« Code 462003 » se déroule dans une société mondialisée qui ne partage pas de différence de nature avec la nôtre, mais plutôt une différence de degrés (sic).
Grossièrement elle se divise en deux :
• ceux du « dehors », le lumpenprolétariat, à qui quasiment tout est refusé et qui (sur)vivent sous un soleil aride, dans des endroits qui le sont tout autant
• et ceux du « dedans », la classe supérieure, aisée, installée dans de gigantesques mégalopoles.
Néanmoins, le prix à payer pour ce confort est celui d’un contrôle strict de leurs déplacements, ainsi que du temps passé sur les lieux de leurs destinations. Voyages et séjours sont en effet subordonnés à des assurances, les « papels ».
C’est justement sur l'un de ces trafics qu’enquête William Geld (alias Tim Robbins) lorsque nous le rencontrons.
Cependant le fichage des individus va plus loin, puisque les hommes et les femmes de cet avenir proche ( ?) ont largement recours à l’insémination in vitro, et au clonage.
Si les mariages ne sont autorisés qu’après un contrôle très rigoureux du patrimoine génétique des amoureux, le Code 46 (du titre) interdit expressément la conception d’enfants entre deux personnes partageant au moins 25% d’ADN commun.
Si « Code 46 » emprunte un arrière-plan commun aux récits d’anticipation social, il y agrège une symbolique antique transparente mais efficace, pour au final essentiellement raconter une tragédie romantique dont on augure mal qu’elle se finisse bien.
La grande force du long-métrage réalisé par Michael Winterbottom c'est son étrangeté. Laquelle est par ailleurs renforcé par un rythme languide, quasi hypnagogique.
Exploitant au mieux des décors filmés à Shanghai, Dubaï, Hong Kong et dans le désert du Thar au Rajasthan ; utilisant des prises de vue de caméras de surveillance, et un personnage singulier & fantasque, en la personne de Maria Gonzales interprétée par Samantha Morton, et quelques très bonnes idées de Sf (le virus d’empathie, et surtout son utilisation à multiples entrées), le cinéaste hérite en sus d’un scénario particulièrement habile, signé Frank Cottrell Boyce. Duquel je mentionnerai entre autres, l’utilisation d’un espéranto dépaysant, un détail aux effets inversement proportionnels, et des conséquences de la violation du Code 46 particulièrement retorses et ingénieuses.
Outre son rythme neurasthénique donc, qui pourrait désorienter, une séquence particulièrement désagréable risque de choquer beaucoup de spectateurs. Si elle s’explique dans le contexte de l’histoire, et via la psychologie des personnages qui y prennent part, elle n’en reste pas moins très très perturbante.
Utilisant avec un savoir-faire certain l’effet Rosebud™, « Code 46 » exploite le sentiment d’empathie qu’un manque impossible à combler suggère, à l’instar de celui de John Foster Kane. Et permet au public du film de ressentir au plus près ce qui arrive aux deux protagonistes principaux.
Un film empathique & inconfortable. Une belle découverte.
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