Butch est un réparateur de climatisations qui se rêve en grand criminel ; entre refroidir une pièce et refroidir quelqu'un il n'y a finalement pas de différence de nature mais seulement de degrés. <sourire>
Il faut dire qu'il vit dans un monde où ceux-ci ont pignon sur rue. Il y existe même une sorte d'almanach de la « profession » qui s'appelle Gros Calibres™ (Big Dick™ en V.O).
Car pour dire le vrai notre réparateur vit dans une sorte de version biopunk de notre réalité. En nettement plus baroque quand même.
Le Biopunk, kézako ?
Eh bien ce sous-genre de la science-fiction, est pour le dire rapidement une variation organique du Cyberpunk.
Là où ce dernier propose une quincaillerie d'implants électroniques, d'autoroutes de l'information, de numérisation des individus et de hackers plus coolamundo tu meurs ; le Biopunk incube des manipulations génétiques, de l'ADN, des médicaments de synthèse et des virus qui n'ont plus rien de virtuels (liste non exhaustive).
À l'instar du Cyberpunk, terme popularisé par Gardner R. Dozois suite à la publication de Neuromancien, par William Gibson, son clone, le Biopunk (pour le dire encore plus vite), revendique le même esprit rebelle & transgressif que l'on prête volontiers - à tort ou à raison - au mouvement Punk, que le roman de 1984 a su si bien émuler. « Punk » est ainsi devenu une antonomase (si j'ose dire), et une kyrielle de sous-genres de Sf se l'est appropriée à moindres frais : Steampunk, Dieselpunk, Solarpunk, etc.
Si j'ai cité Neuromancien c'est que d'une part cette histoire est une tête de gondole du Cyberpunk, mais aussi & surtout car « Ballistic » en reprend l'esprit, à défaut de la lettre.
Ambiance hard-boiled donc pour notre virée à Repo City (mais décalée complétement barrée), zaibatsu criminels itou, Butch aura même sa Molly Millions en la personne de Gennie², et le Japon du roman de Gibson laisse place à une Corée tout aussi ornementale, bigarrée et essentielle que dans le premier roman de la trilogie dite de la Conurb.
« Ballistic » est la plus importante incursion d'Adam Egypt Mortimer dans le domaine de la bande dessinée. Ami de Grant Morrison (qui se fend ici d'une brève préface) avec qui il semble partager un même jusqu'au-boutisme, et un projet (Sinatoro) dont je ne sais plus s'il s'agit d'un film, d'une série télévisée ou d'une BD (mais qui n'a pas encore vu le jour). Et de Darrick Robertson qui lui prête son talent pour mettre au jour ses idées les plus fantasques. Robertson avoue d'ailleurs que c'est l'idée d'une voiture ailée qui lui a vendu le projet.
Commercialisé en France dans la collection Glénat Comics™, qui a en son temps proposé de belles séries (ou mini-série) américaines, comme Lazarus, Lady Killer ou Coda par exemple, « Ballistic » fait partie des petites perles, injustement passées inaperçues.
D'autant que cette édition met les petits plats dans les grands.
Préface de Morrison donc, notes du scénaristes qui détaillent le lore, une galerie des couvertures américaines, un sketchbook des croquis de Robertson, les remerciements de ce dernier et de Mortimer qui font office de sérieuses postfaces, et même une postface incongrue sur le « transréalisme » (de Rudy Rucker) par Brett Gurewitz, dont je me demande qu'elle rapport ce manifeste de Sf entretient-il avec l'histoire de Mortimer & Robertson [Pour en savoir +].
En conclusion il est largement temps de redonner une chance à cette mini-série, d'autant que le recueil de Glénat Comics™ se négocie à très bon prix sur la marché de l'occasion.
En conclusion il est largement temps de redonner une chance à cette mini-série, d'autant que le recueil de Glénat Comics™ se négocie à très bon prix sur la marché de l'occasion.
Pour ma part je l'ai lue plusieurs fois et le divertissement qu'elle procure ne s'est pas encore démenti.
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