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La Place du mort [Jordan Harper / Clément Baude]

Lauréat du prix Edgar Allan Poe® 2018, « La Place du mort » est le premier roman de Jordan Harper. Originaire de Springfield dans le Missouri, Harper a fait ses classes à la télévision, milieu qu'il n'a pas totalement quitté puisqu'il est actuellement le co-showrunner de Criminal, l'adaptation télévisée de la série de bande dessinée homonyme d'Ed Brubaker & Sean Phillips.
Une rencontre qui rétrospectivement coule de source compte tenu de ce qu'écrivent Brubaker et Harper.    
            Tout le travail de Jordan Harper que j'ai pu lire, 
« La Place du mort » donc, mais aussi quelques nouvelles de son recueil paru chez Actes Sud™, ou son dernier roman en date Le Dernier roi de Californie (nettement moins bon que son prédécesseur) a pour centre d'intérêt le milieu criminel des « petits blancs », les white trash, de Californie.
            Le roman est dédié à son grand-père, Kenneth Crosswhite, un dur-à-cuire des monts Ozarks, gardien de prison, qui fabriquait des couteaux sur son temps libre. Et qui dormait avec une arme sous son oreiller. 
Le grand-oncle de Harper, policer à Springfield dans les années 1920, est mort en 1931 dans ce qu'on appelle « the Young Brother Massacre ». Tuerie qui a longtemps détenu le macabre score le plus élevé de policiers tués en service le même jour.
Un événement qui a marqué le jeune Harper à qui on a donné à lire, assez jeune, un récit qui racontait justement ce massacre.
Et pour l'anecdote, Le dernier roi de Californie est l'histoire de la famille Crosswhite, des criminels qui tentent de survivre face à un gang plus important.
            « La Place du mort » est une histoire qui s'inscrit dans une sorte de sous-(mauvais) genre, lequel met en scène un père et l'un de ses enfants en fuite. Je citerai Lone Wolf & Cub, le manga de Kazuo Koike & Goseki Kojima, La Barbe à papa1973 de Peter Bogdanovich, Les Sentiers de la perdition, un comic book de Max Allan Collins, dessiné par Richard Piers Rayner, voire Léon (même s'il ne s'agit pas à proprement parler d'un père et sa fille). Ce que Jordan Harper appelle une « chase story ».
Bref, vous saisissez l'ambiance ?! 
            Or donc, « La Place du mort » est l'histoire de Poly McClusky emmenée par son père, qu'elle connait à peine, Nate (prénommé comme ça en l'honneur de Nate Diaz, le combattant de MMA favoris de Harper), pour fuir une sentence de mort lancé par un gang de détenus : la « Force aryenne ». 
            Si « La Place du mort » est un roman criminel hard-boiled dans la meilleure tradition du (mauvais) genre, c'est aussi une histoire qui ne s'embarrasse pas de crédibilité. 
Je veux dire qu'on pourrait tout aussi bien lui coller l'étiquette Urban fantasy sans avoir à en changer une seule ligne.
Ce qui n'enlève rien à son intérêt. Une bonne histoire reste une bonne histoire quelque soit l'étiquette qu'on lui colle !
            En lisant « La Place du mort » je me disais aussi qu'il aurait tout aussi bien pu être écrit par Boston Teran, celui de Satan dans le désert [Pour en savoir +] et de Méfiez-vous des morts. Ce qui est plutôt un compliment.
            Bref de la très bonne came qui décoiffe et ne vous laisse pas tranquille avant d'en avoir définitivement terminer avec.

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