Longtemps scénariste de la « Bat-Family » pour DC Comics™, il est notamment le co-créateur (avec Graham Nolan) de Bane ; Chuck Dixon a aussi marqué le personnage du Punisher chez Marvel Comics™.
Tombé en disgrâce, blacklisté même, le natif de West Philly est désormais assimilé au Comicsgate®, un anathème qui discrédite immédiatement tous ceux qui s'en trouvent affublés aux yeux du grand public.
Reste que Dixon est un scénariste qui a su se bâtir une réputation, et qu'il est, malgré le rejets des Big Two® et d'une partie du lectorat, un auteur plus que jamais sur la brèche.
Aujourd'hui, pour lire son travail, il faut souvent passer par les plateformes de financement participatif ou s'intéresser aux «vrais » indépendants de l'industrie de la BD américaine.
Comme vous le savez sûrement une mauvaise réputation est souvent une somme de malentendus. Toutefois, Chuck Dixon a du caractère, et visiblement on ne lui dicte pas sa conduite.
Au point qu'on peut le trouver chez l'éditeur Arkhaven Comics™, propriété de Vox Day (pseudonyme de Theodore Beale), un individu « controversé » comme on dit aujourd'hui.
Néanmoins, comme l'a fait remarquer Chuck Dixon, pourquoi ne lui a-t-on jamais, auparavant, posé de questions sur les opinions personnelles des gens pour qui il travaillait alors. »sourire«
Toujours est-il que Vox Day l'a contacté pour lui donner du travail, et un accès à un important lectorat qu'il ne pourrait sûrement pas toucher autrement ; tout en lui garantissant une totale liberté de manœuvre.
Il pose donc la question à ceux qui la lui posent : « Que suis-je censé faire ? Dois-je attendre la permission des « bonnes personnes » pour travailler ? Suis-je censé postuler chez Home Depot™ ? ».
Bref, s'il n'est pas d'accord avec toutes les idées de Vox Day dit-il, Chuck Dixon a besoin, et surtout encore envie, de travailler dans le milieu de la bande dessinée. Et personne ne lui dictera quoi faire !
Sur ce projet il collabore avec le dessinateur Hélix Haze, (que je ne connais pas) qui fait du très très bon travail, et avec les coloristes d'Arklight Studios™ tout aussi bons (et qui me sont tout autant inconnus).
Au total on a donc une une très bonne équipe à pied d’œuvre, absolument indépendante vis à vis de celui qui signe les chèques.
Toutefois, Chuck Dixon n'est pas né de la dernière pluie, et il s'amuse avec le « qu'en-dira-t-on ».
La série dont il est ici question s'intitule « Alt★Hero : Q » un choix aussi évocateur que provocateur ; et le titre du premier numéro « Where we go one » est le début du cri de ralliement des sympathisants de QAnon (qui se termine comme ça : « we go all »).
Rien qui ne puisse attiser la controverse, n'est-ce pas !?
« Gorge profonde » de Roland Dane un agent du Trésor qui se retrouve à faire la protection rapprochée de Douglas Mainwaring, le ministre des Affaires étrangères de son pays. Cette promotion coïncide avec une intervention qu'il vient de mener, et sur laquelle il a quelques doutes.
Bien évidemment, ce qui devait être une sinécure tourne très mal, et Dane se retrouve plongé dans une conspiration internationale.
Eh oui, on ne fait pas les choses à moitié chez ce bon vieux Charlie. »sourire«
D'abord publiée sous forme d'un webtoon gratuit, la mini-série a eu droit à une sortie dans un recueil de très bonne facture : couverture souple, papier épais (qui offre un joli rendu des couleurs, ce qui est souvent le point faible des indépendants 2.0), format un peu supérieur à celui d'un trade paperback.
Quasiment 150 pages d'un excellent thriller conspirationniste, que Dixon semble sincèrement heureux de nous raconter.
On y trouve tous les stéréotypes du genre, mais pas forcément comme on s'attend à les rencontrer.
Héliz Haze et Arklight Studios™ sont à la hauteur du talent de Chuck Dixon, et l'histoire se lit avec une évidente satisfaction.
S'il y a quelques allusions à des problèmes géopolitiques bien réels, où des clin d’œil à QAnon, on est dans un divertissement qui ne fait ni la leçon, ni la morale au lecteur.
Bref, si vous aimiez le Chuck Dixon grand public, celui plus underground des financement participatifs et des éditeurs indépendants ne devrait pas vous décevoir.
Quand bien même travaille-t-il pour un type d'un calibre aussi peu recommandable que Vox Day.
Reste que ce type de publications nécessite d'être là au bon moment - les volumes sont de fait toujours assez restreints ; où alors d'être un fouineur pourvu d'un budget conséquent.
En effet, la spéculation va bon train de ce côté-ci de l'édition.
Il vous reste toutefois la solution du webtoon, gratuit certes mais pas très agréable à lire.
La prochaine fois, soyez prêt !
(À suivre ?)
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