En décembre 1942 apparaît un adolescent super-héroïque, Kid Eternity, dans Hit Comics numéro 25. L’histoire n’est pas crédité mais on attribut généralement la partie artistique à Sheldon Moldoff co-créateur de nombreux personnages tels que Poison Ivy, Hawkgirl et entre autre dessinateur de la couverture de All-American Comics #16 où apparaîtra le premier Green Lantern.
Roy Thomas : [..] Vous avez dessiné la première histoire de Kid Eternity pour l'éditeur Quality de Busy Arnold n’est-ce pas ?
Sheldon Moldoff : Ouais, j’étais déjà freelance. [..] Quality m’appelé et [..] j’ai fait quelques histoires, voilà c’est tout.
Dans l’Atlantique un cargo est torpillé par un sous-marin allemand et on assiste à la mort du capitaine du navire, grand-père d’un jeune garçon seulement appelé Kid. Finalement tous les membres de l’équipage sont tués dans une explosion finale. La scène d’après, tout le monde se retrouve sur un pont menant (probablement) au Paradis. Cependant Kid n’est pas sur la liste et M. Keeper le gardien, le renvoi sur Terre. Mais dans un état intermédiaire, ni mort, ni vivant. En outre en récitant une formule il acquiert des super-pouvoirs :« Justice shall never perish from the realm of the living. It shall exist throughout eternity / La justice jamais ne disparaîtra. Elle existera de toute éternité. »
D'une certaine manière Kid Eternity et un croisement entre Captain Marvel Jr. le premier adolescent super héroïque qui ne soit pas le faire-valoir (sidekick) d'un super-héros adulte et dans une moindre mesure de Green Lantern pour l'utilisation d'un formule magique.
Il semble que dans le premier épisode Kid Eternity était capable de devenir lui-même un personnage historique. Ensuite il ne fera que convoquer les personnages historiques, fictif ou réel et il ne fera plus corps avec eux.
Car c’est là son pouvoir : invoquer quiconque d'historique pour l’aider dans son aventure. (Il dispose aussi d’autres facultés : devenir invisible, intangible et voyager dans le temps d’une manière limité.)
Car c’est là son pouvoir : invoquer quiconque d'historique pour l’aider dans son aventure. (Il dispose aussi d’autres facultés : devenir invisible, intangible et voyager dans le temps d’une manière limité.)
Regardez l'onomatopée de transformation |
On voit ici plusieurs points communs avec Captain Marvel Junior.
Tout d’abord la jeunesse des deux protagonistes inhérente aux « besoin » de modèles des jeunes lecteurs de comic books.
Car à la fin de 1939, le plus jeune fils du Captain Wilford ("Billy") H. Fawcett, Roscoe, travaille pour l'éditeur Fawcett celui-là même qui publiera la Marvel Family et les sondages montrent alors nous dit-il dans un entretien de 1997, que les lecteurs de comics ont alors entre 10 et 12 ans.
C'est ce sondage et les cogitations du directeur artistique Al Allard, de Ralph Daigh directeur de la rédaction et les siennes donc, qui vont semer la graine de ce qui deviendra Captain Marvel (celui qui prononce SHAZAM).
Sans oublier bien sûr l'intervention bien connue de Bill Parker. Puis de C.C Beck.
Captain Marvel et la Marvel Family ont été créés avec pour cible commerciale un jeune lectorat, je rappelle que Captain Marvel vendait plus à l'époque que Superman lui-même.
On remarquera l'onomatopée de transformation |
Captain Marvel est un super-héros dont l'alter ego est un enfant (Whiz Comics février 1940).
En mars 1940 Detective Comics est mis en vente (date de couverture avril 1940), ce numéro voit apparaître Robin le Boy wonder et accessoirement le sidekick (faire-valoir/partenaire) de Batman.
En outre il ne faut pas oublier un autre jeune personnage qui a peut-être d'ailleurs influencé la création de Robin, il s'agit du fils adoptif de Tarzan : Boy, qui apparaît en juin 1939 dans le quatrième film de Tarzan.
À l'époque la jeunesse à le vent en poupe.
Il faut dire qu'en 1940 80% des ados et 90% des enfants de l'enseignement primaire lisent des comic books (Source : Jeffrey K. Johnson - Super-history: Comic Book Superheroes and American Society, 1938 to the Present).
Au milieu des années 40 : 90% des enfants âgés de 6 à 11 ans lisent en moyenne 15 comic books par mois (Source : Ian Gordon).
Et les super-héros ont une influence sur la jeunesse américaine, du moins c'est ce que laisse entendre le témoignage qui suit.
Fin 1940 un enregistrement sur microsillon est réalisé à destination des membres du congrès annuel de L'Association des grossistes indépendants de magazines du Sud, on y trouve notamment un entretien avec Jerry Siegel.
Mais ce qui est ici tout aussi intéressant c'est la présentation de Superman et de ses retombées médiatiques :
Présentateur : Les parents approuvent Superman, car il ne se sert pas de pistolets ni d'autres armes, et mène pourtant une guerre incessante contre le crime et l'oppression. [...] Plus de cent milles garçon et filles aux Etats-Unis et au Canada font partie des Supermen of America, un club voué aux valeurs américaines. Ecoutez cette mère de famille :
Femme : "Mon garçon a huit ans, et semble ne pas vouloir se lasser de Superman. [...] Billy mange ses céréales et boit son lait régulièrement depuis que Superman lui a dit de le faire."
Source Back-Up n°10
On comprend dés lors la création de ces jeunes super-héros.
Les origine de Freddy Freeman qui voit son grand-père se faire tuer dans un bateau par des nazis et qui est sauvé par Captain Marvel sont très proche des origines de Kid Eternity.
Tous les deux ont un cri de guerre « Captain Marvel » pour l’un et « Eternity » pour l’autre. "Eternity" qui rapelle le "Rock of Eternity" de Cpt Marvel.
Tous les deux tirent leurs pouvoirs d’une même source ou presque, pour Cpt Marvel Jr. des dieux, par l’intermédiaire de Cpt Marvel Sr., et pour Kid Eternity de figures historiques, ce qui inclus aussi les dieux d’ailleurs, qu’il peut convoquer et dont il peut se faire obéir.
Plus tard DC Comics qui aura la propriété des deux personnages en fera des frères.
Et au début de années 1990, Grant Morrison écrira une mini série avec un Kid Eternity revisité et plongé dans le grim & gritty dont Jean-Marc Lainé dira qu'il s'agit d'un "genre grinçant où s’épanouissent des héros plus durs, guère ralentis par les états d’âme qui ont toujours balisé les actions des personnages Marvel sur le modèle de Spider-Man. Les super-héros y sont confrontés aux réalités de la vie et aux problèmes de société (chômage, violence, criminalité, armes à feu, drogue…)" (in Super héros! La puissance des masques).
Rappelons pour mémoire que le dessinateur des premières aventures de Cpt Marvel Jr., Mac Raboy a dessiné la première couverture mettant en scène Kid Eternity.
Rappelons pour mémoire que le dessinateur des premières aventures de Cpt Marvel Jr., Mac Raboy a dessiné la première couverture mettant en scène Kid Eternity.
Or donc, si cela vous tente Kid Eternity fait de nouveau parler de lui dans l'hexagone via l'éditeur Urban Comics qui a publié la version de Grant Morrison ces jours derniers.
(À suivre .... ?)
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