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Honor Harrington : Mission Basilic [David Weber/Arnaud Mousnier-Lompré]

•••• Comme l'a justement fort bien écrit Garth Ennis [The Boys, Preacher, etc.], parlant de la bande dessinée de guerre : « voilà la meilleure façon de faire et de vivre la guerre, sans autre danger que de se couper au doigt avec le tranchant d'une feuille de papier ». Façon de voir les choses qui sied très bien à Mission Basilic, la première aventure de ce qui est devenue aujourd'hui une importante saga de science-fiction martiale.
Ce roman, écrit par David Weber, et traduit par Arnaud Mousnier-Lompré, suit les aventures d'Honor Harrington, jeune officier de la Flotte royale manticorienne. 

Dès la dédicace à C.S. Forester, éminent romancier connu pour son roman The African Queen (porté à l'écran par John Huston) et, ce qui nous intéresse surtout ici, le cycle d'aventures maritimes centré sur Horatio Hornblower, officier de la Royal Navy, David Weber prend un cap qu'il ne quittera pas. Lequel se traduit principalement par une transposition des us et coutumes de la Navy au sein de la Flotte royale manticorienne, quand bien même son théâtre d'opération est-il l'espace intersidéral, et ce qui semble bien être le futur de l'humanité.

Honor Harrington, qui partage avec son prestigieux aîné les mêmes initiales, est donc le capitaine du croiseur HSM Intrepide, à qui David Weber n'épargnera rien. Chose assez rare pour être soulignée, elle n'est pas la seule femme à tenir un rôle de premier plan dans ce roman de S-F militaire qui ne manque pas de souffle : guerre dans les étoiles, manœuvres d'infanterie, Mission Basilic à aussi des relents de « Guerre froide », avec tout ce que cela implique. 

•••• Difficile de croire qu'un roman intitulé du nom de son personnage principal puisse s'en priver. En effet, mais l'essentiel n'est pas là. 

David Weber, en Monsieur Loyal d'une piste aux étoiles aux proportions épiques, arrive à nous faire croire que ses lions sont aussi dangereux que leurs lointains cousins africains. Et que malgré le filet, ses trapézistes risquent leur vie. Si Honor Harrington connaitra d'autres aventures après celle-là, ce n'est pas le moindre de ses talents, que l'espace de plus de 500 pages, David Weber nous fasse croire qu'elle risque sa vie. 

Chapeau l'artiste !
•••• _________________________
Parfois qualifiée de science-fiction « militariste », autrement faisant l'apologie des militaires et surtout, de leur propension à botter des culs plutôt qu'à emprunter la voie de la diplomatie, Honor Harrington privilégie de fait la voie des armes. 

Est-ce à dire que ceux qui lisent ce genre de récits sont des individus qui, dans les affaires du monde réel, attendent qu'elles soient régler de façon toute aussi directe et dévastatrice que les fictions qu'ils aiment lire ?

Également pointés du doigt, certains parti pris comme celui, ici, de médire d'une allocation du minimum vital, ou de brosser le portrait d'indigènes venus tout droit de certains romans du XIX ème siècle. Certes ! 

Doit-on pour autant ne lire que des histoires qui utilisent des idées en total accord avec les nôtres ?

Et surtout, peut-on un jour espérer que certain.e.s critiques puissent se défaire d'un aimable paternalisme maternalisme bienveillant, qui les empêchent d'imaginer que des lecteurs (et des lectrices) puissent faire la part des choses, et s'amusent de voir ce en quoi iels croient tourner en dérision par des autrices et auteurs talentueux, qui ne partagent pas forcément les mêmes idée qu'eux ?  


[À suivre ...]

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