On ne le sait pas forcément en France, mais l’une des sources majeures quant à la création de Hellboy, est un écrivain nommé Manly Wade Wellman.
Mike Mignola y fait allusion dans la préface du recueil publié par Delcourt™, L’Homme tordu, dont le film de Brian Taylor est l’adaptation. Scénario de Mignola donc, Christopher Golden (associé de longue date au personnage) et Taylor.
Manly Wade Wellman, un pulpster pur sucre - dont aucun récit n’a été à ma connaissance traduit en français - était entre autres, spécialisé dans les fiction à base de folklore étasunien, notamment en mettant en scène des histoires de détectives de l’Étrange (occult detectives).
L’un de ses personnages fétiches, John ou Silver John, est un ancien combattant de la guerre de Corée, qui traversait la région des Appalaches avec sa guitare sur le dos, et y vivait des aventures pleines de créatures extraordinaires, souvent maléfiques, de sorcières, et de malédictions. Et au sein d’habitants miséreux qu’on qualifierait aujourd’hui de superstitieux, voire de ploucs superstitieux.
Ce personnage de héros solitaire, sans attache ; outre d’être pratique pour l’écrivain, est aussi et surtout une figure incontournable de l’imaginaire américain.
Pour la petite histoire, Manly Wade Wellman a aussi écrit des scénarios de bande dessinée ; le Spirit, Captain Marvel, et certains lui attribuent la création du Phantom Stranger pour l’éditeur DC Comics™.
Bref vous voyez le tableau : des gens qui vivent chichement, face à une nature hostile, quasi coupés du reste du pays ; un monde rural entouré d’un folklore ancestral qui ne lui veut pas forcément du bien.
Si Manly Wade Wellman est l’une des sources créatives de Hellboy lui-même, Mike Mignola paye son tribut au natif de Kamundongo, en Angola (alors colonie portugaise), avec le personnage de Tom Ferrell (dessiné par Richard Corben). Qu'on retrouve bien évidemment dans le film.
« Hellboy : The Crooked Man » dont le budget est, pour info, trois fois moindre que le Hellboy de Guillermo del Toro n’a évidemment pas pour projet de le concurrencer.
Néanmoins, le film de Taylor n’a cependant pas à rougir (sic) du résultat.
Je trouve qu’il capte bien l’atmosphère des histoires « bizarres » que Mignola et d’autres ont fait vivre à son rejeton de l’Enfer pendant plus de trente ans.
Ici pas d’émerveillement comme chez le Mexicain oscarisé, mais plutôt une ambiance lourde, d’où sourd un peur viscéral, atavique. La folie, le dénuement, la rusticité sont en effet à l’honneur (un peu comme dans la série télévisée La Caravane de l'étrange, par exemple).
Et ça marche vraiment bien. La forme étant le résultat des fonds, si je puis dire. » sourire «
Jefferson White alias Tom Ferrell est vraiment très bon, et l’ajout d’un personnage absent de la BD originale, Bobbie Jo Song interprétée par Adeline Rudolph, dans le rôle d’une jeune recrue du B.P.R.D., créé une belle alchimie avec le rôle-titre.
Lequel, joué par Jack Kesy, est pour tout dire, un peu trop en retrait à mon goût.
La faute aussi au souvenir que m’a laissé le diptyque de Guillermo del Toro, où son Hellboy est le roi de la punch line qui tue.
En conclusion « Hellboy : The Crooked Man », qui a la bonne idée de se garder d’exploser les horloges (± 90 minutes), est un très bon Hollywood Night®, qui mériterait d’être transformé en série de téléfilms de « série B » mais de prestige.
La longue vie éditoriale du personnage le permet largement.
À voir, sans réserve !
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