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Mission Tigre [Mick Herron / Laure Manceau]

Bon, Actes Sud™ a fini par se réveiller, et embrayer sur la diffusion de l'adaptation [Pour en savoir +] des romans de Mick Herron pour nous proposer le troisième tome des laissés-pour-compte du MI5 ; série que l'éditeur avait laissé tomber en 2017 [Pour en savoir +], faute de lecteurs sûrement.
« Il y a des livres dont la couverture fait tout le prix »
Oliver Twist
            Cette très bonne idée n'a malheureusement pas été jusqu'à proposer une couverture qui accroche le chaland. 
Alors que j'aime cette série, et que j'attendais sa reprise, je suis pourtant passé à côté de son anonyme couverture. <hashtag exaspération>
Tenez, je lisais dernièrement un article au sujet de Guillaume Musso, un auteur qui paraît-il caracole au sommet des meilleures ventes de romans depuis des années, eh bien Guillaume Musso le best seller,  accorde une grande attention aux couvertures de ses romans. Si si !
Pas sûre donc, que « Mission Tigre » sorte du lot de la pléthore de bouquins qui arrivent toutes les semaines en librairie, grâce à sa couverture. Les éditions originales ne font pas plus preuve d'originalité, cela dit. Même si Actes Sud™ aurait pu, je ne sais pas, s'inspirer justement de ladite série télévisée (infra).
            De toute façon je vous déconseille de commencer par celui-ci, préférez le premier de la série, La Maison des tocards, puis Les Lions sont morts, avant de lire « Mission Tigre ».
En effet, le natif de Newcastle upon Tyne construit des personnages qui méritent d'être découverts au fur et à mesure, pour apprécier les différents romans à leur juste valeur. 
« Mais elle faisait partie de son équipe, et on ne piquait pas ses affaires à Lamb impunément. »  
            Ceci étant dit, si vous avez vu la troisième saison de Slow Horses [Pour en savoir +], le canevas de l'histoire de ce troisième tome des aventures des 
« Tocards » ne vous sera pas totalement étranger. Même si assez différent dans ses tenants et surtout ses aboutissants.
À ce titre, le roman se termine sur un climax bien plus intense que la fin du sixième épisode.
            La série de romans qui a inspiré la série télévisée est en effet beaucoup moins politiquement correct. Ce qui la rend plus brutale, plus vicieuse mais aussi plus amusante.
Toutefois on est bien dans une série d'espionnage, et Mick Herron y use de toutes les ficelles du (mauvais) genre en question.
            J'en profite pour saluer le courage de l'auteur, alors que fleurissent les chemises brunes à fleurs (autrement dit dans la langue de Ian Fleming, les social justice warriors) et les relecteurs susceptibles alias les sensitivity readers, Mick Herron donc, continue d'écrire des personnages et des situations que la moraline progressiste réprouve.
Reste à savoir si le succès du show télévisé ne va pas l'obliger à mettre de l'eau dans son vin !? 
« Se faire tirer dessus c'est bête comme chou. Pas besoin d'entraînement. »
            Bref, si comme moi vous avez vu les six épisodes de la série télévisée, et que vous l'avez appréciée, il y a peu de risque que « Mission Tigre » vous déçoive. 
D'autant que l'intrigue est assez différente pour qu'elle nous accroche quand même. Sans parler des personnages bien plus abrasifs que ceux de la télévision.
Reste que lorsque la merde s'accumule devant le « Placard » il faut se demander qui peut bien avoir la pelle.
            Donc, comme je le disais les romans de la série sont essentiellement des romans d'espionnage, des thrillers, et que même si on passe pas mal de temps à rire franchement, l'intrigue est soignée, les rebondissements nombreux et au final Herron livre une histoire bien tordue.
Et bien écrite ; je remercie d'ailleurs Laure Manceau pour son travail de co-auteur.
Mick Herron multiplie donc grosses blagues et fines allusions, tout en réservant un bon tiers du roman à de l'action sauvage et bien rugueuse.
Il se permet même un belle figure de style : l'épanadiplose. <soupire> 
            En un mot comme en cent, cette excellente série d'espionnage a besoin de vous pour continuer son rude chemin dans l'Hexagone : lisez, et surtout achetez les aventures de Jackson Lamb (caricaturé supra par Jonathan Edwards) et de son équipe de tocards. Elles le valent bien !     

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