Alors qu’il rejoint son ami Alex, la voiture de Richard Bone tombe en panne dans une ruelle. Heureusement, un véhicule s’est arrêté quelques mètres avant le sien ; un homme sort sous la pluie puis remonte dans sa voiture. Bone tente d'arrêter son véhicule pour lui demander de l’aide, mais sans succès.
Le lendemain la police l’arrête, il est le premier suspect dans une affaire de meurtre : on a retrouvé à proximité de son véhicule le corps d’une jeune fille dans une poubelle.
Il sera rapidement innocenté.
Néanmoins, la situation va prendre une tournure pour le moins étrange.
Le lendemain du meurtre, alors qu’il assiste avec son copain Alex à un défilé historico-folklorique Bone en voyant un cavalier passer avec la parade s’exclame spontanément : « c’est lui ! ».
Il croit reconnaître en un magnat du pétrole, l’homme qui était au volant de la voiture qui s’est arrêté dans la ruelle du meurtre.
Puis il se rétracte, mais pour Alex il est clair que cet homme est le coupable.
À partir de cet instant Alex, vétéran du Vietnam qui porte les stigmates de cette guerre dans sa chaire : il est borgne, manchot et unijambiste ; et dans sa tête ça ne va pas beaucoup mieux, donc cet homme animé de ce qui apparaît être un très fort comportement autodestructeur (voire destructeur) va s’ingénier à trouver des éléments qui penchent en faveur de la culpabilité de ce ponte de l'industrie pétrolière.
Ce qui fait l’intérêt de Cutter’s Way d'Ivan Passer c’est d’une part l’interprétation des trois premiers rôles : Richard Bones alias Jeff Bridges excellent, Alex Cutter interprété de façon magistrale par John Heard et enfin Lisa Eichhorn dans le rôle de l’épouse d’Alex, Maureen « Mo » Cutter.
Parallèlement à cette interprétation de très haut niveau, l’intérêt réside aussi dans l’ambiance générale du film.
À aucun moment le spectateur ne voit l’homme qui sort de la voiture et qui est sensé avoir tué la jeune fille, tout le récit de cette « enquête » est dés lors basé sur les idées et la détermination d’Alex.
Ce qui donne une ambiance entre paranoïa et folie. Une atmosphère que je qualifierai d’inquiétante étrangeté.
Cette expression doit être entendue ici comme la sensation que quelque chose dépasse le « héros » (Richard Bone) et le spectateur, une situation où un autre (Alex Cutter ?) impose sa volonté – tantôt ressenti comme de la clairvoyance, tantôt comme l’extrémité d’une volonté autodestructrice - insinuant l’angoisse, le malaise.
Un film captivant et éprouvant.
Éprouvant car malgré la folie (?) d'Alex, malgré la désinvolture de Richard et l'apparente passivité destructrice de Mo, je me suis attaché à ces trois personnages ; et vous vous en doutez, ce dont on est sûr avec la vie c'est que personne n'en sort vivant. [-_ô]
Un film rare, méconnu (au même titre que son auteur, d'ailleurs) et pourtant bouleversant. La séquence "western" à la fin éclaire le film d'une sorte de mélancolie, propre à la fin d'un certain "héroïsme" ou même de sa possibilité.
RépondreSupprimerEncore une fois, merci d'avoir joué les "passeurs" (jeu de mots !!) sur ce coup...