Le livre dont je vais parler, relate une enquête journalistique qu’auraient certainement pu mener Gabriel Lecouvreur dit le Poulpe, ou Julien Ardant alias le Hussard, son alter ego de droite.
Encore qu’ici la réalité dépasse largement la fiction dont nos deux héros sont coutumiers.
J’en veux pour preuve – notamment - le roman d’Olivier Norek intitulé Territoires2014. Lequel raconte justement une enquête policière sur le clientélisme municipal qui se déroule également dans le « 9-3 », et qui pourtant se montre à la lecture bien sage, voire presque timorée, par rapport aux faits que décrit Eve Szeftel dans « Le maire et les barbares ».
Le contexte :
Il faut s’imaginer un jeune maire de centre droit disons, qui contre toute attente, entame la présence historique du PCF dans ce qu’on surnomme communément la « banlieue rouge » en s'installant à la mairie de Drancy. La surprise passée, il s’agit bien évidemment pour lui et ses affidés de consolider sa position.
C’est en partie ce que raconte l’ouvrage « Le maire et les barbares », qui se déroule dans la commune voisine de Bobigny. Où, en 2014, la mairie sera enlevée aux communistes (bis repetita), après un règne de près de soixante-dix ans, grâce à la réserve parlementaire dudit maire de centre-droit, devenu député de la 5e circonscription de la Seine-Saint-Denis en 2002.
Une manne financière (révoquée depuis 2018) qui ne s’embarrassera pas de morale, puisqu’elle irriguera aussi bien, si on en croit le livre d’Eve Szeftel, journaliste mutée à l’antenne de l’AFP de Bobigny en 2014, les organisations cultuelles musulmanes les plus rigoristes, que les voyous des cités de la préfecture de Seine-Saint-Denis, au travers d’associations, parfois montées de toutes pièces pour l’occasion.
Tout est bon pour gagner, même le PIR (sic). Puisque le parti dit indigéniste en question, comptait se servir de l’absence totale de scrupules des futurs élus, et d’un mélange des genres rarement atteint ailleurs, dont en ce qui les concerne plus précisément, une bonne dose de communautarisme, pour faire de Bobigny leur banc d’essai électoral.
Un clientélisme qui associe donc la carpe et le lapin, et qui n’a eu pas peur de mettre au centre de son dispositif de campagne, la compagne de Jean-Christophe Soumbou, condamné dans l’affaire de l'atrocement connu « gang des barbares » - d’où le titre de l’ouvrage ; cette jeune femme, ex-sportive de haut niveau, très « défavorablement connue des services de police », comme on dit pudiquement. Elle pose ainsi sur la photo de l’équipe UDI en campagne en 2014, voilée.
Un message à double sens, à la fois en direction de la voyoucratie locale, et tout aussi évidement, en direction d'un vote ethno-religieux sans équivoque.
Or donc disais-je, Soumbou, l’un des caïds de « Boboche », surnom de la préfecture du « 9-3 », où il a grandi, a selon la journaliste de l’AFP fait jouer ses réseaux et ses gros bras, dans une ville où 5 000 voix suffisent (1/4 des inscrits environ) pour faire basculer une élection. Une aide qui n’a sûrement rien à voir avec sa libération conditionnelle.
Si on a coutume de dire qu’un tel livre se lit comme un thriller, entendu qu'il n'en est justement pas un, « Le maire et les barbares » est surtout écrit comme tel. La rigueur des faits en plus.
Mais surtout, sorti en février 2020, ce livre-enquête n’a - jusqu'à maintenant - fait l’objet d’aucune plainte en diffamation, un gage certain de sérieux.
Surtout quand on sait que la protection fonctionnelle des élus, appelée vulgairement « procédure bâillon », n’est jamais en reste pour faire taire quiconque dévoile leurs agissements.
Reste qu’on ne peut que déplorer le silence assourdissant de la classe politique depuis la sortie du livre, et plus encore de la part de la gauche. Laquelle visiblement ne sait pas réagir face à la mise en place d’un « écosystème islamique » dont la critique entrainerait une possible accusation de la fort pratique « islamophobie ».
Système dont par ailleurs, elle n’est pas non plus la dernière à se servir.
En conclusion une dernière petite frayeur.
L’élu de la commune voisine, qui aurait donc financé ce surprenant barnum, aspirait alors, dit-on, aux plus hautes fonctions du pouvoir exécutif de la République. Mais la candidature d'Emmanuel Macron lui aurait barré la route.
Toutefois, rétrospectivement, peut-on croire, sachant ce qui s'est déroulé à Bobigny, que la campagne électorale qu'il aurait alors menée pour accéder à la magistrature suprême aurait été moins douteuse que celle que l'UDI a menée en 2014 ?
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