.. Étonnamment, alors que Jerry Ordway est l'un des mes artistes favoris, et que Captain Marvel est un personnage pour lequel j'ai beaucoup d'affection, je n'avais jusqu'à maintenant, pas lu The Power of Shazam (1994).
Un album où Ordway réalise tout de A à X, John Costanza s'occupant du lettrage, et qui met en scène Captain Marvel ; nous suivons les origines du personnage et sa rencontre avec deux de ses ennemis jurés.
D'un point de vue artistique, c'est magnifique. Jerry Ordway donne une prodigieuse vitalité à son dessin, la mise en couleur est somptueuse, les cases sont extrêmement travaillées, la lecture est fluide, bref du très grand art.
Le scénario marie avec élégance une certaine naïveté avec des considérations "plus terre à terre" (c'est encore plus frappant durant les 40-et-quelques numéro qui suivront).
La World's Fair de Fawcett City
Le personnage de Captain Marvel entre les mains de Jerry Ordway n'est pas sans rappeler Tom Strong (et pour cause), on y respire le même parfum : celui d'une réactualisation d'une série qui s'affranchit du temps, ainsi il n'oublie pas les ingrédients qui ont fait le succès du personnage tout en ajoutant quelques éléments que l'on trouvait plus facilement dans les EC Comics que dans les Whiz comics à la fin des années 40.
Clin d'oeil à Bettie Page et à Dave Stevens
Jerry Ordway sait que le lectorat a changé depuis les années 40/50, toutefois il sait aussi ce qui fait la force des comic books de super-héros, plus encore il connait bien Captain Marvel.
Il n'est pas question ici de faire du grim and gritty - une tendance déjà particulièrement vivace au milieu des nineties , il n'est pas question de (re)créer des personnages dans une version psychotique pour s'adresser à un lectorat soi-disant mature. Si Captain Marvel est un personnage éminemment positif évoluant dans un monde de science-faërie : la magie et la science se côtoient, Tawky Tawny est un tigre anthropomorphe qui parle, Captain Marvel doit faire face à une invasion de vers de "terre" vénusiens télépathes , cela n'empêche pas de faire une place à certaines questions : que fait une enfant dehors la nuit, comment aborde-t-il la mort de ses parents, quel stratagème peut utiliser un jeune orphelin vis à vis de l'administration scolaire, bref de petites touches ici et là qui ajoutent au récit sans jamais le dénaturer.
.. D'ailleurs qu'on ne s'y trompe pas, l'album et la série s'intitulent The Power of Shazam, ce pourvoir du Shazam c'est celui de l'imagination, si Captain Marvel a le corps d'un adulte c'est encore un enfant. Billy Batson ne disparait pas de l'équation mathémagique.
Si l'on est un enfant il est probable que l'on soit séduit par la magie de devenir un super-héros en prononçant SHAZAM !, si l'on est un adulte on peut, peut-être, se reconnaître dans cette force de la nature qui a gardé littéralement, une âme d'enfant tout en aimant aussi l'idée de devenir The Big Red Cheese.
... Jerry Ordway réalise avec The Power of Shazam un somptueux album, prélude à une série régulière dont je vous parlerai quand je l'aurai lu entièrement.
Je peux d'ores et déjà dire après quelques numéros, que sa démarre très bien.
Holy Moley ! est l'exclamation de surprise qu'emploie à tour de bras Captain Marvel (que l'on retrouve par ailleurs déjà dans les aventures publiées par l'éditeur Fawcett).
La Moley ou Moly dont il est question ici est la plante (magique) donnée par Hermès, qu'utilise Ulysse pour pour se protéger de la magicienne Circé qui vient de changer ses compagnons en pourceaux.
À suivre ......
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