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Créature Commandos présente Frankenstein (Morrison / Mahnke / Lemire /Ponticelli / Rivière]

« Créature Commando présente Frankenstein » est un recueil en deux parties distinctes.
D'abord on y lira une mini-série en quatre numéros : Seven Soldiers : Frankenstein, puis les sept premiers numéros de la série régulière Frankenstein Agent of S.H.A.D.E..
            La mini-série fait partie d'un ensemble plus vaste, lequel préparait à l'époque, en 2005, à un event bien dans la manière de DC Comics™, appelé Final Crisis.
            Je me souviens avoir trépigné durant une bonne partie de l'année 2004, et au début de 2005, en attendant la série proprement dite (Seven Soldiers), composée (vous allez voir c'est du lourd) d'un numéro #0, et d'un numéro #1, avec entre-deux sept mini-séries de 4 numéros chacune. Oui, vous avez bien lu; sept mini-série de 4 numéros. 30 comics en tout ! Morrison voyait les choses en grand.
             Au sujet de l'obsession autour du chiffre 7, qui peut avoir chez Grant Morrison, le scénariste du projet Seven Soldiers, une signification magique (non ne riez pas, Morrison est depuis très longtemps un adepte de la Magie du Chaos), m'apparait être un gimmick (car il n'est pas le seul à l'utiliser) qui se réfère au programme spatial Mercury®. De fait, l'un des scénaristes de comics a en avoir fait un clin d’œil régulier le premier est, à ma connaissance, Warren Ellis, dont la passion pour la conquête spatiale n'est plus à démonter.
Ceci étant dit, Frankenstein donc.
            S'il apparait dans ce qui est le premier roman de science-fiction de l'histoire du (mauvais) genre, Frankenstein ou le Prométhée moderne [Pour en savoir +], écrit par Mary Shelley, il est devenu depuis, une figure importante de l'imaginaire collectif.
Pas la peine de récapituler son parcours depuis 1818, sachez simplement que sa présence dans le projet pharaonique de l'écossais est sûrement un signe de représailles envers les Wachowskis. Hein quoi!?
Oui, oui, vous m'avez bien lu.
            En effet, si vous voulez bien vous en souvenir, après la sortie de Matrix1999, Grant Morrison n'avait pas ménagé sa colère en disant que les Wachowskis avaient pompé toutes leurs idées dans sa série, Les Invisibles
Et tel que je m'en souviens, lors de l'élaboration des Seven Soldiers, ce qui filtrait alors est que le natif de Glasgow avait dans l'idée d'utiliser des personnages de troisième zone du catalogue de l'éditeur, pour en faire le pendant des Avengers ou des Ultimates, du concurrent de presque toujours, Marvel™.
Guardian aurait été le Captain America de l'équipe, Mister Miracle son Thor, le Démon en lieu et place de Hulk, Zatanna bien évidemment, serait devenue la Sorcière rouge du groupe, et ainsi de suite.
Alors certes, le projet a évolué puisque ce qui devait être un spin-off de la JLA est devenu tout autre chose ; une série foutrement bien trop conceptuelle pour son bien, préambule à l'une des « Crises » de l'univers de DC Comics™.
            Reste qu'en 2004 parait Doc Frankenstein des Wachowskis (tiens, tiens) et qu'en 2006 Frankenstein devient l'un des Seven Soldiers chez Morrison, alors qu'il n'avait jamais été évoqué auparavant (vous me voyez venir, là).  
            Alors certes, tout cela a l'air d'être tiré par les cheveux, mais n'oubliez pas qu'en plus d'être chauve (sic) Grant Morrison est un magicien, qui s'est par ailleurs vanté d'avoir, au moment où sa propre série Les Invisibles ne rencontrait pas le succès escompté, et que sa commercialisation par l'éditeur DC™ n'était rien moins que sûre, Morrison donc, s'est vanté d'avoir invoqué un égrégore (une sorte d'entité magico-psychique) pour contrer les mauvaises ventes.
Et vous savez quoi ?
Eh bien les ventes de Les Invisibles ont repris. De plus belle !
Et vous savez ce qui est arrivé au Doc Frankenstein des sœurettes, ex-frérots ?
Eh bien le sixième numéro a paru en 2007,  ......... avant de connaitre un long hiatus de 12 ans. Ouais, douze loonnnggg années.
Moi je dis ça, je dis rien.
Mais revenons au Frankenstein de Morrison, si vous le voulez bien.    
            Sur le papier c'est extrêmement séduisant, Morrison est un concepteur hors pair, et parfois ça marche. Mais ici, que ce soit Frankenstein, Klarion, Mr. Miracle, Zatana, ou n'importe laquelles des sept mini-séries, ça ne fonctionne pas.
À l'époque de tout ce débordement d’imagination et d'efforts artistiques, je n'en avais gardé que le numéro #0, et le numéro #1. C'est dire.
Et aujourd'hui, extraits du projet auquel ils appartenaient, ces quatre numéros ne marchent pas mieux.
Reste cependant que le travail de Doug Mahnke et des coloristes John Kalitz & Nathan Eyring, est vraiment époustouflant. Ça manque toujours de liant certes, mais question « plein les yeux », ça se pose là.  
J'en arrive maintenant à la seconde partie du recueil ; la série Frankenstein Agent of S.H.A.D.E., de Jeff Lemire & Alberto Ponticelli.
            Si cette équipe est une mise à jour de celle créée en 1980 dans les pages de Weird Tales #93, elle n'est pas sans évoquer non plus Hellboy & le BPRD de Mignola, je trouve. 
En tout cas, DC Comics™ a eut du nez en donnant à Alberto Ponticelli les rênes du dessin et de l'encrage. On peut d'ailleurs s'en rendre compte dans ce recueil, lorsque Waden Wong encre Ponticelli (dernier épisode) ça perd beaucoup de son intérêt (enfin pour moi, tout son intérêt).
Et Lemire ? 
Eh bien Lemire fait du bon boulot : il y a des idées (le QG par exemple) et de l'action bigger than life. Le point faible de la série, du moins dans ces sept premiers numéros est un manque caractérisé (sic) de caractérisation. Il y a beaucoup de personnages, et Lemire, scénariste un poil limité, peine à leur donner de la présence. Bon tant que Ponticelli est à la manœuvre et que les enjeux sont ceux mis en scène, ça fait carrément le job.
            Là où ça va coincer vraiment, c'est lorsque Jeff Lemire va mettre, dans la bouche de ses personnages, des considérations politiques. Si, si !
Et là, patatras >rire jaune (re-sic) <
            Dans l'avant-dernier épisode du recueil pour vous situer, on retrouve donc Frankenstein et son équipe au Vietnam. Je précise que cette série fait partie du « New 52® », qui est une remise à zéro de l'univers de DC Comics™, dans lequel les super-héros sont considérés comme une apparition récente par rapport à notre propre chronologie, nous, les lecteurs. Manière de gommer, plus ou moins, un passé (commencé à la toute fin des années 1930 avec Superman) encombrant.
             Or donc, Frankenstein explique à ses coéquipiers que si « les super-humains sont connus depuis peu de la population », certains - dont lui - ont travaillé en secret pendant l'essentiel du 20e siècle.
Oui je sais, c'est bien la peine de tout remettre à zéro, pour ensuite détricoter ce reboot. Bref !
            Il se trouve que lui, Frankenstein, et un autre super-humain, le Colonel Quantum, une sorte de Doc Manhahttan (oui, comme vous le savez, c'est un peu le fond de commerce de Lemire, voir sa propre série Black Hammer), opéraient alors au Vietnam. Nous étions alors en 1969.
Le Colonel Quantum a fini par péter un boulon car, je cite dit le Colonel Quantum : « Tu ne comprends pas Frank ? Toute cette guerre n'a aucun sens. Il n'y a ni bons ni mauvais, ici. On tue pour tuer. Rien de tout ça n'a de sens. ».
Tous les morts de cette guerre, oui même les communistes, tous les réfugiés fuyant le régime communiste, les tristement célèbres boat peoples apprécieront les considérations à la con de Lemire.  
Oui parce que Frankenstein précise quand même : « Pendant un temps on a eu l’impression de pouvoir faire basculer la guerre du côté des alliés .. » !?
Imaginez le nombre de vies épargnées si tel avait été le cas, le conflit a duré jusqu'en 1975. Sans parler de la joie de vivre sous le communisme.
Mais Lemire, qui visiblement a décidé d'ignorer les exactions de tous les régimes communistes depuis 1917, continue -  à ce niveau ce n'est plus de l'aveuglement, mais de l'idéologie ; il fait donc dire à Frankenstein, dans le présent de son récit, donc les années 2010 pour lui et nous, je cite encore : « Quantum avait raison .. La guerre n'était qu'une folie, et notre décision d'intervenir n'était pas la bonne. ».
C'est à ce demander à quoi servent alors les super-héros !?
Eh ! Jeff, dans super-héros, ben il y a « héros », non ?!
Et tout cela dans une série, dont cette aventure vietnamienne n'est qu'une péripétie, qui n'apporte strictement rien à la série dans son ensemble. 
Sinon à faire un appel du pied à l'épisode suivant où, Lemire se la joue « lutte des classes », mais là vous allez m'accuser de faire du mauvais esprit >sourire<
            Remarquez que son compatriote Chip Zdarsky a fait pire depuis, en transformant Captain America, en « Captain Viet-Cong », non sans rire !
Et pour Cap, on est en 1966, soit seulement deux ans après sa « décongélation » par les Avengers.
            Alors il faut vous imaginez un type, né au début des années 1920, qui risque sa vie dans une expérience dont il est le cobaye, pour la risquer ensuite en Europe face aux nazis, qui est ensuite congelé pendant 20 ans et qui donc, revient dans le game, avec la mentalité qu'il avait en 1940. 
Quelqu'un né dans les années 20, et qui n'a pas évolué avec les mœurs de la société américaine, cet individu (qui au passage doit avoir à l'esprit - bien frais encore, le pacte germano-soviétique) se retournerait contre son pays, en s'alliant aux communistes ?
Nan, mais à ce niveau d'idéologie c'est pathologique. 
Cela dit, Marvel™ avait déjà fait pire avec Captain America ; voir pour cela Captain America : La Vérité, disponible dans la langue de Houria Bouteldja en février chez Panini™.
Mais revenons aux conneries de Lemire, et aux concepts imbitables de Morrison.
            Ce recueil est opportuniste, dans la mesure où il tente (sûrement) de capter une partie du public qui regardera la médiocre série animé Creature Commando, produite et entièrement écrite par James Gunn. CQFD.
            Si les épisodes du recueil, écrits par Morrison et dessinés par Mahnke s'enchaînent sans véritable lien entre eux, ça reste méchamment barré et très spectaculaire.
            Si la série de Lemire & Ponticelli n'entretient pas de lien entre celle de Morrison & de Mahnke, et si on veut bien passer sur le gauchisme bien-pensant du Canadien (moi j'y arrive pas, décidément), c'est aussi méchamment barré et très spectaculaire.
Donc un plutôt bon moment de lecture dans l'ensemble.
            Reste que ça va aller de mal en pis (dans le prochain tome notamment), puisque Ponticelli ne reprendra pas l'encrage, et que Matt Kindt va venir remplacer Lemire.
Dans mon souvenir ça devient vraiment mauvais, à partir de Kindt.
            Or donc, « Créature Commandos présente Frankenstein » est un assemblage disparate (oui comme son personnage principal), qui à mon avis se serait bien passé de la virée au Vietnam des commandos en question, ou du moins des considérations politiques idéologiques du scénariste. Mais qui, en tout état de cause, vaut de toute façon bien mieux que la sérié animée.
À vous de voir donc !  

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