« What would no one expect? What would be the weirdest thing I could do in this book? … »
En 2013 l’annonce d’un nouveau titre par l’éditeur DC Comics a eut des airs de retrouvaille pour l’équipe créative.
D’autant qu’au départ, il est annoncé que Kevin Maguire occuperait le poste de dessinateur ; avant d’être finalement remplacé par Howard Porter*.
En effet, c’est sur Justice League, en 1987, qui deviendra dès le septième numéro Justice League International, que se sont rencontrés Keith Giffen & John Marc DeMatteis. Une fructueuse collaboration, qui sera réitérée au fil du temps sur d’autres titres.
Si pour moi Keith Giffen est l’un des auteurs les plus incroyables de ces trente dernières années, et je ne suis pas le seul à le penser puisque Tom King l’une des plus belles révélations des années 2010 s’en revendique.
Or donc disais-je, si Giffen est l’un de mes auteurs favoris, sa collaboration avec J.M. DeMatteis a souvent (pour ne pas dire toujours) donné d’excellents résultats.
Une collaboration plutôt atypique puisqu'au départ dessinateur, lorsqu’il scénarise, il le fait sous la forme de « mini-comics ».
Dès leur première rencontre, sous les auspices d’Andy Helfer alors editor de la Justice League of America, en 1987** donc, alors que Giffen venait de recevoir le feu vert pour lancer une nouvelle Justice League, John Marc DeMatteis recevra un « mini-comic » avec quelques bulles de dialogue en guise de scénario. À charge pour lui de le dialoguer.
Giffen ne se sentait pas en effet, les épaules assez larges pour mener de front l’intrigue et les dialogues. Ces derniers seront donc du ressort de DeMatteis, qui avait d’ailleurs écrit les derniers épisodes de la JLA, à la suite de Gerry Conway, avant et pendant le crossover Legends (voir la note en bas de page). Et si quelques bulles « habillent » le storyboard de Giffen, pour donner la direction générale de l’histoire, DeMatteis ne s’est jamais privé de remanier la part de son collègue, avec sa bénédiction, en plus de la dialoguer.
Justice League 3000 la série dont il va être question ici, adoptera elle aussi cette forme de collaboration comme l’explique John Marc DeMatteis sur son blog :
Ci-dessus, une des pages d'un des « mini-comics » de Giffen (en l’occurrence la page 12 du douzième numéro), avec des annotations dans les marges.
Laquelle page est envoyée (avec les autres) au dessinateur Howard Porter, qui se charge de la dessiner (infra) :
Puis c'est au tour de J.M. DeMatteis de s’asseoir à sa table de travail avec d'un côté le « mini-comic » de Keith Giffen, et de l'autre les pages d'Howard Porter, et d'écrire les dialogues.
Giffen encourage son collègue à ne pas se sentir bridé par sa version et d'y aller franchement, de le surprendre comme il l'a surpris lui-même.
Après cette petite mise en contexte, qu’en est-il de cette Justice League 3000 (JL3K) à proprement parler ?!
…. La brillante idée d’utiliser un casting que l’on connaît mais sous une forme « corrompue » si j’ose dire, permet de jouer sur au moins deux tableaux, et de disposer de personnages dont on ne peut pas prédire quelles seront leurs réactions, ni leur destin (au contraire des super-héros en titre), tout en proposant des échanges dont les aficionados de longue date peuvent se régaler.
Cependant les situations sont tellement cocasses, qu’elles peuvent dérider le moins averti des lecteurs.
Si certains situations prêtent à rire, les personnages ne sont pas pour autant ridiculisés. Au contraire, le tragique des circonstances agit en toile de fond.
L’intérêt réside d’ailleurs dans la jointure mal soudée de ce collage, soufflant le chaud et le froid.
Une météo narrative propice à la diégèse multipiste et dopée aux rebondissements.
Tout semble permis dans cette série, et rien ou presque ne sera oublié.
Référentielle sans ostentation, rafraîchissante, Justice League 3000 exerce une séduction immédiate et qui perdure durant ses 15 numéros.
Presque métafictionnelle par moment, du moins m'en a-t-elle donné l’impression, elle est surtout un terrain de jeu, qui n’oublie pas pour autant qu’elle est destinée à être lue.
Plutôt généreuse en termes d'intrigues, elle fait aussi la part belle aux dialogues qui réussissent la gageure d’être aussi décoiffants que dignes d’intérêt.
Le dessinateur Howard Porter imprime son style à la série (différent de celui qu’il avait lors de son run sur la JLA du temps de Grant Morrison), et les peu nombreux épisodes où il passe la main accusent un manque de dynamisme évident.
En conclusion Justice League 3000 a tenu toutes les promesses que j'avais mises dans son duo de scénaristes, offrant grâce à l'excellent travail d'Howard Porter - entre classicisme & innovations - un run qui n'aura manqué ni de souffle ni d'esprit.
Une seconde « saison », tout aussi prometteuse et judicieusement titrée Justice League 3001, de 12 numéros, a suivi.
Et j'en serai !
__________________
* Howard Porter a par ailleurs déjà travaillé sur la Justice League, lors de la reprise en main du titre par le scénariste Grant Morrison.
** Entre novembre 1986 et mai 1987 avait eut lieu le crossover Legends (qui s’il se déroulait aujourd’hui, se retrouverait certainement dans la catégorie « event »), une suite à Crisis on Infinite Earths (1985).
Si La Crise en Terres multiples avait mis fin à certains éléments de l’univers DC, Legends allait – selon Mike Gold son responsable éditorial– en créer de nouveaux.
Dont la Justice League de Giffen, DeMatteis & Maguire.
Une couverture en devenir |
En 2013 l’annonce d’un nouveau titre par l’éditeur DC Comics a eut des airs de retrouvaille pour l’équipe créative.
D’autant qu’au départ, il est annoncé que Kevin Maguire occuperait le poste de dessinateur ; avant d’être finalement remplacé par Howard Porter*.
En effet, c’est sur Justice League, en 1987, qui deviendra dès le septième numéro Justice League International, que se sont rencontrés Keith Giffen & John Marc DeMatteis. Une fructueuse collaboration, qui sera réitérée au fil du temps sur d’autres titres.
Si pour moi Keith Giffen est l’un des auteurs les plus incroyables de ces trente dernières années, et je ne suis pas le seul à le penser puisque Tom King l’une des plus belles révélations des années 2010 s’en revendique.
Ainsi l’utilisation d’un gaufrier de 9 cases lui vient de la tenace impression que lui a laissé la lecture du titre dont s’est occupé Keith Giffen à la fin des années 1980 Legion of the Super-Heroes, sous-titré « Five Years Later » (Pour en savoir +).
Giffen, qui ne cesse jamais d’expérimenter, utilisait déjà cette forme de mise en récit dans les années 1970, comme on peut s’en rendre compte sur cette page :
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Couverture d'Howard Porter |
Une collaboration plutôt atypique puisqu'au départ dessinateur, lorsqu’il scénarise, il le fait sous la forme de « mini-comics ».
Dès leur première rencontre, sous les auspices d’Andy Helfer alors editor de la Justice League of America, en 1987** donc, alors que Giffen venait de recevoir le feu vert pour lancer une nouvelle Justice League, John Marc DeMatteis recevra un « mini-comic » avec quelques bulles de dialogue en guise de scénario. À charge pour lui de le dialoguer.
Giffen ne se sentait pas en effet, les épaules assez larges pour mener de front l’intrigue et les dialogues. Ces derniers seront donc du ressort de DeMatteis, qui avait d’ailleurs écrit les derniers épisodes de la JLA, à la suite de Gerry Conway, avant et pendant le crossover Legends (voir la note en bas de page). Et si quelques bulles « habillent » le storyboard de Giffen, pour donner la direction générale de l’histoire, DeMatteis ne s’est jamais privé de remanier la part de son collègue, avec sa bénédiction, en plus de la dialoguer.
Justice League 3000 la série dont il va être question ici, adoptera elle aussi cette forme de collaboration comme l’explique John Marc DeMatteis sur son blog :
SPOILERS |
Laquelle page est envoyée (avec les autres) au dessinateur Howard Porter, qui se charge de la dessiner (infra) :
Puis c'est au tour de J.M. DeMatteis de s’asseoir à sa table de travail avec d'un côté le « mini-comic » de Keith Giffen, et de l'autre les pages d'Howard Porter, et d'écrire les dialogues.
Giffen encourage son collègue à ne pas se sentir bridé par sa version et d'y aller franchement, de le surprendre comme il l'a surpris lui-même.
(POUR EN SAVOIR +) |
…. La brillante idée d’utiliser un casting que l’on connaît mais sous une forme « corrompue » si j’ose dire, permet de jouer sur au moins deux tableaux, et de disposer de personnages dont on ne peut pas prédire quelles seront leurs réactions, ni leur destin (au contraire des super-héros en titre), tout en proposant des échanges dont les aficionados de longue date peuvent se régaler.
Cependant les situations sont tellement cocasses, qu’elles peuvent dérider le moins averti des lecteurs.
Si certains situations prêtent à rire, les personnages ne sont pas pour autant ridiculisés. Au contraire, le tragique des circonstances agit en toile de fond.
L’intérêt réside d’ailleurs dans la jointure mal soudée de ce collage, soufflant le chaud et le froid.
Une météo narrative propice à la diégèse multipiste et dopée aux rebondissements.
Tout semble permis dans cette série, et rien ou presque ne sera oublié.
Référentielle sans ostentation, rafraîchissante, Justice League 3000 exerce une séduction immédiate et qui perdure durant ses 15 numéros.
Presque métafictionnelle par moment, du moins m'en a-t-elle donné l’impression, elle est surtout un terrain de jeu, qui n’oublie pas pour autant qu’elle est destinée à être lue.
Plutôt généreuse en termes d'intrigues, elle fait aussi la part belle aux dialogues qui réussissent la gageure d’être aussi décoiffants que dignes d’intérêt.
Le dessinateur Howard Porter imprime son style à la série (différent de celui qu’il avait lors de son run sur la JLA du temps de Grant Morrison), et les peu nombreux épisodes où il passe la main accusent un manque de dynamisme évident.
En conclusion Justice League 3000 a tenu toutes les promesses que j'avais mises dans son duo de scénaristes, offrant grâce à l'excellent travail d'Howard Porter - entre classicisme & innovations - un run qui n'aura manqué ni de souffle ni d'esprit.
Une seconde « saison », tout aussi prometteuse et judicieusement titrée Justice League 3001, de 12 numéros, a suivi.
Et j'en serai !
__________________
* Howard Porter a par ailleurs déjà travaillé sur la Justice League, lors de la reprise en main du titre par le scénariste Grant Morrison.
** Entre novembre 1986 et mai 1987 avait eut lieu le crossover Legends (qui s’il se déroulait aujourd’hui, se retrouverait certainement dans la catégorie « event »), une suite à Crisis on Infinite Earths (1985).
Si La Crise en Terres multiples avait mis fin à certains éléments de l’univers DC, Legends allait – selon Mike Gold son responsable éditorial– en créer de nouveaux.
Dont la Justice League de Giffen, DeMatteis & Maguire.
(À suivre ....)
Pour cette série, je ne partage pas ton enthousiasme. J'avais beaucoup aimé la Justice League de Giffen & DeMatteis, à la fois l'inventivité de Giffen, et les dialogues ciselés de DeMatteis. Pour Justice League 3000 & 3001, j'ai trouvé la narration un peu lourde, et je n'ai pas retrouvé la vivacité des dialogues, mais c'est un ressenti qui n'engage que moi. :) Il m'avait semblé qu'ils resservaient également un peu trop régulièrement les mêmes vannes sur le caractère des personnages. Cela ne m'a pas empêché de lire le premier tome des nouvelles aventures de Scoubidou par la même équipe, parce que je suis bien atteint quand même.
RépondreSupprimerScooby-doo est aussi dans mes prochaines lectures [-_ô].
SupprimerTu en as déjà parlé chez Bruce ?
En fait j'écris beaucoup de commentaires et tous ne finissent pas sur Bruce Lit. Par contre ils finissent tous sur amazon.
RépondreSupprimerLe lien pour le commentaire sur Scooby Apocalypse : https://www.amazon.fr/review/R1QY9S5HE3NLTP/ref=cm_cr_dp_title?ie=UTF8&ASIN=1401267904&channel=detail-glance&nodeID=52042011&store=english-books
Le lien pour accéder à mes commentaires, avec un nouveau par jour : https://www.amazon.fr/gp/cdp/member-reviews/A2XTCPS9LXM26Z/ref=cm_cr_yc_cdp?ie=UTF8&sort_by=MostRecentReview
Okidoki, merci je vais lire tout ça.
SupprimerHasta luego !