La difficulté, dans n'importe quelle histoire, mais surtout dès qu'il est question de (mauvais) genres, est d'introduire des failles pour qu'il y est tension dramatique. C'est d'autant plus difficile lorsque le personnage principal, Keira Knightley alias Helen Webb, nous est présenté comme un agent (d'une puissance étrangère à la Grande-Bretagne, ou d'une organisation internationale ?) sous couverture depuis au moins 10 ans. Et qu'elle est l'épouse du Secrétaire d'État à la Défense du Royaume-Unis, en passe de devenir le locataire du 10 Downing Street.
Ça stratopèse dans le game comme on dit.
Alors oui, ce n'est pas facile, mais c'est le boulot du scénariste, et ici créateur de la série, en l’occurrence Joe Barton, d'imaginer des faiblesses un peu mieux creusées.
Et pour dire le vrai, ce n'est pas une réussite.
Et pour dire le vrai, ce n'est pas une réussite.
Alors certes, ne soyons pas trop conservateur et acceptons qu'au XXIè siècle, une femme puisse elle aussi être dominée par ses impulsions hormonales l'amour, et décide de vivre une aventure intense avec un beau jeune homme ; dans les bras duquel elle oublie son mari et ses jumeaux. Nonobstant ce que peut en dire l'actrice, native de Teddington dans le Middlesex : « C'est une très bonne épouse et mère, c'est aussi un agent secret qui "vend" son mari. C'est une femme conservatrice. ». Et plus loin, je cite encore : « Je pense qu'elle aime encore son mari. Ce qui ne l'empêche pas de le tromper ». Sans rire !
Là où ça coince, c'est qu'hormis cette grosse sortie de carres, capable de mettre à mal une couverture qui, certes lui pèse, mais qui va devenir encore plus payante lorsque son mari sera Premier ministre ; son service ou son organisation, était au courant de sa liaison adultère. Quoique, on est sur Netflix™ après tout.
Difficile de croire tout de même que ce genre d'écart - de faute professionnelle - soit toléré, compte tenu des enjeux.
Malheureusement ce n'est pas le seul trou dans la raquette de Joe Barton.
Ainsi, au tout début du premier épisode, l'amoureux de l'héroïne se sent suivi, et alors qu'il est en train de marcher, de fuir, tout en étant en conférence téléphonique avec deux comparses - car bien sûr, l'homme en question, Jason Davies (Andrew Koji), n'est pas blanc comme neige (sic) - il est froidement abattu. Comme on dit.
Et là, c'est la cata, ou presque.
Comment expliquer en effet, qu'un homme qui fuit, dont on peut présumer qu'il emprunte pour ce faire des rues au petit bonheur la chance, puisse se retrouver dans la ligne de mire d'un tireur embusqué !? Pile-poil dans un endroit dégagé. Mais aussi complétement désert.
En outre, ce tueur professionnel, vu la distance entre lui et sa cible, on est en droit de le penser, oublie, comme une andouille, une douille, sur les lieux de son méfait..... avec ses empreintes dessus. C'est ballot !
Oui, je sais, c'est peut-être une ruse de siouxe, mais alors pourquoi, l'ami de notre héroïne, tueur professionnel lui aussi (Ben Whisham dans le rôle de Sam Young), et dans le cas présent protecteur d'Helen Webb, n'en souffle-t-il pas mot lorsqu'il lui rend compte de l'avancement de son enquête ? Mystère et boule de gomme.
Si c'est pour nous servir un petit rebondissement en ouverture du deuxième épisode, Joe Barton est décidément trop payé. Dans ce genre d'exercice, on a besoin que le scénariste monte au filet. Oui je sais, ma blague filée est cousue de fil blanc. Mais n'empêche.
N'allez pas croire cependant, qu'il n'y a rien de bon dans ce premier épisode.
Par exemple, Keira Knightley a déclaré à la presse : « Je me suis entraînée un mois au filipino knife et au jiu-jitsu », et même si la traduction de Céline Fontana pèche abominablement s'agissant du « filipino knife », l'actrice britannique assure lors d'un beau combat contre deux coriaces adversaires. Où effectivement elle joue du couteau et montre une belle aisance au sol. Même s'il n'est jamais recommandé d'aller au sol en face de deux adversaires ; il est d'ailleurs clairement déconseillé d'aller au sol dès qu'on est plus sur un tatamis.
Ainsi n'hésite-t-il pas a utiliser la plus éculée des coïncidences, sans oublier le classique lampshading, pour faire avancer son intrigue. Décidément l'ami Joe n'a pas trop phosphoré, trop occupé, sûrement, à cocher les cases de son agenda progressiste (attention faux-ami) !?
Et c'est dommage car l'interprétation est exemplaire. Vraiment. Et l'intrigue tout ce qu'il y a de plus mystérieuse.
Reste que Netflix™ a une image de marque, et que « Black Doves » en est un catalogue, tellement jusqu'au-boutiste que c'en est risible.
Par exemple (encore), après un peu plus de 25 minutes de métrage seulement, on a droit à une scène très explicite de sodomie.
Car oui, notre héros, Sam Young, aime se faire démonter la « boîte à caca ». En regard de cette franchise qui a dû réjouir Maïa Mazaurette, les réminiscences de la liaison Helen / Jason sont nettement plus soft.
Je parlais de coïncidence un peu plus tôt, eh bien pour rester dans le même registe, qui par ailleurs occupe beaucoup de place dans ce 1er épisode, il s'agissait de la rencontre entre Sam et Arnie, un ami qui ne l'a pas vu depuis 7 ans, et qui l'invite à un diner, en compagnie de son propre mari. Un fin cuisinier.
Entre deux ou trois blagues salaces qui, faites pas des hétéros, passeraient pour de la masculinité toxique (shocking!), et autant de lignes de coke, on apprend que Sam a eut une liaison qui s'est plutôt mal passée. Les Rita Mitsouko avaient décidément tout compris.
En effet Michael, le boyfriend en question a, après le départ soudain de Sam, refait sa vie. Dont le résultat est une fille, venue au monde par l'intermédiaire ....... d'une « mère porteuse ». Manque plus qu'une évocation de l'euthanasie pour faire le tour de la question.
Eh oui, ça se passe comme ça au pays de Netflix™, on s'encule joyeusement et les « mères porteuses » sont d'un usage courant. Sans oublier ici, un divorce. Palsambleu !
Le 21ème siècle sait décidément y faire avec ses enfants.
Alors oui, je devrais vivre avec mon temps, mais en tant que vieux mâle blanc de plus de cinquante ans, la pilule ne passe pas.
Rien de tout ce que je viens d'énumérer n'est répréhensible, au demeurant. Surtout dans une fiction.
C'est plutôt la manière qu'a la série d'afficher son progressisme avec une précipitation suspecte. De vouloir cocher toutes les cases du cahier des charges woke comme autant de preuves vertueuses. Au lieu de soigner son intrigue.
Le wokisme, qui par ailleurs, n'est rien d'autre qu'une « panique morale », comme chacun sait.
Même si au vu de ces 52 minutes que dure ce premier épisode de « Black Doves », j'ai comme un doute. Oui, parfois le doute m'habite.
Bref, entre facilités scénaristiques et progressisme tous azimuts, la boussole de Joe Barton n'est décidément pas la mienne ; et je passe mon tour.
Et vous ?
Commentaires
Enregistrer un commentaire