... Avant d'envisager le problème que peut poser Thor (évoqué dans le précédent billet), il convient d'ores et déjà de postuler que la société (toute société) est un essaim d'esprits, une coopérative d'individus qui doivent s'entendre pour survivre. Corolaire de ce postulat, convenons que le tissu de cette collectivité est tissé de mèmes : le mème est le gène d'une civilisation, il se propage (notamment par le langage) de cerveau à cerveau. L'une des particularités de la mémétique (du moins l'une des branches de cette science qui étudie les mèmes) est d'envisager toute société humaine comme mèmocentrique, comme on dit de notre univers qu'il est héliocentrique.
Le mème en tant qu'unité organique culturelle assure le maintient de sa propre structure et sa valeur de survie dépend entièrement de son attrait psychologique, et il utilise pour ce faire des unité jetables : les êtres humains.
L'une de ses propriétés est d'être une entité agglutinante, elle se regroupe par affinité sous forme de méméplexe (appelés encore superorganisme).
L'une de ses propriétés est d'être une entité agglutinante, elle se regroupe par affinité sous forme de méméplexe (appelés encore superorganisme).
Un exemple de superorganisme ?
Le communisme, ou bien le Christianisme, ou encore ce qui nous intéresse ici : la mythologie scandinave.
Donc, si on envisage la mythologie comme un superorganisme (composé de mèmes), il est normal de penser qu'elle procède par palier - d'autant que l'évolution du mème est d'ordre lamarckien, à savoir qui évolue principalement (mais pas exclusivement) par modifications - ce qui explique que Thor, Heimdall ou encore Freya les membres de l'équipage du drakkar ne fassent pas encore partie du panthéon nordique au début de Thor et le marteau des dieux.
Je propose donc une perspective évolutionniste (et non créationniste) de la mythologie, tant sur le plan mémétique qu'humain.
Ce qui pose incidemment la question de la "divinité" de ceux qui composent la lignée des Ases (le panthéon nordiques).
... Pour ce faire je vous propose d'analyser le problème sous l'angle de l'évhemérisme.
Évhémère (né en 316 av J-C) à qui l'on doit cette théorie, propose dans l'Écriture sacrée que les personnages mythologiques étaient des êtres humains "sacralisés par l'admiration ou la crainte du commun des mortels" (Michel Meurger).
Ainsi on comprend mieux qu'une partie seulement des dieux asgardiens apparaissent en tant que tels dans Thor et le marteau des dieux. Thor, Sif ou Heimdall sont des dieux en devenir, en gestation. Et l'aventure qu'ils viennent de vivre va les faire entrer de plein pied chez les puissants Ases.
Mjöllnir, le marteau en question serai en quelques sorte le chaînon manquant de cette évolution divine, mais chaînon manquant performatif (selon l'acceptation de John Langshaw Austin).
L'appel mémétique |
Dans le prochain billet nous nous attarderons sur l'arrivée de Thor vue du côté de Jack Kirby et Stan Lee.
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