Sous une très belle couverture de Jean-Sébastien Rossbach, le premier tome de ce qui devrait être une tétralogie, intitulée le Sixième Monde, en référence à la culture Navajo, vient d'être commercialisé.
L'examen attentif de ladite couverture nous renseigne sur le possible dessein de Rebecca Roanhorse :
• Une héroïne dure-à-cuire.
• Un coyote, ou peut-être Coyote, sûrement le plus célèbre trickster connu.
• Un paysage de plaine
• Et un titre français qui renvoie à moult westerns (et à la tristement célèbre « Piste des Larmes »).
Bref, un horizon d'attente clairement circonscrit.
Sauf que pour le coup ce récit d'Urban Fantasy, autrement dit un récit de Fantasy qui se déroule sur notre planète, dont le merveilleux -discret- ne provoque pas de rejet, et contenant une bonne dose de romance ; est vu sous l'angle aborigène.
L'héroïne de La Piste des Éclairs est en effet une amérindienne navajo, et l'essentiel de l'histoire se déroule dans le Dinétah (ou terre natale).
En outre l'autrice se revendique de l'Indigenous Futurism, un mouvement littéraire calqué sur celui de l'Afrofuturisme.
Ici, s'agissant de Fantasy, je traduis par « Fantasy aborigène », entendu que l'aborigène vit dans un pays depuis l'origine de son peuplement, et que cette Fantasy propose un point de vue autochtone au sein des « Mauvais genres » de la Littérature. Ici, celui, romancé, des Navajos.
Cependant La Piste des Éclairs ne se résume pas à des enjeux de classification. On peut d'ailleurs tout à fait les ignorer sans que les qualités de ce premier tome, traduit par Isabelle Pernot, ne s'en trouvent affectées.
Prix Locus© 2019 du « Premier roman », ses 320 pages se lisent quasiment d'une traite (et pour tout juste moins de 10 euros, en format électronique).
Maggie Hoskie est une « chasseuse de monstres », un quasi stéréotype du genre, attachante et rentre-dedans. (J'avoue un faible pour ce genre d'héroïnes, toujours prêtes à botter des culs.)
Elle évolue dans un monde post-effondrement, et s'y confronte à une partie du panthéon amérindien. Dont Coyote, un trickster.
Petit aparté :
Le terme de trickster dans le sens où l'entendons ici, a probablement été utilisé pour la première fois par l'archéologue et ethnologue Daniel Brinton en 1898. Il désigne un personnage particulièrement complexe, identifié d'abord dans certaines cultures indienne d'Amérique du Nord.
Ce personnage apparaît souvent en compagnie d'un « dieu créateur » dont il dérange les plans, mais dont la caractéristique principale, la ruse, finit par se retourner contre lui.
Le terme trickster peut se traduire par celui qui joue des tours avec une nuance de malice très présente. S'il possède des pouvoirs divins, le trickster n'est pas pour autant un dieu.
Paul Radin écrit que le trickster (le terme a été traduit en français par « Fripon divin ») incarnerait : « les vagues souvenirs archaïques des âges primordiaux, où la différence entre ce qui est divin et ce qui ne l'est pas n'était pas encore nette. Le Fripon symbolise cette époque ». Personnage ambivalent, il est donc le résidu d'un temps où les catégorie de bien et de mal n'existaient pas. « [...] le Fripon est à la fois créateur et destructeur [...]. Il ne connaît pas les valeurs sociales et morales, il est livré à ses convoitises et à ses passions et pourtant, toutes les valeurs sont souvent engendrées par ses actions ».
En tout état de cause il est un être « surnaturel », souvent comique, parfois amoral, voire fourbe (mais ces catégories ne le concernent pas comme nous l'avons vu) et qui prend souvent la forme d'un animal agile : le coyote dans les Plaines de l'Amérique du Nord, l'araignée en Afrique, le lièvre, le corbeau, ou encore le jaguar. Il apporte les bienfaits, des techniques et la duplicité de la culture ; ni dieu, ni homme, ni animal il est cependant perçu comme un « héraut civilisateur » ; qui remet continuellement en question l'équilibre des forces cosmique.
Je ne m'étendrai pas sur l'intrigue en elle-même, ce que je dis de Coyote en aparté, en dévoile déjà assez, sinon que ce que risque découvrir un aficionado du genre est que La Piste des Éclairs est, justement, un bon représentant de ce que le genre dit de l'Urban Fantasy peut proposer.
Rebecca Roanhorse avoue ainsi aimer Ilona Andrews, et avoir un faible pour les aventures d'Anita Blake de Laurell K. Hamilton.
Or donc, contrairement à L'ours inculte ou à Thomas Day [Pour en savoir +], j'ai adoré ce premier tome. Qui en plus d'une héroïne comme je les aime, propose un solide page-turner, mais surtout une mythologie originale. A contrario de certains archétypes du genre.
Si Rebecca Roanhorse n'invente pas la poudre, elle sait manifestement la faire parler.
L'examen attentif de ladite couverture nous renseigne sur le possible dessein de Rebecca Roanhorse :
• Une héroïne dure-à-cuire.
• Un coyote, ou peut-être Coyote, sûrement le plus célèbre trickster connu.
• Un paysage de plaine
• Et un titre français qui renvoie à moult westerns (et à la tristement célèbre « Piste des Larmes »).
Bref, un horizon d'attente clairement circonscrit.
Sauf que pour le coup ce récit d'Urban Fantasy, autrement dit un récit de Fantasy qui se déroule sur notre planète, dont le merveilleux -discret- ne provoque pas de rejet, et contenant une bonne dose de romance ; est vu sous l'angle aborigène.
L'héroïne de La Piste des Éclairs est en effet une amérindienne navajo, et l'essentiel de l'histoire se déroule dans le Dinétah (ou terre natale).
En outre l'autrice se revendique de l'Indigenous Futurism, un mouvement littéraire calqué sur celui de l'Afrofuturisme.
Ici, s'agissant de Fantasy, je traduis par « Fantasy aborigène », entendu que l'aborigène vit dans un pays depuis l'origine de son peuplement, et que cette Fantasy propose un point de vue autochtone au sein des « Mauvais genres » de la Littérature. Ici, celui, romancé, des Navajos.
Cependant La Piste des Éclairs ne se résume pas à des enjeux de classification. On peut d'ailleurs tout à fait les ignorer sans que les qualités de ce premier tome, traduit par Isabelle Pernot, ne s'en trouvent affectées.
Prix Locus© 2019 du « Premier roman », ses 320 pages se lisent quasiment d'une traite (et pour tout juste moins de 10 euros, en format électronique).
Maggie Hoskie est une « chasseuse de monstres », un quasi stéréotype du genre, attachante et rentre-dedans. (J'avoue un faible pour ce genre d'héroïnes, toujours prêtes à botter des culs.)
Elle évolue dans un monde post-effondrement, et s'y confronte à une partie du panthéon amérindien. Dont Coyote, un trickster.
Petit aparté :
Le terme de trickster dans le sens où l'entendons ici, a probablement été utilisé pour la première fois par l'archéologue et ethnologue Daniel Brinton en 1898. Il désigne un personnage particulièrement complexe, identifié d'abord dans certaines cultures indienne d'Amérique du Nord.
Ce personnage apparaît souvent en compagnie d'un « dieu créateur » dont il dérange les plans, mais dont la caractéristique principale, la ruse, finit par se retourner contre lui.
Le terme trickster peut se traduire par celui qui joue des tours avec une nuance de malice très présente. S'il possède des pouvoirs divins, le trickster n'est pas pour autant un dieu.
Paul Radin écrit que le trickster (le terme a été traduit en français par « Fripon divin ») incarnerait : « les vagues souvenirs archaïques des âges primordiaux, où la différence entre ce qui est divin et ce qui ne l'est pas n'était pas encore nette. Le Fripon symbolise cette époque ». Personnage ambivalent, il est donc le résidu d'un temps où les catégorie de bien et de mal n'existaient pas. « [...] le Fripon est à la fois créateur et destructeur [...]. Il ne connaît pas les valeurs sociales et morales, il est livré à ses convoitises et à ses passions et pourtant, toutes les valeurs sont souvent engendrées par ses actions ».
En tout état de cause il est un être « surnaturel », souvent comique, parfois amoral, voire fourbe (mais ces catégories ne le concernent pas comme nous l'avons vu) et qui prend souvent la forme d'un animal agile : le coyote dans les Plaines de l'Amérique du Nord, l'araignée en Afrique, le lièvre, le corbeau, ou encore le jaguar. Il apporte les bienfaits, des techniques et la duplicité de la culture ; ni dieu, ni homme, ni animal il est cependant perçu comme un « héraut civilisateur » ; qui remet continuellement en question l'équilibre des forces cosmique.
Fin de l'aparté.
Rebecca Roanhorse avoue ainsi aimer Ilona Andrews, et avoir un faible pour les aventures d'Anita Blake de Laurell K. Hamilton.
Or donc, contrairement à L'ours inculte ou à Thomas Day [Pour en savoir +], j'ai adoré ce premier tome. Qui en plus d'une héroïne comme je les aime, propose un solide page-turner, mais surtout une mythologie originale. A contrario de certains archétypes du genre.
Si Rebecca Roanhorse n'invente pas la poudre, elle sait manifestement la faire parler.
(À suivre ....)
Commentaires
Enregistrer un commentaire