Accéder au contenu principal

Duo mortel [Ross Thomas / Damian Harris / Ellen Barkin / Laurence Fishburne]

Scénarisé par nul autre que Ross Thomas, un écrivain américain qu'appréciait particulièrement Jean-Patrick Manchette, et pour qui le monde du renseignement n'était pas étranger, « Duo mortel1995» est un film élégant réalisé par Damian Harris.
            D'un scénario assez simple Thomas & Harris tirent une histoire où se disputent le vice, l'ambition et la brutalité. Mais aussi un film qui ne permet pas au spectateur de rester retranché derrière son écran. 
Brutal donc, mais aussi sexuellement explicite, « Duo mortel » s'autorise d'ailleurs une scène à la Basic Instinct, suivi d'un coït dont il est permis de se demander s'il est vraiment simulé. En tout cas, tout est fait pour qu'on se pose la question.
En outre, le duo du titre, composé d'Ellen Barkin et de Laurence Fishburne, a tout pour choquer la bien-pensance. Tout comme celui formé par Todd Stapp (Michael Beach) et Nelson Crowe (Laurence Fishburne) d'ailleurs.
Vicieux aussi, en cela qu'il brouille les pronostiques, et se termine par une ultime pirouette en donnant le dernier mot au personnage le plus inattendu du film.
            « Duo mortel », derrière son esthétique léchée, presque maniérée - il faut voir Laurence Fishburne se déplacer - très élégant - dans une maison, lors de la première mission de son personnage, ses intérieurs sortis tout droit d'un catalogue, et la simplicité de son scénario ; ce film donc a tout d'un divertissement qu'on regarde d'un œil distrait, un thriller d'espionnage parmi d'autres. Et pourtant ce long-métrage, à l'allure inoffensive, est une jolie petite réussite. 
Dont l'attention que lui porte l'équipe créative va, par exemple, jusqu'à montrer Nelson Crowne humer un plat qu'il est en train de préparer, dans un moment pourtant particulièrement critique et incongru, dans le seul but - semble-t-il - de composer un plan qui ne doit rien au hasard. 
Un film d'espionnage dont l'apparente innocuité est contrebalancé par décorum totalement noir, comme on peut le dire de ces romans où la vie n'est, ni plus ni moins, qu'un traquenard. Un film loin d'être ingrat de l'attention que vous lui porterez. 
Bonne pioche !
______
J'ai eu le plaisir de lire quelques romans de Ross Thomas dont j'ai parlé ici, ou encore ici, si d'aventure cela vous intéresse. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich