Accéder au contenu principal

Le Hussard retouve ses facultés [Bruno Lafourcade]

Fafs versus Antifas 
            Francis Bergeron et Pierre Gillieth, tous les deux classés à « droite » sur le spectre politique français, et qui dirigent la collection « Lys noir » chez l’’éditeur Auda Isarn™, ne se cachent pas de publier des polars « engagés ». 
Comme d’autres avant eux. 
Toutefois la littérature policière a surtout été, et est encore, dominée par des auteurs de « gauche ». 
Je dirais d’ailleurs que d’une manière générale, la culture de masse française est de « gauche ». Sauf qu'aujourd'hui il s'agit d'une « gauche » morale & progressiste dans laquelle je ne me reconnais pas. 
            Dans cette collection donc, Julien Ardant dit le Hussard est comme qui dirait l’avatar de « droite » du détective amateur libertairement correct connu sous le surnom du Poulpe, alias Gabriel Lecouvreur (Ed. Baleine™). Une sorte d’anti-SAS ; comme on a pu le présenter à l'époque de sa splendeur éditoriale (1995-1997). 
            Comme son modèle (?) idéologiquement correct, chaque enquête du Hussard est écrite par un auteur différent. Et quand il n’enquête pas, le Hussard est libraire. 
            À l'instar de tout bon personnage de fiction qui se charge de rendre justice lui-même, Julien Ardant a vécu un apax existentiel : sa fiancée – Sophie – est morte pendant les attentats du 13 janvier 2015, alors qu’elle dinait au « Petit Cambodge ». Secondé par un ex mercenaire, Léopold von Kluge, et un journaliste, Pierrick Le Venez, le Hussard traque donc l'injustice :« il s’en prend aux passeurs de migrants, aux trafiquants de toutes sortes, aux agents dormants de Daech, aux militants associatifs criminels,... », dixit Bruno Lafourcade l'auteur du neuvième volume de ses aventures, dont justement je vais parler ici même. 
De mon point de vue, les temps ont changé. 
C'est parce que je suis de gauche que je ne suis plus de gauche 
            Si le Poulpe, était un « héros de gauche doté d'une conscience politique face aux choses graves », de nos jours des choses toutes aussi graves se produisent, mais la « gauche », libérale-libertaire ne s'en soucie guère, quand elle ne les appelle pas de ses vœux. 
            Les dernières éructations sur la police « qui tue » d'un prétendant (sic) au fauteuil de premier ministre n'en sont que la partie émergée, et pas seulement électoraliste. 
L'offensive racialiste (pour ne pas dire woke) jusqu'au plus haut sommet de l'État, ne semble pas plus poser de problème. Pire, l’opposition à cette nomination est derechef transformée en racisme quand elle est relatée. 
Participer à une manifestation où des «« Allahu akbar » » fusent est tout aussi anodin. 
Refuser le slogan « vous n'aurez pas ma haine » parce qu'on a perdu sa propre fille dans un attentat, c'est « faire le jeu des extrêmes ». 
Sans parler de ce moment proprement orwelien (!) où deux ministres présentent une cécité partisane et contaminant, lors d'une rencontre de football récente. 
Ou encore (liste non exhaustive, mais j'arrête là) la situation de cette présentatrice d'émission de télévision, contrainte de vivre sous protection policière pour avoir mis, au sommaire de ladite émission, un reportage sur ce qui se passe à Roubaix.
Padamalgam© 
            Bref, le Hussard dans cette aventure va aller se frotter à un blocus de fac (quand d'autres se frottent aux arbres). Pas celui de la Sorbonne de l'entre-deux-tours des dernières présidentielles, preuve s'il en fallait que jeunesse privilégiée et démocratie ne font pas bon ménage, mais celui de la fac de Montpellier (montant des dégâts estimé : 300 000 euros) en mars 2018. 
            C'est enlevé, amusant, et outrancier. Mais pas plus outrancier que ce que l'on nous distille chaque jour. Bruno Lafourcade est visiblement de parti pris, seulement sa position est minoritaire, quasi contre-culturelle. Cataloguée à n'en pas douter comme l'une des nombreuses sœurs sombres que la « gauche » ne manque jamais d'évoquer (d'invoquer ?).   
            Satire d'un progressisme qui se satisfait simplement de l'être, quand bien même ses conséquences ne toucheront sûrement pas ceux qui le promeuvent. Croient-ils ! 
Un peu comme ce « philosophe » qui appelle à aller se battre en Ukraine, quand lui-même n'y va pas, et s'en vante. 
Le progressisme est un humanisme, vous dis-je ! 
            Au final « Le Hussard retrouve ses facultés » ne changera certainement pas la société que certains sont en train de bâtir déconstruire, mais au moins offre-t-il une parenthèse cathartique. Une pose dans un immense chantier de démolition culturel & sociétal. 
Merci !

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich