Accéder au contenu principal

Ribbon Queen [Garth Ennis / Jacen Burrows / Laurence Belingard]

Naïvement je me suis montré complaisant à l’égard de Garth Ennis. 
            J’invoque souvent, et à juste raison, la mini-série Le Soldat inconnu, qui m’avait fait forte impression. Et qui reste encore aujourd’hui, mon meilleur souvenir de lecture le concernant. 
            D’autre part - comme je le disais encore récemment, que Garth Ennis écrive des scénarios sur des archétypes qui me plaisent, cela m’incite naturellement à m’intéresser à son travail. 
Des histoires où certes, je ne trouve pas forcément mon compte ; mais quel acteur de la culture de masse peut se targuer de contenter, à chaque fois, ses fans
            Un entêtement qui m’a donc fait acheter le recueil « Ribbon Queen », commercialisé par Panini™, alors même que j’avais lu le premier numéro en version originale. 
Une entrée en matière qui ne m’avait pourtant laissé aucun doute sur ce que serait cette mini-série.
« (Une) valeur morale positive augmente la valeur artistique, alors qu’une valeur morale négative la diminue » Carole Talon-Hugon (philosophe) 
Toujours est-il que croyant encore que le contenu de ce premier numéro soit une mésinterprétation de ma part, j’ai donc acheté ce recueil, 28 € quand même ! 
            Commençons par le commencement, en l’occurrence la lettre d’intention le tract de l’éditeur américain AWA Studios™ : « The Ribbon Queen entraînera les lecteurs dans un voyage glaçant et plein de suspense, tout en abordant des thèmes tels que le crime et le châtiment, la vengeance contre la justice, la masculinité toxique et la corruption de la police dans la ville de New York d'aujourd'hui. » 
C’est moi qui souligne la « masculinité toxique », tant ce vocabulaire situe, je trouve « d’où parle » AWA Studios™. Si je peux me permettre cette référence datant de l’époque du marxisme triomphant. 
Même si, ajouter « toxique » à « masculinité » c’est, de nos jours, un quasi pléonasme. » sourire « 
AWA Studios™ précise, pour ceux qui auraient encore un doute, que cette histoire se déroule, je cite : « dans le sillage des manifestations du mouvement Black Lives Matter™ de l’été 2020 ». Autrement dit, dans le sillage de l’arrestation et de la mort de George Floyd. 
            Avant d’aller plus loin, ce qu’AWA Studios™ nomme pudiquement des manifestations, s’appellent pour moi : émeutes, pillages et vandalisme. 
Mais attardons-nous un peu sur George Floyd. 
            Je n’aurais pas l’outrecuidance de rappeler que 2020 était, aux U.S.A., une année d’élection présidentielle. 
Par contre, ma conviction intime est que cette mort a été « récupérée » par le camp du Bien, ce qui est normal. Mais ce qui l'est moins c'est que le procès des policiers a été méchamment instrumentalisé.
Au risque d'être passé à côté de la vérité.
            Pour commencer, le casier judiciaire de George Floyd est plus long qu’un jour sans pain, et son arrestation par un policier Noir (ce qui ne sera jamais précisé), le jour fatal, fait suite à une tentative d’escroquerie. Ce qui entraînera l’arrivé dudit policier donc, appelé par le commerçant à qui Floyd voulait acheter de la marchandise avec de la fausse monnaie. 
Floyd résiste à son arrestation, et on peut d’ailleurs l’entendre dire sur la vidéo de la caméra mobile de l’agent qui l’arrête, avant qu’il ne soit maintenu au sol, qu’il ne peut pas respirer. Déjà !
Cette résistance sera suffisamment longue pour que d'autres policiers arrivent sur place.
F
loyd se retrouve finalement au sol, maintenu par une technique, officiellement enseignée aux policiers de Minneapolis, contrairement à ce qui sera dit, sous serment, au moment du procès. 
Une technique donc connue sous le nom de « Maximal Restraint Technique » (MRT).  
George Floyd meurt malheureusement sous le genou d’un des policiers, Derek Chauvin, et sous les yeux du monde entier, filmé par des passants. 
            Mais tout le début de l’arrestation, notamment lorsque Floyd se plaint d’avoir du mal à respirer, sa résistance à l’interpellation, avant donc d’être immobilisé au sol ; ces images ont mis plus de deux mois avant de circuler. Je précise que George Floyd a, juste avant son arrestation, avalé de la drogue (emballée) pour la faire disparaitre. Dans son véhicule on retrouvera d'ailleurs du Fentanyl® et de la méthamphétamine. 
            En lisant son autopsie, qui a été faite dans les 12 heures après son décès, on peut y lire qu’il n’y a pas de preuves formelles que George Floyd est mort par asphyxie. Mais par contre on peut y lire qu’il avait des problèmes cardiaques. Ce qui sera nié par la partie civile. 
On y apprend aussi qu’il était donc sous l’empire de stupéfiants. Dont de la méthamphétamine qui est un produit bien entendu incompatible avec ses problèmes cardiaques. 
            Ces drogues, plus ses problèmes cardiaques donc, plus le stress ; il n’en fallait sûrement pas plus pour que ça se passe mal pour lui. 
Un point important, les policiers avaient, avant que ça ne tourne mal, appelé une ambulance (qui mettra semble-t-il, beaucoup de temps pour arriver). 
Ce qui par ailleurs aurait pu être fait encore plus tôt, si George Floyd n’avait pas menti sur sa prise de stupéfiants. 
Mais surtout, ce rapport est sorti deux mois ½ après la mort de Floyd, donc après des jours et des jours d’émeute. 
Le médecin légiste y affirme que Floyd est mort d’un arrêt cardiaque, principalement dû à ses antécédents de santé et aux drogues qu’il avait consommées. 
            En sus, au moment du procès de Derek Chauvin on reprochera à l’agent de police d’avoir utilisé une technique (la MRT) qui n’est pas enseignée aux membres des forces de l’ordre de la police de Minneapolis
Ce qui est faux. 
            Du reste, les images enregistrées par les caméras mobiles des agents de police n’ont pas été acceptées comme preuves recevables au procès. On y voit pourtant par exemple, Thomas Lanes l'un des co-accusés, faire un massage cardiaque à Floyd. »shocking«
(un narratif qui serait allé à l'encontre de celui de « Ribbon Queen, où les Noirs sont traqués, lire ci-dessus)
Ou plus important encore, que le genou de Derek Chauvin n'appuie pas sur le cou de Floyd, mais sur son omoplate. 
Mais le juge en charge du procès a refusé que les images des caméras individuelles des policiers, qui offraient pourtant une plus grande variété de points de vue, servent de preuves !!! 
            Un procès verra finalement Derek Chauvin être condamné à 22 ans ½ de prison. Ses collègues écoperont de 3 à 5 ans d'incarcération. 
Notez pour avoir une vision plus large, ou plus complotiste, qu'il y avait 892 agents de police à Minneapolis en 2020, et qu'en 2023 ils n’étaient plus que 512. Suite à cette affaire en effet, et aux émeutes qui ont suivi, une lame de fond a tenté et parfois réussi donc, à définancer la police (defund the police), sur l’ensemble du territoire américain. 
De plus, la famille de George Floyd a touché 27 millions de dollars, octroyés par la ville de Minneapolis
Un signal extrêmement fort pour les délinquants. »soupir«
            Or donc, sûr d’être du bon côté du manche AWA Studios™ s’appuie sur ces faits de 2020 pour faire la promotion de sa mini-série « Ribbon Queen », où il sera question de « la corruption de la police dans la ville de New York d'aujourd'hui ». On est au moins sûr qu’il n’y aura pas d’ambiguïté sur les 
« méchants ». »sourire« 
Écrite par Garth Ennis, qui précise que « Ribbon Queen » est une histoire de coups tordus, d’une vengeance ancestrale, qui se déroule à New York de nos jours, et qui explore le retour de bâton dont ont fait l’objet les mouvements Black Lives Matter™ et #MeeToo
Comme on le voit, il ne va pas rester beaucoup de place pour le divertissement, ni pour les surprises. 
Et effectivement c’est aussi mauvais que je pouvais le craindre. 
Une constatation qui ne semble pas avoir cours chez l'éditeur Panini™, qui par ailleurs ne fait aucune allusion dans son introduction à Black Lives Matter™, ni à #MeToo
« Ribbon Queen » est pour Panini™, à l'intersection des films policiers des années 1970 et de la Dark fantasy. Dont acte !
            Alors que pour moi « Ribbon Queen » est un tract militant, déshonorant pour son scénariste.
Pas seulement parce qu'il prend parti sans aucune nuances, mais parce que son histoire est cousue de fil blanc, qu'elle ne présente aucune tension, ni aucun suspense.
Les personnage sont exactement ce qu'ils semblent être dès qu'ils apparaissent, et Ennis utilise les stéréotypes les plus éculés, de manière tellement visible et téléguidée que c'en est gênant.
            C'est assez simple, tous les « méchants » sont des hommes, Blancs. 
Une exception, bien que son rôle soit assez flou, le capitaine de police (supra), supérieur d'Amy Sun ; et un ex-boyfriend d'Amy, qui pour le coup est aussi asiatique qu'elle. »humm«
Deux personnages assez mineurs, mais qui au demeurant reste des hommes. 
Et dont le Q.I. n'est visiblement pas la partie la plus développée de leur personnalité.
Jugez plutôt :
            Un groupe de flics d'une unité tactique de la police, des hommes rompus à la violence urbaine, à la surveillance et à l'intervention musclée, et qui donc doivent être aux aguets 24/24, se font suivre comme des débutants par une jeune femme sans expérience aucune dans le domaine de la filature.
Une jeune femme qui du reste est harcelée par l'un des deux hommes. Oui c'est assez tordu, puisque ce flic est le chef d'une équipe d'intervention qui l'a sauvée des griffes d'une tueur psychopathe. Ce n'est plus une histoire, c'est un tire-bouchon ce scénario.
Ces deux agents expérimentés se laissent donc filocher par une débutante - et restez assis : alors qu'ils se rendent sur un chantier, complétement découvert, ouvert aux quatre vents, pour ....... tuer quelqu'un. Si si ! Sans rire.
Ce n'est pas comme si aujourd'hui, n'importe qui ne pouvait filmer n'importe quoi avec son smartphone.
Garth Ennis n'est pas un débutant, et même en pilotage automatique il lui reste quelques réflexes. Je vais le dire comme ça.
Outre les « deux fausses fenêtres » déjà citées (le capitaine Noir et le petit ami asiatique), il fait de son héroïne, un agent ayant fait usage de son arme sans sommations. Et donc ?
Ben rien !
Et la suite ?
            Eh bien c'est à l'avenant, on s'emmerde à 100 sous de l'heure ; tous les poncifs du progressisme (attention faux-ami) sont enfilés par un Garth Ennis totalement soumis à l'idéologie woke.
On a même droit à une altercation dans le commissariat entre Amy Sun face à ses collègues, tous des hommes Blancs (ça av sans dire), sauf une femme qu'on croirait échappée directement d'Ilsa la Louve1975 l'un des fleurons, si j'ose dire, de la naziploitation.
Amis du bon goût, bonjour !  
Oui, c'est l'une des caractéristiques du progressisme woke, plus c'est gros plus ça passe.
            Pour en terminer, « Ribbon Queen » est une véritable purge qui emmène avec elle un Garth Ennis sans colonne vertébrale ; difficile en effet de croire que ce scénariste croit aux balivernes qu'il met ici en scène, lui qui il n'y a pas si longtemps faisait de John Wayne la conscience du personnage principal de sa série Preacher, un titre Vertigo® qui exaltait alors l'amitié fraternelle bafouée.  
R.I.P. Garth Ennis

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich