Dernièrement j'ai entendu dans une émission de radio un intervenant, "spécialiste de la culture américaine" qualifier le dernier film mettant en scène Wolverine de série B ce qui, dans sa bouche, était l'équivalent de "mauvais film".
Pascal Merigeau & Stéphane Bourgoin rappellent dans leur livre Série B, qu'au moment de l'élection de Ronald Reagan on a dit qu'il était "un ancien acteur dénué de talent, donc de série B" alors qu'il a fait, nous rappellent les auteurs, l'essentiel de sa carrière dans les films A. Ce raccourci, cet amalgame entre série B et mauvais film est devenu au fil du temps un lieu commun qui oubli le sens premier de cette appellation.
Un peu comme l'expression "film culte" qui désigne dans la bouche de ceux qui l'utilisent un film à succès, alors qu'à l'origine il s'agissait de films vus par un petit nombre de spectateurs mais qui leur vouaient un véritable culte et qui, au fil du temps, refaisait surface (ou pas surface) et entrait dans l'imaginaire collectif avec, paradoxalement, un supplément d'âme. Un bon exemple de ce type d'adoration confidentielle est certainement donné par extension à la série télévisée Le Prisonnier.
La série B est indissociable de l’ère des grands studios américains, elle est née de la crise financière, de la concurrence d'avec la radio et du contrecoup du grand boum du parlant ; son âge d'or se situe du milieu des années 30 à la fin des années 40.
Si en 1930 la fréquentation des salles de cinéma étasuniennes était de 110 millions de spectateurs, 3 ans plus tard elle n'était plus que de 60 millions.
La solution pour attirer des spectateurs est venue des exploitants de salle qui ont instauré le principe de la double programmation : 2 films pour le prix d'un. Mais cette solution était gourmande, d'autant que certaines salles changeaient de programme jusqu'à 3 fois par semaine.
Cette politique de la double programmation a donc poussé les studios à créer un département B dédié aux films plus courts (de 50 à 70 minutes), moins chers et, par la force des choses, réalisés en beaucoup moins de temps qu'un film A. En outre certains exploitants de salle s'associèrent pour fabriquer eux-même leurs films au lieu de les acheter aux autres et ce faisant créèrent eux aussi des studios spécialisé dans la série B.
Or, donc si la série B vous intéresse je ne peux que vous conseiller Série B de Pascal Merigeau & Stéphane Bourgoin aux éditions edilio (1983) dans lequel vous apprendrez entre autres (récapitulatifs de films B, entretien avec des acteurs, des producteurs, des scénaristes, des metteurs en scène etc.) que "tout mauvais film n'est pas un film de série B, et tout film de série B n'est pas un mauvais film".
Et à ceux qui douteraient malgré tout de la possibilité d'accoucher de chefs-d'oeuvre dans l'économie de la série B, on conseillera "Detour" (1945) de Edgar G. Ullmer, réalisé en 6 jours pour quelques milliers de dollars, et selon moi un des plus grands films jamais tournés, malgré tout... Et les exemples sont légion.
RépondreSupprimerTerminator (1984) de James Cameron : série B.
RépondreSupprimerReanimator, série B.
Simple mortel, meilleur film de SF français des années 80, série B.
Les Tontons Flingueurs, Le Monocle, le Gorille, Le Tigre, OSS117, Coplan... séries B !!!
Les Aventuriers de l'Arche perdue - hommage aux serial (B-movies)des années 30.
Starwars, hommage à Flash Gordon (BD puis serial)
Combien de polars de série B devenus "cultes" puis classiques ?
Les premiers Kubrik ? Séries B !
Les films de Corman... Séries B voire Z !
...
Les séries B et les serials sont les ancêtres de nos séries télévisées (américaines ou anglaises) - et on les méprise beaucoup moins...
D'ailleurs, avant, ça pouvait être du mépris.
Maintenant, c'est de la jalousie.