Dans toutes l'histoire de la bande dessinée américaine, je ne crois pas qu'un personnage ait été aussi maltraité par ses créateurs/propriétaires que le Punisher.
Tout cela pour complaire à des PNJ minoritaires, qui n'avaient vraisemblablement jamais lu ses aventures, et qui n'en liront jamais.
Orchestré par l'un de ses co-créateurs, la cabale s'est d'abord focalisée sur son emblème. Et plus précisément sur son utilisation par des militaires et des policiers du réel. Shocking!
Il ne s'agissait pas ici d'une banale controverse sur la propriété intellectuelle, le copyright, ou quelque chose du même genre, non pas du tout.
Gerry Conway donc, le co-créateur en question - mais dont l'apport au personnage est essentiellement d'avoir importé une copie de Mack Bolan, alias L’Exécuteur, dans une histoire de Spider-Man ; avec ce personnage au départ très secondaire, entièrement conçu artistiquement par John Romita, et pour le coup dessiné pour cette première apparition par Ross Andru ; et dont le nom de code a été décidé par Stan Lee ; ce co-créateur (sic) donc, dans la fièvre absolument navrante de la mort de George Floyd, s'est opposé à l'utilisation de l'emblématique crâne par des policiers et des militaires, arguant que le personnage en question ne pouvait être un modèle, et qui, je cite
« représente l'échec judiciaire.Ce symbole, c'est celui de l'effondrement de l'autorité morale et sociale. Il montre que certaines personnes ne peuvent pas compter sur des institutions telles que la police ou l'armée pour agir de manière juste et compétente ». Blababla ...
Une déclaration que chacun pourra méditer de part et d'autre de l'Atlantique. Et qui, une chose est sûre, ne rend pas compte de la complexité dudit personnage.
Mais Conway est excusé, il n'a finalement écrit qu'une petite poignée d'histoire du Punisher. Ne riez pas !
À l'évidence Conway avait quelque chose à se reprocher. Je veux dire, en plus d'avoir introduit le Punisher dans la basse-cour. >Rire<
Et je pense, pour rester sur le terrain de la BD, qu'il s’agissait de se faire pardonner, voire de se pardonner lui-même (la victimisation autodiagnostiquée est un trait particulièrement bien partagé chez les wokes progessistes, gauchistes). De se faire pardonner disais-je, l'un des féminicides (sic) les plus traumatisants de la Maison des Idées™.
Eh oui, dans les seventies, le jeune Gerry Conway, tout bouffi de testostérone et les dents très longues, n'hésitait pas à faire mourir la girlfriend du plus sympathique personnage de l'écurie Marvel™, j'ai nommé Gwen Stacy !
C'était bien avant que des « femmes à chats » cherchent des cadavres dans les frigos des super-héros (coucou Gail !), pour se faire une place dans l'industrie de la BD.
Mais cessons-là ces sigmundfreudries, et revenons au Punisher, connu précédemment sous le nom de Frank Castle.
Quoi que, comme nous le verrons, Sigmund Freud n'était pas très loin du clavier de Scott M. Gimple lorsque ce dernier a écrit l'aventure dont il est question ici.
Le Punisher donc, et sa mise à mort symbolique.
Comme le dessinateur Mitch Gerard ; ou encore le scénariste Garth Ennis, lequel a manifestement du mal à comprendre la fonction apotropaïque des emblèmes pour les militaires ou les policiers. Lui qui s'est pourtant taillé la réputation d'aimer les comics de guerre. Et dont le mandat sur le vigilante maison est révéré par de nombreux lecteurs (dont je ne fais pas partie).
En effet, il suffit de regarder les insignes des différents régiments militaires, pour convenir que ces écussons, ces étendards, ne sont pas à prendre au pied de la lettre, mais qu'ils sont symboliquement là pour repousser le Mal. Autrement dit, la fonction apotropaïque déjà citée. CQFD !
Las ! après une modification (assez minable) du logo en forme de crâne, Frank Castle passera du côté des criminels de la Main. Et, dans un élan embarrassant, Jason Aaron ressuscitera l'épouse de Castle, laquelle ne trouvera rien de mieux que de lui vider son compte bancaire, avant de demander le divorce. Oui, oui, sans rire.
Aaron a sûrement créé le plus beau spécimen de féminité toxique jamais inventé.
Comme vous le voyez, on ne fait pas les choses à moitié chez Marvel™ pour se prosterner devant la bien-pensance.
Bref, en plus de saccager un personnage qui n'en demandait pas tant, Marvel™ a aussi rabaissé, par la force des choses, les fans du personnage, en oubliant au passage que ceux-ci lui avaient pourtant bien rempli les poches.
Si les mauvaises manières de cette maison d'édition ne sont malheureusement pas une découverte, comme on dit à l'armée : « jamais surpris, toujours baisé ! ».
Dont acte !
À bon entendeur, durant la longue carrière du personnage heureusement quelques histoires surnagent.
Et celle de Scott M. Gimple en fait partie.
Cette mini-série de cinq numéros confronte Frank Castle à l'individu qu'il est devenu après le meurtre de sa femme et de ses enfants. Et inversement.
Pour ce faire le scénariste (surtout connu pour avoir été le showrunner de la série télévisée The Walking Dead!) va lui faire rencontrer son doppelgänger, en la personne d'un ex-soldat des forces spéciales, dont la famille a, elle aussi, été décimée par des gangsters. Et qui deviendra Johnny Nightmare !
Si ça c'est pas un blaze qui envoie des faire-parts de décès, je veux bien faire un don à LFI. >sourire>
L'histoire est assez violente comme on doit s'y attendre, et le dessin de Mark Teixera ne cachera pas grand chose de cette violence.
Alors que cette aventure se déroule dans l'univer-616®, et que Marvel™ semble avoir laissé la bride sur cou au scénariste, celui-ci en profite pour laisser le manichéisme de bon aloi aux vestiaires. Ça n'est pas souvent, profitons-en !
Si, malheureusement on n'échappe pas au militaire traumatisé (c'est quand même le fond de l'affaire), au moins la guerre du Vietnam n'était-elle pas traitée, comme d'habitude, autrement dit d'un point de vue marxiste.
S'agissant donc, des troubles de stress post-traumatique, il est évident que certains militaires en souffre. Mais faire de son personnage un membre des forces spéciales, puis lui faire endosser des TSPT, comme conséquences du travail demandé, est un peu trop facile.
Pas entièrement faux, mais trop facile. On est quand même dans une fiction, travaillons à ce qu'elle donne le meilleur d'elle-même, évitons les clichés.
Reste que cette facilité est excusable, en regard de la manière qu'a Scott M. Gimple de traiter, d'une manière générale, le personnage du Punisher.
Rien que pour cela, la lecture de cette histoire vaut le coup.
Ses rapports aux autres, dont les super-héros, et ici plus particulièrement Captain America, traduisent me semble-t-il le travail sérieux du scénariste.
Il s'est visiblement penché sur la psychologie du vigilante, et n'en a pas extrait un portrait peint à la truelle. Qu'il rend par ailleurs encore plus poignant, en en faisant le propre constat dudit personnage.
Si son utilisation des monologues intérieurs nécessite de la part des lecteurs qu'ils soient attentifs, il n'évite pas non plus la confusion ; laquelle traduit néanmoins plus l'état mental de ses protagonistes qu'une absence de rigueur scénaristique.
C'est certes symptomatique, mais comme je le disais, sa manière de traiter - en deux temps - l'apprentissage de la guerre par un jeune Frank Castle, au Vietnam, donne une bonne idée du reste de la série.
Car contrairement à la doxa, les ennemis, au Vietnam, les envahisseurs, c'étaient les communistes. Je veux dire IRL.
Les États-Unis y sont allés pour mener un combat idéologique certes, mais contre le communisme, un régime qui n'avait alors rien de romantique.
Et qui ne l'est toujours pas. Sauf chez les aptères nés après la honte.
Au final, et contre toute attente, « Punisher Nightmare » est un portrait tout en nuances d'un homme qui a été Frank Castle, et dont le crâne emblématique trouve ici une magnifique définition.
Si Scott M. Gimple n'en fait certainement pas un modèle, au moins comprend-il le pourquoi-du-comment d'un tel individu.
Alors oui le Punisher est un homme violent, mais croire que l'on peut combattre le crime autrement est un leurre.
Bien sûr qu'il y a de la place pour des héros comme Captain America, Batman, Spider-Man, Superman, etc. ...... dans la fiction.
Mais alors pourquoi n'y en aurait-il pas pour le Punisher et ce type d'anti-héros, toujours dans la fiction ?
Croire que Captain America, Batman, Spider-Man ou Superman sont des modèles pour les lecteurs, s'agissant de les dépeindre en redresseurs de torts, est non seulement d'une bêtise crasse, mais surtout très dangereux pour ceux qui voudraient y jouer.
Le Punisher, ses aventures, et les autres super-héros ou héros, sont des personnages de fiction. Il s'agirait de ne pas l'oublier.
Ce que n'oublient sûrement pas les policiers et les militaires qui utilisent de façon apotropaïque tel ou tel emblème ou symbole.
Le leur reprocher, comme l'ont fait Gerry Conway, ou Garth Ennis par exemple, qui indiscutablement fait une méchante sortie de carre en affirmant que :
« personne ne veut effectuer trois tours de service dans une zone de
combat avec le dernier qui tourne de manière catastrophique, rentrer à
la maison avec une tête pleine de verre brisé, voir leurs familles
mitraillées à la mitrailleuse dans des abats ensanglantés devant leurs
yeux, puis consacrer le reste de leur vie à un massacre froid, sombre et
sans cœur », dit en quelle piètre estime ils considèrent ceux qui les lisent.
Ce qui n'est pas non plus une raison pour raconter des conneries idéologiques à chaque page. >sourire (carnassier)<
¡Hasta la vista baby!
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