Accéder au contenu principal

Satan dans le désert [Boston Teran / Éric Holweck & Marc Boulet]

Boston Teran est une énigme, un pseudonyme, voire le nom de plume qu’utiliseraient différents romanciers. En tout cas il n’existe aucune photo de lui, et jusqu’à récemment il ne donnait pas non plus d’interviews.
            Son premier roman God is a Bullet1999, traduit en français en 2004 sous le titre de « Satan dans le désert » a été salué par plusieurs prix, dont celui français du meilleur roman policier (prix Calibre 38™ 2004), lesquels récompenses, comme la plupart des critiques d’ailleurs, ont vu en ce roman un polar tendance hard-boiled
Il faut dire que les ingrédients de base y sont : des flics, une ex (?) junkie, des criminels de la pire espèce, des trafics en tout genre, des meurtres, des kidnappings, bref rien qui ne soit foncièrement contre-intuitif pour en arriver à une telle conclusion. Sauf que …… 
            Dès le début de ma lecture j’ai eu l’impression de lire un roman qu’aurait pu écrire Clive Barker. Impression renforcée par l’omniprésence d’une surnature clairement revendiquée par les antagonistes de l’histoire, et acceptée par les autres. 
Notamment par le « héros », grâce à un rituel qui lui échappe en partie, mais pas au lecteur puisque l'histoire, l'intrigue, coche toutes les étapes (ou quasiment) qu’a synthétisées Christopher Vogler à partir du travail de Joseph Campbell, et qu'on appelle communément le « voyage du héros »  : 
• le monde ordinaire 
• l’appel de l’aventure 
• le mentor 
• le seuil, symbolisé ici par un personnage qu’on retrouve par ailleurs dans le deuxième roman de Teran (Méfiez-vous des morts), mais qui risque d’échapper aux lecteurs français puisque dans le premier le nom a été traduit (Passeur), et pas dans l’autre (Ferryman). 
Deux romans qui semblent par ailleurs partager le même univers fictionnel. 
• les épreuves 
Etc. ……. vous connaissez tout ça.
            L’aboutissement de ces éléments, et surtout – bien entendu – leur traitement fait de « Satan dans le désert » un roman qui n’est plus un polar, mais une histoire d’Urban fantasy. Sans rire !
Un sous-genre dont les caractéristiques (l’histoire se déroule sur notre Terre et non pas dans un monde secondaire, les éléments surnaturels sont cachés aux communs des mortels, leur découverte n’entraîne pas le rejet, ni le scepticisme) sont sans doute possible visibles par quiconque a lu ce roman (à condition d'en connaitre les caractéristiques). 
            Cela dit, polar ou Urban fantasy, « Satan dans le désert » est certes un roman sombre et très violent, mais c'est surtout un roman qui risque d'entraîner une rapide accoutumance.
Difficile en effet de lâcher cette histoire.
Ce qui est somme toute plutôt une qualité.
Malheureusement Boston Teran s'éloigne ensuite de cette veine romanesque pour tâter du thriller de consommation courante (Discovery Bay) ou du roman historique (Le Credo de la violence). Ce dernier garde cependant, un peu, de l'âpreté de « Satan dans le désert », mais c'est surtout Méfiez-vous des morts qui risque de vous plaire si vous avez aimé le premier.
            Or donc, si vous aimez que les protagonistes aillent au bout de ce qu'ils promettent, sans être touchés en cours de route par une grise de moraline aiguë, « Satan dans le désert » est une lecture qui vous comblera. 
Des actes odieux méritent des châtiments qui le sont tout autant, du moins dans les univers fictionnels s'entend. Même Harlan  Coben est de mon avis [-_ô].      

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Wheelman [Frank Grillo / Jeremy Rush]

En partie produit, et surtout entièrement cornaqué par War Party™, la société de production de J oe C arnahan & de F rank G rillo, et magistralement interprété par ce dernier ; « Wheelman 2017 » repose sur la règle des 3 unités du théâtre dit classique :  • Unité temps : Une nuit.  • Unité d'action : Une attaque à main armée ne se déroule pas comme prévue.  • Unité de lieu : Une BMW E46  Autrement dit, 98% du film se déroule dans une voiture avec seulement F rank G rillo au volant et à l’écran. Son personnage n'interagit avec l'extérieur quasiment que via un téléphone portable.              Tourné à Boston en seulement 19 jours, pour un budget légèrement supérieur à 5 millions de dollars, « Wheelman » est, au moment des comptes, une péloche dégraissée et bien relevée.  D'entrée de jeu les premières minutes donnent le ton : « l'homme au volant » du titre a été embauché pour être chauffeur lors d'un braquage à main armée. Divorcé, sa fille adolescente, d