« Les critiques ne font qu’interpréter le cinéma. Ce qui compte, c’est d’en faire. »
Franck Mancuso
Conseiller technique sur la série télévisée Commissaire Moulin, pour laquelle Yves Rénier voulait plus de réalisme, Franck Mancuso est, de fil en aiguille, embauché dans le pool de ses scénaristes.
Il est d'ailleurs assez fier de dire que c'est dans un épisode de ladite série cathodique (Les Zombies) que, pour la première fois à la télévision française, le sacro-saint « mandat de perquisition » américain est renvoyé dans ses pénates étasuniens.
Cette série policière, en plus de lui mettre le pied à l'étrier, lui permet de rencontrer Olivier Marchal, alors jeune « nuiteux » dans un commissariat du XIIIe arrondissement de Paris et aspirant acteur ; et avec lequel il écrira 36, quai des Orfèvres2004.
Ce scénario, et surtout l'intérêt qu'ont montré des acteurs de l'envergure d’un Gérard Depardieu et d’un Daniel Auteuil pour y participer, donne à Mancuso l'idée de se frotter - à lui tout seul - à un scénario de long-métrage.
Ce sera « Contre-enquête2007 », basé sur la nouvelle de Lawrence Block, intitulée Une arête en travers du gosier ; disponible dans le recueil Vengeance Mortelles (éditions Le Livre de Poche™).
Après avoir recruté Jean Dujardin, qui l'avait impressionné dans Le Convoyeur2003, Franck Mancuso propose à Pathé™ d'assurer lui-même la réalisation de son histoire. Alain Corneau, pressenti, ne pouvant se libérer à temps.
Un coup de poker, Franck Mancuso n'avait jamais été derrière la caméra avant, récompensé par un beau carton au Box-office© lors de la sortie du film. Mais des critiques nettement moins encourageantes.
Modeste le réalisateur en herbe explique qu'avec une distribution réussie, c'est 50 % de la mise en scène qui est déjà faite. Une équipe technique retaillée, les 50 % restant.
Si l'arrière-plan de « Contre-enquête » est effectivement celui de la police et du crime, un milieu que connaît très bien Franck Mancuso pour avoir passé 20 ans de sa vie dans la police, le film raconte surtout l'histoire d'un père face au meurtre de sa fille.
L'histoire d'un policier qui, subitement, se retrouve du côté des victimes.
Si Jean Dujardin est très convaincant en papa poule, puis en père brisé par ce qui lui arrive ; Laurent Lukas l'est tout autant dans le rôle du coupable idéal qui murmure son innocence.
« Contre-enquête » réussi la gageure d'importer la tension de Garde à vue1981, et de transformer le célèbre huis-clos en une relation épistolaire contre-nature entre Daniel Eckmann (Laurent Lucas) et Richard Malinowski (Jean Dujardin), qui décide contre toute attente de refaire l'enquête. D'où le titre du film.
Les points forts du premier long-métrage de Franck Mancuso ce sont : la simplicité de sa réalisation, la sobriété de l'interprétation - encore une fois Laurent Lukas est impérial d'ambiguïté, et un soin méticuleux apporté aux détails.
Sans effets de manche « Contre-enquête » joue si bien avec nous, que je n'aurais pas été étonné d'apprendre qu’en définitive Daniel Eckmann en était le scénariste et qu’il s'était substitué à Franck Mancuso derrière la caméra.
« Contre-enquête » est donc un excellent thriller psychologique, et un premier film très très prometteur.
Dont la fin reste ouverte bien trop longtemps pour ne pas éviter un sévère nervous breakdown à tous ceux qui voudront bien s’y laisser prendre.
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