du genre (le roman policier) qu'avait en son temps édicté S.S. Van Dyne.
Ici l'un des protagonistes connaît avant le tueur lui-même les victimes. Néanmoins, pierre d'achoppement de son action, il n'a aucune existence légale dans ce passé puisqu'il est le futur de l'un des acteurs principaux de l'enquête. En outre il va s'apercevoir que si l'ordre existe, le désordre persiste ; et que modifier le temps n'est pas sans conséquence.
L'une d'entre elles n'est rien de moins que la peur, cette émotion du possible selon Jean Delumeau, non pas tant celle de Richard Kemp que celle du spectateur. Et cette peur va innerver avec beaucoup de vigueur le suspense; le plus sûr moyen de soutenir l'attention du spectateur selon Hitchcock qui s'y connaissait.
Car l'une des forces du film est l'empathie que l'on ressent à l'égard de Kemp et d'Hélène Bastille, la seule personne au courant de son existence et de son voyage temporel ; tout deux plongés dans un enchaînement de situations qui rapidement leur échappe.
Et si L'Autre vie de Richard Kemp est un thriller particulièrement efficace grâce à un suspense savamment entretenu, c'est aussi une très belle histoire romantique au sujet d'une rencontre que le Temps s'ingénie à la fois à contrecarrer et à rejouer. Il y a d'ailleurs une formidable articulation autour d'Hélène Batistelli et les différentes lignes temporelles liées au paradoxe d'un voyage dans cette dimension.
... L'Autre vie de Richard Kemp m'a fait penser rétrospectivement (comme il se doit) au film de Chris Maker La Jetée, pas d'un point de vue formel, entendons nous bien, mais sous l'angle poétique. Un "parrainage" plutôt de bon aloi de mon point de vue.
Si L'Autre vie de Richard Kemp est un film à voir absolument, Germinal Alvarez son réalisateur est un auteur à suivre. Indéniablement.
Si le paradoxe temporel est un motif structurant de L'Autre vie de Richard Kemp, il agit en éminence grise. Et en agent discret, efface les défis logiques qu'il pourrait induire et dont aucune histoire ne peut sortir indemne, bien au contraire.
Ce faisant, la force du récit, ses enjeux, le travail subtil sur les variations des décors (entre passé et présent), le jeu des comédiens, la réalisation corrigent avec beaucoup de brio la dissonance cognitive que produit un tel procédé, le voyage dans le Temps, et permet à la suspension volontaire d'incrédulité du spectateur d'agir à plein régime et sans contrainte. Richard Kemp est en ce sens comme le spectateur : face à cette rupture de l'ordre reconnu, à cette irruption de l'inadmissible il adopte en quelque sorte la doublepensée inventée par George Orwell (1984) en acceptant simultanément deux points de vue opposés et se lance à corps perdu dans une course contre la montre.
L'Autre vie de Richard Kemp s'inscrit à l'instar du célèbre roman d'Agatha Christie (Le Meurtre de Roger Ackroyd) dans une subversion des règles du genre (le roman policier) qu'avait en son temps édicté S.S. Van Dyne.
Ici l'un des protagonistes connaît avant le tueur lui-même les victimes. Néanmoins, pierre d'achoppement de son action, il n'a aucune existence légale dans ce passé puisqu'il est le futur de l'un des acteurs principaux de l'enquête. En outre il va s'apercevoir que si l'ordre existe, le désordre persiste ; et que modifier le temps n'est pas sans conséquence.
L'une d'entre elles n'est rien de moins que la peur, cette émotion du possible selon Jean Delumeau, non pas tant celle de Richard Kemp que celle du spectateur. Et cette peur va innerver avec beaucoup de vigueur le suspense; le plus sûr moyen de soutenir l'attention du spectateur selon Hitchcock qui s'y connaissait.
Car l'une des forces du film est l'empathie que l'on ressent à l'égard de Kemp et d'Hélène Bastille, la seule personne au courant de son existence et de son voyage temporel ; tout deux plongés dans un enchaînement de situations qui rapidement leur échappe.
Et si L'Autre vie de Richard Kemp est un thriller particulièrement efficace grâce à un suspense savamment entretenu, c'est aussi une très belle histoire romantique au sujet d'une rencontre que le Temps s'ingénie à la fois à contrecarrer et à rejouer. Il y a d'ailleurs une formidable articulation autour d'Hélène Batistelli et les différentes lignes temporelles liées au paradoxe d'un voyage dans cette dimension.
... L'Autre vie de Richard Kemp m'a fait penser rétrospectivement (comme il se doit) au film de Chris Maker La Jetée, pas d'un point de vue formel, entendons nous bien, mais sous l'angle poétique. Un "parrainage" plutôt de bon aloi de mon point de vue.
Si L'Autre vie de Richard Kemp est un film à voir absolument, Germinal Alvarez son réalisateur est un auteur à suivre. Indéniablement.
Voilà un billet qui remplit parfaitement son office, c'est-à-dire qui donne une furieuse envie de voir le film.
RépondreSupprimerEt si en plus tu cites "La Jetée" et "Le Meurtre de Roger Acroyd", je suis d'autant plus convaincu !
Merci, et tant mieux. [-_ô]
SupprimerPour les parisiens, PLANETE MARKER à Beaubourg à partir du 16 octobre... chic chic !
RépondreSupprimerUn coffret DVD sort aussi en même temps avec le fabuleux "Level Five", entre autres...
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