... Ainsi de l'œuf de Colomb sont nés deux mondes, d'un côté celui des indiens dont nous dit John Smith en 1607 : [..] Partout les gens nous accueillirent aimablement, dansant et nous fêtant avec force fraises et mûres, du pain, du poisson et autre richesse de leur région [..]. Arrivés à Arsatecke, nous fûmes reçu le plus aimablement du monde par celui dont nous supposions qu'il était leur Roi [.]. Nos provision étant épuisé au bout d'une vingtaine de jours, les indiens nous offrirent quantité de blé et de pain cuit [..] (Le Nouveau Monde Lauric Guillaud).
Et de l'autre, la ville de Jamestown qui fut édifiée sur le territoire d'une confédération indienne conduite par le chef Powhatan. [..] Lorsque l'été revint, le gouverneur de la colonie fit demander à Powantan de restituer les fugitifs (des membres de la colonie qui étaient allés chercher refuge chez les indiens durant la famine de 1610). Le chef indien, selon les propres récits des anglais, n'exprima [..] que des "propos plein d'arrogance et de mépris". Un groupe de soldats fut alors chargé de "prendre une revanche". Ils attaquèrent un village, tuèrent une quinzaine d'Indiens, brulèrent les habitations et saccagèrent les cultures de maïs. Ensuite il se saisirent de la reine de la tribu et des enfants, les firent monter dans leurs embarcations et, pour finir, jetèrent les enfants par-dessus bord "en leur faisant sauter la cervelle tandis qu'ils étaient dans l'eau". Enfin, la reine fut emmenée et poignardée. (Une histoire populaire des États-Unis par Howard Zinn).
Comics Parade n°1 |
Revoyons l'action au ralenti .....
Sans oublier que ...
Comme on peut l'entendre et le lire, ce sont deux mondes, deux visions du monde qui vont s'affronter sur ce nouveau continent.
Comics Parade n° 5 |
D'un côté le peuple du Taureau, de l'autre celui du Bélier dont l'un des enjeux de l'affrontement est la Frontière, dans son acceptation Étasunienne, à savoir la limite qui sépare le Settlement de la Wildernes mais aussi l'idée conceptuelle de la conquête.
La Frontière c'est les terres vierges de l'innocence et du paradis perdu, l'image de la civilisation pastorale idyllique par opposition à l'univers urbain aliénant (L'aventure du Pionnier sur la Frontière - Jean-Paul Brun).
Cette Frontière dont la série de Jack Kirby a gardé un "morceau", le Mur :
Outre les nombreux points communs déjà énumérés que la série New Gods partage avec la conquête du Nouveau Monde, il en reste au moins encore un, et non des moindres.
... En 1608 la première rencontre officielle a lieu entre les Anglais et Powhatan (le père de Pocahontas) et au terme d'un accord deux jeunes garçons font l'objet d'un échange entre les deux communautés : le jeune Thomas Savage partira vivre chez les Indiens tandis que le jeune Namontack viendra séjourner chez les blancs. On espère ainsi renforcer les liens entre l'Ancien et le Nouveau Monde.
Une situation que ne manqueront pas de reconnaitre les lecteurs de la série de Jack Kirby.
Le peuple du Bélier a-t-il domestiqué celui du Taureau ? |
... La question qui reste en suspend demeure la raison qui pousse Jack Kirby à l'orée des seventies, à "bricoler" une nouvelle mythologie où des pans entiers de l'histoire des Etats-Unis, les fondements de son identité (sa mythologie justement), se trouvent si manifestement ombiliqués ???
Question que je me propose de tenter élucider prochainement.
(À suivre ...)
L'échange des fils de chefs entre communautés ennemies ayant conclu une trêve se pratiquait également chez les Scandinaves anciens — ce que Kirby, féru de mythologie scandinave, pouvait savoir. Et là, tout d'un coup, je me dis que, avec les histoires de la découverte de l'Amérique par Leif Erikson, il serait amusant que les coutumes indiennes ne soient qu'une reprise locale de coutumes apportées par les raids vikings.
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