Si l’intrigue de Blue Dawn (qui se déroule en 2026) est motivée par un évènement (plot driven), ce roman est surtout l’histoire de ses personnages (Characters driven) qui mènent une guerre civile. Un sujet qui appartient complétement à l’Histoire des États-Unis d’Amérique.
C’en est presque un cliché.
Concernant la structure même du roman, Blaine L. Pardoe applique une formule qui a fait ses preuves : il donne successivement le point de vue de plusieurs personnages - des personnages clés, que nous suivrons tout au long du roman. À moins bien entendu qu’ils ne leur arrivent quelque chose de fatal en cours de route.
Chaque chapitre alterne ainsi plusieurs perspectives, ce qui donne au récit, une belle dynamique ; et entretient un suspense de la plus belle eau.
Il use aussi de la technique du flashback, pour, paradoxalement, faire avancer son histoire.
Bref, rien à redire, Blue Dawn est un thriller, et l’un des meilleurs.
Mais Blue Dawn est surtout un thriller politique, tendance conservatrice, dixit Pardoe lui-même ; il est donc de parti pris.
Et, contrairement à ce qui se fait d’ordinaire du côté du
« Camp du Bien® », il ne s’en cache pas.
L’arrogance du « Camp du Bien® » est en effet de penser que son idéologie, n’en est pas une, et ensuite que tout le monde la partage.
Et lorsqu’il s’aperçoit que ce n’est pas le cas, eh bien c’est le sujet de Blue Dawn.
• Les soviets plus la bien-pensance
Dans ce roman donc, dont le titre évoque bien évidemment L’Aube rouge1984 (Red Dawn), le film de John Milius où les États-Unis sont envahis par l’U.R.S.S., l’ennemi qui n’est plus le communisme comme en 1984 (encore que !) est, pour le dire rapidement, le wokisme.
Cette idéologie qui ne voit la société que sous le joug de la domination, où la cancel culture est exigée, où l’appropriation culturelle est un crime, et où des relecteurs susceptibles s’en prennent non seulement aux fictions d’aujourd’hui, mais réécrivent impunément celles d’hier.
Quand ce n’est pas les livres d’Histoire, ou tout simplement la biologie elle-même.
Et si ce thriller est fermement ancré dans la culture américaine, il n’y a rien qu’un gallo-ricain ne puisse pas saisir. De toute façon il faudra le lire dans la langue d’Hemingway pour l’instant. Et il n’y a aucune raison que ça change ; le gauchisme culturel étant en France, hégémonique, difficile de croire que Pardoe y trouve un éditeur.
De toute façon, si d’aventure le roman évoquait certains faits qui pourraient le cas échéant nous échapper, en tant qu’ils seraient des allusions à des choses que le lecteur ne connaitrait pas, car trop locales par exemple ; l’idée de Blue Dawn, du moins telle que je la comprends, n’est pas de décrire ce qui se passe aux U.S.A. de manière exacte, mais d’en extrapoler certains faits pour les transformer en matière romanesque. Mission accomplie !
Or donc, la guerre civile qui y est décrite, cinq ans après un coup d’état de l’extrême-gauche, est certes spectaculaire, mais Blue Dawn c’est aussi l’histoire d’un affrontement entre voisins, entre frère et sœur, en un mot des oppositions plus « domestiques ». En outre, derrière les grandes idées, les slogans idéologiques, derrière la « Révolution », il y a aussi (surtout ?) les basses manœuvres politiciennes. Blaine L. Pardoe ne s’interdit rien pour nous captiver.
Les U.S.A. sont donc devenus Newmerica, une utopie dystopie progressiste où le patriotisme est un crime, et où les anciens symboles : l’hymne national, le drapeau, la monnaie, les statues - même le Mont Rushmore a subit les assauts des autoproclamés Social Justice Warriors (voir couverture), sont détruits.
Et y faire allusion est le meilleur moyen d’aller dans un des camps « de quarantaine sociale » où les opposants sont rééduqués. Des camps qui parsèment désormais le pays. Les Antifas sont devenus une force de police de la pensée, bref les chemises brunes à fleurs ont pris le contrôle.
Heureusement, un groupe d'individus entreprend de changer les choses.
(À suivre ....)
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