Imaginez un Malcolm McLaren d’aujourd’hui, recrutant pour un boy band comme il l’avait fait en 1975.
Mais au lieu d’engager 4 punks vociférant ce McLaren conceptuel, qui d’ailleurs s’appellera Levon Frankland pendant plus de 700 pages, se préoccuperait plutôt d’inclusivité que de choquer le bourgeois. Enfin pas vraiment lui, mais David Mitchell l’écrivain qui lui donne vie dans « Utopia Avenue », titre homonyme du groupe musical en question.
Rien ne manque en effet à la liste, il y a même un patriarche blanc de plus de 50 ans, quasi coupable d’un « féminicide ». Sans rire !
Or donc, cet éphémère groupe (imaginaire), Utopia Avenue donc, constitué sur les bases bien-pensantes d’aujourd’hui va remuer la scène musicale du Swinging London©, et croiser tout ce que le gotha Rock & Folk de la fin des sixties compte comme pointures de la scène musicale.
Roman bien-pensant, mais aussi – surtout- roman bien pensé, « Utopia Avenue » emprunte donc la colonne vertébrale de son histoire à celle des Sex Pistols (ce qui n'est certainement pas tout à fait innocent). Jusqu’à imaginer un esclandre à la manière de celui du 1er décembre 1976, ou une tournée au Pays-Bas.
Sûr qu’avec cette approche politiquement correct David Mitchell va enfin conquérir le cœur de l’intelligentsia germanopratine, et coiffer la couronne d’auteur majeur qui lui revient. C’est du moins ce qu’espère Lire, magazine littéraire™ dans sa 508ème livraison. Lequel magazine reconnait à l'auteur anglo-saxon, dans son édito, un écueil, qui ne sera cependant pas soulevé durant l’entretien au sommaire dudit numéro (?).
David Mitchell est en effet un auteur « des littératures de l’imaginaire ». Et sans surprise « Utopia Avenue » est un roman de (mauvais) genre. Vendu au prix de 25 euros, et traduit par Nicolas Richard.
C’est dire la déconvenue qui guette les amateurs de littérature blanche (sic) lorsqu’ils découvriront que le « surdoué des lettres britanniques » a encore [Pour en savoir +] écrit un roman Fantastique. Caramba, encore raté !
En résumé, « Utopia Avenue » est une belle réussite, voire un coup de maître, entendu qu’il accumule (pour moi) les défauts rédhibitoires de laisser l’impression d’avoir été écrit par un groupe de sensitivity readers très méticuleux. Ce que je ne ferais pas l’affront de laisser croire, ni de croire. Le talent de David Mitchell permet en tout cas de passer outre.
Par contre difficile de laisser passer une erreur de traduction assez grossière, qui apparemment n’a ému personne aux éditions de l’Olivier™, alors qu’avoir « un sourire qui est à la fois la cape et l’épée » aurait dû faire bondir n’importe quel relecteur parlant correctement français.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que je rencontre l’expression « cloak and dagger » traduite littéralement. D’une manière plus prosaïque elle qualifie l’idée du mystère, du secret. Voire dans le cas présent de l’ambiguïté.
Et en sus je crois qu’une référence au film Casablanca1942 de Michael Curtiz est passée sous les radars. En tout cas ceux qui ne la saisiront pas seront sûrement étonnés d’entendre la mère de Dean lui dire : « Rejoue-la, Sam. » <sourire>
Roman progressiste, mais captivant « Utopia Avenue » est une belle entrée dans l'univers interconnectés des romans de David Mitchell.
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