Recruté au début des années 1970 par l'éditeur de bande dessinée DC Comics™, Mike Grell ne tarde pas à se faire un nom, et à proposer des idées originales. Notamment en 1975, le personnage de Warlord (influencé par E.R. Burroughs et Jules Verne), qui après avoir commencé dans une revue anthologique, ne tardera pas à gagner son propre magazine.
Au début des années 1980, il signe chez Pacific Comics™, un nouveau venu dans le paysage de l'édition qui propose, contrairement aux Big Two©, que le créateur reste propriétaire de ses créations. Une véritable révolution au pays du « work for hire ».
Cependant Pacific Comics™ ne tient pas ses promesses et Grell passe, avec armes & bagages chez un autre « indépendant », First Comics™.
Là, il reprend Starslayer précédemment publiée chez Pacific™ donc, et invente Jon Sable (une série dont je vous reparlerai). Il y reste jusqu'aux environs de 1986, quand un appel téléphonique de Mike Gold, qu'il connait depuis 1976 et avec qui il a travaillé chez First Comics™, devenu editor chez DC Comics™, lui propose de venir retravailler pour son ancien éditeur.
S'il s'agit d'un travail de commande sur une personnage qui ne lui appartient pas, Mike Grell aura le plaisir d'écrire pour son personnage favoris, et bénéficiera d'un quasi « blanc-seing ».
Si le concept global de la mini-série en 3 parties vient de Mike Gold : « pense à ça : Green Arrow en tant que chasseur urbain », l'histoire est une ancienne proposition que Grell avait faite à Julius Schwartz, pour une histoire complémentaire (back up storie) de Green Arrow justement. Et que l'editor avait alors refusée.
Si le concept global de la mini-série en 3 parties vient de Mike Gold : « pense à ça : Green Arrow en tant que chasseur urbain », l'histoire est une ancienne proposition que Grell avait faite à Julius Schwartz, pour une histoire complémentaire (back up storie) de Green Arrow justement. Et que l'editor avait alors refusée.
L'histoire en question envisageait une contre-part féminine à Green Arrow, rescapée des camps nazis, qui faisait la chasse à ses anciens tortionnaires. Et où le justicier de Star City se trouvait impliqué via des actes de terrorisme.
Ceux qui ont lu « The Longbow Hunters » retrouveront quasiment tous ces éléments, légèrement modifiés pour notamment coller à l'époque de la publication de la mini-série.
Il n'était par exemple pas tenable de rester sur une rescapée des camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale, alors que l'histoire se déroule à la fin des eighties.
Mike Grell s'y montrera particulièrement clairvoyant en incluant des éléments qui évoque l'Irangate, ce qui compte tenu des impératifs d'écriture, d'édition et de distribution précèdent l'annonce dans la presse de l'affaire « Iran-Contra ». En effet le premier numéro est sorti le 14 avril 1987, et l'affaire éclate au grand jour en novembre 1986.
Encore aujourd'hui le cocktail qu'a composé Mike Grell n'a pas pris une ride.
Très cinégénique, sa mise en récit bénéficie en outre du talent de la coloriste Julia Lacquement. « The Longbow Hunters » est à mes yeux une œuvre d'art. Mais qui ne cède rien au plaisir de la lecture.
Le récit, qui pour le coup prend place dans un univers réaliste, Oliver Queen et Dinah Lance ont quitté la ville fictive de Star City pour emménager à Seattle (où vivait alors Mike Grell), et à aucun moment ne seront évoqués des individus possédant des super-pouvoirs. Green Arrow a par ailleurs remisé son carquois de flèches-gadgets. Et son nom de code.
Ce qui avait fait dire à Julius Schwartz - avant l'événement Crisis of Infinite Earths qui se débarrassait des Terres multiples de DC Comics™ ; « Il y a la Terre-1, la Terre-2, etc., et il y a la Terre-Grell. ».
Ainsi « The longbow Hunters », et la longue série « à suivre » qu'écrira ensuite pendant 11 ans Mike Grell pour l'archer vert n'auraient pas dépareillé a être publiées sous le label Vertigo™.
Si, de l'aveu même de Mike Grell il n'était pas encore question au moment de la mini-série de donner à Green Arrow sa propre série, « Iron Mike », comme on le surnomme, taille à ses propres mesures le personnage : changement de ville, pas de super-pouvoir, un nouveau costume, pas de flèches-gadgets, et surtout Oliver Queen va devoir remettre en cause un accord tacite qui veut que les personnages de DC Comics™ ne tuent pas.
Il ne s'agit pas d'en faire un fou sanguinaire, mais parfois les circonstances ne laissent pas d'autres choix.
Cette absence de choix, ainsi que par exemple la paternité comme évoquée dans l'histoire, où l'âge, ne sont en rien gratuits ; Mike Grell construit autours de ces cas de conscience des personnages qui, grâce à son traitement, échappe à leur statut et deviennent humains.
Cette absence de choix, ainsi que par exemple la paternité comme évoquée dans l'histoire, où l'âge, ne sont en rien gratuits ; Mike Grell construit autours de ces cas de conscience des personnages qui, grâce à son traitement, échappe à leur statut et deviennent humains.
Traduit par Jean-Marc Lainé pour l'éditeur français Urban Comics™, cette magnifique mini-série est enfin disponible en français. Depuis 2020 en fait.
Publiée dans la trop rare collection DC Confidential© sous le titre « Les Prédateurs », ce recueil trouvera tout naturellement sa place dans votre bibliothèque à côté de Watchmen et de The Dark Knight Returns.
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