Jeu de massacre mondialement connu « Battle Royale 2006 » est aussi, comme vous le savez sûrement, un roman écrit par Kōshun Takami. Un livre beaucoup plus intéressant que ne le laisse croire son accroche.
Dans un futur relativement proche, si on en croit la technique utilisée par les uns et les autres, la République de Grande Asie organise, chaque année, un affrontement mortel au sein d'une classe de collège, tirée au sort.
Le roman, traduit par Patrick Honoré, Simon Nozay et Tetsuya Yano, est d'une certaine manière l'hybridation d'une dystopie orwellienne dirigée en lieu et place par le « Reichsfürer », à la place donc du célèbre « Big Brother », largement influencée par le court récit de Richard Connell, The Most Dangerous Game (alias Les Chasses du comte Zaroff), et supervisé par Barbara Cartland. Un combo finalement beaucoup plus lisible que mon laborieux name-dropping risque de le laisser penser.
Et le tour de force n'est pas mince.
L'auteur doit en effet tenir la distance de presque 600 pages, avec pour tout viatique une quarantaine de collégiens et de collégiennes qui s'entretuent. Ou qui refusent de jouer le jeu. Ou qui tentent d'en pervertir les règles.
Fort heureusement, en filigrane, mais de façon très efficace, Kōshun Takami dessine la société où un tel jeu a pu naître. Et se faisant, écrit une histoire solide et captivante. Il ne s'agit pas seulement d'aligner un body count, et d'imaginer les différentes manières d'y parvenir (même si cela fait partie du « jeu »), mais bien pour l'auteur de chorégraphier le portrait d'une jeunesse et du monde dans lequel elle vit, à la manière d'une rencontre de catch.
Un roman dont l’intérêt dépasse de très loin son pitch racoleur.
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