Accéder au contenu principal

Widowland [C.J Carey / Fabienne Gondrand]

« Widowland » de C.J. Carey, le pseudonyme d'une journaliste anglaise, par ailleurs veuve d'un romancier de renommée internationale, est une uchronie dont le point Renouvier™ se situe en mai 1940.
            Contrairement à ce que dit notre Histoire, C.J. Carey fait de Lord Halifax le premier ministre du Royaume-Unis au mois de mai 1940. Et lui fait signer un traité de « Grande Alliance » avec l'Allemagne, ce qui place le Royaume-Unis sous protectorat.
Avec ce roman, C.J. Carey rejoint les préoccupations romanesques de feu son mari, mais sous l'angle uchronique donc, mais également dystopique.
            On y retrouve en effet toute la panoplie disponibles des utopies qui tournent mal. Cependant celle de Carey réserve un sort préférentiel, si je puis dire, aux femmes.
Son personnage principal en est une, et le roman nous invite à voir le Protectorat au travers de ses yeux.
Il faut dire que leur sort n'est pas enviable, même si Rose Ransom (le personnage en question) a la chance - toute relative - d'occuper une place dans la caste supérieure, celle des « femmes de catégorie VI (c) ». Si les vertus reproductrices d'icelles sont bien entendu scrutées avec maniaquerie, un soin particulier, quasi obsessionnel également, est porté à leur toilette. Hasard, au moment où je lisais ce roman, en Isère, un édile faisait montre d'un intérêt tout aussi curieux pour les tenues de bain de ces dames. On est certes pas dans le même cas de figure, mais voir un maire céder aux revendications communautaristes à visées religieuse n'augure rien de très bon.
Mais revenons dans le monde que décrit C.J. Carey, où l'Histoire est réécrite pour satisfaire aux normes en vigueur, car le Protecteur pense « que les livres sont aussi dangereux que des bombes ». Rien à voir avec le fait de changer le titre d'un roman de Joseph Conrad comme on a pu l'apprendre récemment, ni avec l'autodafé de bandes dessinées dans une école de l'Ontario, au Canada. Rien bien sûr de comparable, nous ne sommes pas en dictature pas plus que les Canadiens mais le roman évoque aussi le « détournement culturel ». 
Durement réprimé car il n'est pas question sous le Protectorat de s'imaginer comprendre la manière de penser d'autrui. L'inclination qui est la mienne n'a pas pu s'empêcher de rapprocher ce « détournement culturel » du reproche d'appropriation culturel que nous connaissons que trop bien.
La scolarisation des jeunes filles a aussi été modifiée, puisqu'on considère qu'elles n'ont pas besoin d'être trop instruite. Une coïncidence sûrement fortuite avec ce qu'une idéologie en vogue impose dans certaines parties du monde. Ou plus près de nous, mais moins visible, sauf pour qui aurait vraiment mauvais esprit, une retraduction française du Club des Cinq conjugue un présent à une simplification du vocabulaire, et des titres plus « politiquement corrects ». <sourire jaune>
Mais Padamalgam© !
Et bien évidemment, le Protectorat est une société de surveillance.
Qui Dieu merci n'a rien à voir avec les velléités d'une universitaire par ailleurs candidate malheureuse aux primaires 2022 de son parti, qui déclarait très récemment sur une chaîne de télévision quasi confidentielle : « Non mais on ne va pas regarder dans le lit des gens ? Mais si. Et on va regarder dans les foyers des gens ce qui s’y passe. S’il y a quelque chose d’injuste et de structurellement injuste, alors il faut donner les moyens aux femmes de pouvoir s’en sortir, bien sûr.». Là, c'est pour notre bien, du moins pour celui de notre tendre moitié.
            Mais fi d'interprétations,  si« Widowland » parle très probablement de notre époque, mais pas sûr que tout le monde y verra les mêmes points de contact que moi (ça ne serait guère rassurant), C.J. Carey a aussi surtout écrit un roman d'aventures et de suspense.
S'il s'inscrit dans une tradition où l'ont précédée des auteurs tels que par exemple Robert Harris ou encore Len Deighton (le cas de P.K. Dick est un peu à part je pense), C.J. Carey y apporte un point de vue plutôt neuf et intéressant.
En outre on ne s'y ennui pas une seconde. Si c'est bien la moindre des choses, ça va mieux en le disant.    
Verdict : À découvrir !

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich