Accéder au contenu principal

Le jardin de Kanashima [Pierre Boulle]

Roman historique d'anticipation scientifique en 1964, au moment de sa publication ; « Le jardin de Kanashima » serait probablement une uchronie s'il était publié aujourd'hui.
Bien que la couverture de l'édition de poche déflore l'issue de la course aux étoiles que le roman romance, « Le jardin de Kanashima » garde sa puissance évocatrice intacte.
En outre difficile (mais pas impossible) d'anticiper l'épilogue que nous réserve Pierre Boulle.
            Écrivain majeur de langue française presque complétement oublié aujourd'hui, Pierre Boulle reste néanmoins plus ou moins présent dans l'imaginaire collectif grâce à deux adaptations cinématographiques de ses œuvres : Le pont de la rivière Kwaï1957, et surtout, bien sûr, La Planète des singes, franchise multimédia (cinéma, télévision, bande dessinée, dessin animé, etc.) qui voyait en 2017, presque 50 ans après le premier film, un nouveau long-métrage rapporter près de 500 millions de $.
            Cela dit, je ne suis pas très différent de mes contemporains, et c'est en cherchant un autre roman de Pierre Boulle, réputé comme un récit d'espionnage incontournable que je suis tombé sur cette couverture. 
Pour bien présenter ma situation d'alors j'étais (et je suis encore) en plein visionnage de la série télévisée For All Mankind. Cas de synchronicité quasi parfait, je ne pouvais pas ne pas me plonger derechef dans le roman de Boulle. 
            Paru en 1964 donc, et dit-on remanié au fil de certains événements survenus pendant son écriture, « Le jardin de Kanashima » anticipe les premiers pas d'un homme sur la Lune. Dont Pierre Boulle ne connaissait bien évidemment pas le résultat final.     
            Le roman s'inspire librement de la vie de Wernher von Braun, rebaptisé pour l'occasion von Schwartz, et de sa trajectoire du petit port de Peenemünde en Allemagne jusqu'aux U.S.A.. Quelques flashbacks expliquent son itinéraire intellectuel l'y ayant amené, et la connaissance qu'en avait Pierre Boulle. 
« Il apparaîtra avec évidence qu’un ou deux héros de ce roman (l’un surtout) ont été inspirés par des personnalités existantes. (Je ne parle pas, bien entendu, des chefs d’État, qui sont encore plus transparents, s’ils ne sont pas nommés explicitement.) Ne pas l’admettre serait non seulement hypocrite, mais ridicule. J’ai adopté les grandes lignes de leur carrière, telles qu’elles sont rapportées par les journaux ou dans des notices biographiques, mais j’ai imaginé l’arrière-plan de ces faits à ma façon. J’ai emprunté à leur vie ce qui m’était utile ; j’ai rejeté ce qui ne me servait pas ; j’ai transformé ce qui me semblait indifférent ; j’ai inventé ce qui me manquait. » (extrait de l'avant-propos de l'auteur) 
Toutefois Pierre Boulle invente une rencontre à Peenemünde, que rien ne corrobore, laquelle expliquera le twist qu'évente donc la couverture, et fait de la base militaire allemande de l'île d'Usedom le point de départ d'un noyau de scientifiques qui irrigueront - avec plus ou moins de réussite - le monde de l'immédiate après-guerre de leurs idées sur le conquête de l'espace.
Même si Pierre Boulle se concentre essentiellement sur les États-Unis et la confrontation que mène la pays de l'Oncle Sam contre celui de l'Oncle Joe. avant que n'apparaisse un outsider (que toutefois nous n'avions pas totalement perdu de vue).
            Roman captivant de bout en bout « Le jardin de Kanashima » porte l'estocade en imaginant une solution finale (sic) originale, mais pas totalement imprévisible, et un épilogue dont le roman national japonais n'aura pas à rougir.
Maître de son sujet, Pierre Boulle imagine d'ailleurs un financement pour le projet nippon qui allie la libre entreprise et une certaine idée du collectivisme. Magistrale !
Je crois même qu'il évoque sans les nommer, les maintenant célèbres clans du crime organisé japonais, les yakuzas
Un roman et un auteur à - assurément - (re)découvrir !  
____________
Pour ceux qui voudraient des éclaircissements sur la part qu'occupe la réalité dans cette fiction, le blog de Herveline Vinchon - Chroniques Terriennes - est un passage obligé.        

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich