Elvis Cole & Joe Pike sont deux détectives privés créés par Robert Crais. Ils opèrent principalement à Los Angeles et ce depuis « Prend garde au toréador », en 1987.
Les deux hommes qui se vouent une amitié indéfectible, sont deux ex-militaires décorés qui ont fait leurs armes (sic) pendant la guerre du Vietnam.
Elvis Cole a servi dans les Rangers, puis est devenu détective privé ; « le meilleur détective du monde ». On sait également qu'il pratique plusieurs arts martiaux dont le Shen Chuan©, inventé et enseigné par l'écrivain Joe R. Lansdale. [Sourire]
Joe Pike s'est, de son côté, enrôlé dans les Marines, puis au LAPD où il a fait un bref passage de trois ans sous l'uniforme avant de devenir l'associé d'Elvis Cole.
Pike est, jusqu'au huitième roman de la série (sur les dix-neuf parus pour l'instant aux États-Unis), un adjuvant très mystérieux et particulièrement efficace de Cole. Une sorte de bras (droit) armé, qui fait aussi peu de prisonnier que de sentiment.
Lors de ce 8ème roman donc, intitulé « L.A Requiem », on en apprend plus sur son passé - notamment son enfance, et sur sa formation militaire « — Oui, soldat, répondit Aimes. Si vous venez chez moi et si vous devenez un de mes jeunes, je ferai de vous l’homme le plus dangereux de la terre », ainsi que sur la raison de sa démission de la police de Los Angeles et l'inimitié de (presque) toute la police de L.A..
Petite précision, si « L.A Requiem » est la huitième enquête du duo, elle est la sixième traduite car deux romans, occupant respectivement la quatrième et la sixième place dans la chronologie originale, n'ont pas eu l'heur de paraître en France.
Si Robert Crais donne plus ou moins de place à Joe Pike dans les romans suivants, d'une manière générale c'est Elvis Cole qui en occupe toujours le plus.
Jusqu'à « Mortelle protection » où les rôles sont complétement inversés, puis dans
« Règle n°1 » et « La sentinelle de l'ombre », où Joe Pike, le temps de ces différentes enquêtes, devient le personnage principal des histoires.
Certains commentateurs mettent également « Coyotes », dans ce qu'il faut donc bien considérer comme la sous-série « Joe Pike », où les rôles entre ce dernier et Elvis Cole sont pourtant relativement équilibrés. Les mêmes n'incluent cependant pas « L.A Requiem » ( ?).
Bref, pour ma part cette sous-série comprend donc, dans l'ordre chronologique :
« L.A Requiem », « Mortelle protection », « Règle n°1 », « La sentinelle de l'ombre » et donc « Coyotes » ; qui est par ailleurs le dernier roman de la série à avoir été traduit, en 2013. Et à mon avis l'un des meilleurs.
Ce qui veut dire que les chances de revoir de nouvelles enquêtes d’Elvis Cole & de Joe Pike dans les librairies françaises sont désormais quasi nulles.
Si Elvis Cole est un personnage très attachant, les rares mais rapidement très attendues interventions de Joe Pike des premiers romans apportent une plus-value indéniable aux récits de Crais.
Sorte de Punisher™ quasi indestructible. Il a quasiment un uniforme : des lunette de soleil qu'il ne quitte jamais - même la nuit, un t-shirt ou un sweat-shirt sans manches, et deux tatouages identique, un sur chaque épaule, représentant une flèche rouge diriger vers l'avant. Dispositif littéraire aidant, il surtout auréolé d'un épais mystère.
Il était donc à craindre que, passant sous les projecteurs du premier rôle, Joe Pike y perde au change.
Un peu comme Léon, dont la brève apparition dans Nikita1990 avait créée chez moi un attrait immédiat ; très méchamment refroidi par le film que lui avait ensuite consacré le même Luc Besson, quatre ans plus tard.
Idem pour Alejandro, dont le charisme et la stature sont très proche de ceux de Joe Pike, qui devient plus banal dans la suite de Sicario2015.
Et pourtant pas du tout.
Robert Crais arrive à maintenir un très haut degré d'intérêt pour son personnage.
Alors que dans les premières enquêtes c'est sa dimension presque sur-humaine qui captive, ainsi que son comportement en complet décalage avec celui de ses contemporains ; l'approfondissement de sa personnalité change certes le regard qu'on lui porte, mais n'enlève rien à l'attraction qu’il exerce. Crais s'est livré à un exercice très périlleux, mais il peut être fier du résultat.
D'une manière globale, la série Elvis Cole & Joe Pike est plus que digne d'intérêt, et les romans plus précisément consacrés à ce dernier sont parmi les meilleurs.
C'est d'autant plus dommage d'avoir stoppé la traduction, que le roman après
« Coyotes », intitulé The Promise, paru en 2014 aux U.S.A., réunissait bien évidemment Elvis Cole & Joe Pike, mais aussi Jon Stone, un mercenaire qui a parfois apporté son soutien aux deux détectives. Ainsi que Scott James & Maggie qui ont eu l'honneur d'un roman en dehors de la série principale de Robert Crais.
Un très bon roman d'ailleurs, intitulé « Suspect », qui mettait donc en scène Scott James un patrouilleur de la police de L.A., rescapé d'une fusillade dans laquelle sa partenaire attitrée a été tuée ; et de Maggie, une chienne du corps des Marines, dont le maître a trouvé la mort dans une embuscade en Afghanistan.
Tous les deux se retrouveront suite à ces événements dans l'unité K-9 (lire ka-nine) du LAPD, et mêlés à l'enquête concernant justement la tuerie en question.
Tout en essayant de dépasser leurs traumatismes respectifs, pour devenir des partenaires. Ou plutôt une meute, selon la sensibilité de Maggie.
Un très très bon roman, où Robert Crais fait de la chienne berger allemand Maggie un personnage extraordinaire.
Bref, The Promise avait toutes les chances d'être tout aussi bon que ce que Robert Crais a l'habitude de faire. Dommage !
En tout cas si vous ne connaissez ni Robert Crais ni Elvis Cole & Joe Pike et que vous aimez les thrillers récréatifs & les page-turners, n'ayez aucune appréhension ; ça vous plaira sûrement.
Alors, même si les treize romans traduits sont plutôt feuilletonnants, les lire dans l'ordre n'est pas vraiment une obligation.
Reste que voir, au fur et à mesure, les personnages évoluer et interagir au fil de l’expérience communément acquise n'est pas pour rien dans l'intérêt que suscite chez moi cette série.
Ah si, une petit mot sur les couvertures des romans ; ne vous y arrêtez pas. Les différents éditeurs français qui se sont partagés la commercialisation de la série n'ont visiblement aucune volonté de rendre attractif ce qu'ils vendent. Mais comme on dit, l'habit ne fait pas le moine.
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