Accéder au contenu principal

Aleister & Adolf [D. Rushkoff/M.A. Oeming] Wetta

La danse macabre de l'occultisme et du national-socialisme, aussi anecdotique qu'elle fut, n'en occupe pas moins une importante place dans l'imaginaire collectif occidental.
À un point tel, qu'on en prendrait facilement n'importe quelle vessie pour une lanterne. 

Difficile en effet d'y voir clair dans cette relecture à rebours de l'Histoire, mais dont le pire danger serait d'euphémiser le régime nazi.
Lequel, mais est-il nécessaire de le rappeler, s'est constitué sur l'antisémitisme et le racisme.
•••• Fort heureusement, Douglas Rushkoff & Michael Avon Oeming s'en abstiennent.
D'autant plus facilement, que leur propos, et leur point de vue est ailleurs.

Ceci étant, ils ne se gênent pas pour surfer sur une relecture tout aussi fantaisiste de la Seconde guerre mondiale. Ce qui est, si j'ose dire, de bonne guerre, puisque jusqu'à preuve du contraire Aleister & Adolf (traduit par Hugo Peronnet pour les édition WETTA), est une fiction.
Tout comme le sujet de leur récit, quand bien même les « fiction » dont il est question, ont-elles un pouvoir de nuisance et/ou d'influence sur le réel, tout ce qu'il y a de plus tangible.
La préface de Grant Morrison

       Dans une certaine mesure, la bédé Aleister & Adolf (Laquelle est vendue dans un format tout aussi étrange que son contenu : 24 X 16 cm !!) en reprenant les codes qu'elle met à nu, nous permet de toucher du doigt la duplicité dont ils sont eux aussi, culturellement porteurs. Une sorte de preuve par l'exemple.
Cependant, si indubitablement Aleister & Adolf est une BD à « message », les deux auteurs n'en oublient pas pour autant d'injecter tout ce qui fait qu'une bande dessinée peut aussi être un divertissement.

Rushkoff, tout en ferraillant sur une contre-histoire du XXème siècle relativement connue, du moins pour qui s'intéressent à ce quadrant de l'imaginaire, réserve néanmoins quelques belles surprises.  En outre, sa démonstration, quant à la puissance symbolique de ce qu'il compare aux sigils*, est tout à fait convaincante.

Michael Avon Oeming, livre de très belles planches, dont certaines, à la composition très suggestive. En totale adéquation avec le sujet qui y est traité.

•••• En définitive, Rushkoff & Oeming ont concocté une contre-histoire du XXème siècle, commercialisée au prix de 17,95 €, dont la charge divertissante ne gomme cependant pas la grille de lecture, tout ce qu'il y a d’opérationnelle, qu'elle utilise.
Et que l'on peut, à notre tour, choisir d'utiliser. 

Aleister & Adolf est un petit incontournable de ce début de 21ème siècle.
___________________
* J'ai, il y a déjà quelque temps, tenté de démontrer comment Alan Moore avait lui aussi utilisé des sigils, pour inverser la balance karmique en faveur d'une bande dessinée plus solaire [Pour en savoir +].
Grant Morrison, qui a écrit la préface du présent ouvrage, en a invoqué un pour sauver son magnum opus The Invisibles

Commentaires

  1. C'est bien, donc ? comme tu le disais, sur pareil thème, ça peut vite devenir une accumulation de clichés saumâtres…

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, surtout dans la mesure où Rushkoff utilise des choses connues, qu'il relie, pour leur donner une cohérence. Et délivrer son message.

      Supprimer
  2. excellent, j 'ignorais totalement l' existence de ce comics

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Wheelman [Frank Grillo / Jeremy Rush]

En partie produit, et surtout entièrement cornaqué par War Party™, la société de production de J oe C arnahan & de F rank G rillo, et magistralement interprété par ce dernier ; « Wheelman 2017 » repose sur la règle des 3 unités du théâtre dit classique :  • Unité temps : Une nuit.  • Unité d'action : Une attaque à main armée ne se déroule pas comme prévue.  • Unité de lieu : Une BMW E46  Autrement dit, 98% du film se déroule dans une voiture avec seulement F rank G rillo au volant et à l’écran. Son personnage n'interagit avec l'extérieur quasiment que via un téléphone portable.              Tourné à Boston en seulement 19 jours, pour un budget légèrement supérieur à 5 millions de dollars, « Wheelman » est, au moment des comptes, une péloche dégraissée et bien relevée.  D'entrée de jeu les premières minutes donnent le ton : « l'homme au volant » du titre a été embauché pour être chauffeur lors d'un braquage à main armée. Divorcé, sa fille adolescente, d