Certainement mal luné, j'avais calé sur le premier numéro de cette relance du géant de jade. Néanmoins, mon intérêt pour le travail du scénariste Al Ewing m'a convaincu de laisser une seconde chance à cette série.
Sans toutefois oublier qu'un scénaristes travaillant pour des entreprises telles que Marvel ou DC Comics, lesquelles sont les propriétaires des personnages (et des histoires) qu'elles publient, c'est un peu comme d'être un jockey.
Tout aussi prometteur qu'il soit, ce dernier est au service du cheval, et au ordres du propriétaire via l'entraîneur. Chaque Grand prix est surtout l'occasion de retenir le nom du cheval.
Ceci étant dit quid de ce nouveau départ ?
Pour ce nouveau run, Hulk renoue donc avec ses origines sixties, et s'inspire de l'errance qu'avait popularisée la série télévisée des années 1970 avec Bill Bixby et Lou Ferrigno.
Ce parti pris d'un personnage en cavale estaussi surtout une forme de réflexe atavique très étasunien. Il est une résurgence des héros de la Frontière dont l'action était avant tout ponctuelle. Et en mouvement.
Une fois le terrain défriché, une fois la ville pacifiée il faut avancer. Les héros américains des origines sont comme les « douilles vides » de l'Histoire conceptualisées par Hegel, ils tombent une fois leur tâche accomplie. Ou ils se déplacent vers de nouvelles aventures.
« Immortal Hulk » est aussi un retour disais-je, à la très brève série de 1962 - 1963 (par Lee & Kirby) où le personnage principal était une combinaison du docteur Jekyll et du mythe du loup-garou, et la continuation de ce que Marvel avait longtemps fait avant de prendre le train en marche des super-héros post-1956, les histoires de monstres.
Se dessine également, au fil des cinq premiers numéros traduit par Thomas Davier pour Panini, commercialisés en un tome au prix unique de 18 €, l'ombre protée du scénariste Bruce Jones. En effet si la série télévisée proposait des épisodes auto-conclusif, Al Ewing envisage visiblement les choses autrement. Plus proche de ce qu'avait justement fait Bruce Jones en son temps avec un Bruce Banner on the road.
Un petit mot sur la traduction pendant que j'y pense. Un détail certes, mais c'est la deuxième fois en très peu de temps que je tombe sur l'utilisation d'une expression populaire, manifestement mal interprétée (ou mal comprise), lors d'une traduction.
Ici il s'agit de « sortir des sentiers battus » (voir ci-contre), qui pour le coup ne doit pas être prise au pied de la lettre, pas plus qu'elle ne résiste à la perte de son pluriel. Ce qui n'enlève rien, et passera probablement inaperçu, au travail de Thomas Davier. Mais puisque j'envisage la critique comme une forme de conversation avec ceux qui font ce dont je parle, c'est là l'occasion de souligner l'indispensable travail des traducteurs et traductrices.
Al Ewing n'est toutefois pas la seule cheville ouvrière de cette relance, tendance horrifique, du Colosse de jade.
Joe Bennett s'occupe des crayonnés, Ruy José de l'encrage et Paul Mounts des couleurs, hormis sur un numéro où d'autres dessinateurs invités apportent leur soutient (dans un but bien précis).
Mais ils sont tous les trois, le point faible de l'équation.
Alors que le scénariste ose des choix audacieux s'agissant d'un travail de commande pour un éditeur « grand public » tel que Marvel, Bennett, José et Mountsadoucissent affaiblissent la portée radicale de ces choix.
Si Hulk ou Sasquatch sont très impressionnants, la tonalité générale de la série paraît bien inoffensive. Jamais dérangeante ou malsaine.
Quand bien même elle devrait l'être.
Je ne peux pas vraiment m'étendre sur le sujet sans déflorer ses points forts, mais le premier épisode est tout à fait représentatif de cette innocuité, avec ses deux victimes dont on peine à se souvenir.
Mais comme je le disais, rares sont les créatifs travaillant pour Marvel à avoir totalement les coudées franches. Pas plus Joe Bennett que Al Ewing. Ou Alex Ross à qui incombe d'attirer l’œil du chaland grâce à ses pourtant magnifique couvertures, lesquelles n'effraieront personne.
En conclusion, ce premier tome, mystérieusement intitulé « Ou est-il les deux ? », donne une nouvelle fois la preuve que Al Ewing est un scénariste talentueux, et surtout capable de se soumettre aux diktats des éditeurs américains, en réussissant néanmoins à sortir son épingle du jeu. Une gageure dès lors qu'il ne faut s’aliéner aucun lecteur potentiel.
Et si dans le cas d'espèce je trouve le travail de Joe Bennett, Ruy José et Paul Mounts peu en phase avec l'atmosphère d'épouvante que revendique le scénario, ce n'est sûrement pas une raison pour me faire abandonner ce titre.
Du moins pour l'instant.
Sans toutefois oublier qu'un scénaristes travaillant pour des entreprises telles que Marvel ou DC Comics, lesquelles sont les propriétaires des personnages (et des histoires) qu'elles publient, c'est un peu comme d'être un jockey.
Tout aussi prometteur qu'il soit, ce dernier est au service du cheval, et au ordres du propriétaire via l'entraîneur. Chaque Grand prix est surtout l'occasion de retenir le nom du cheval.
Ceci étant dit quid de ce nouveau départ ?
Pour ce nouveau run, Hulk renoue donc avec ses origines sixties, et s'inspire de l'errance qu'avait popularisée la série télévisée des années 1970 avec Bill Bixby et Lou Ferrigno.
Ce parti pris d'un personnage en cavale est
Une fois le terrain défriché, une fois la ville pacifiée il faut avancer. Les héros américains des origines sont comme les « douilles vides » de l'Histoire conceptualisées par Hegel, ils tombent une fois leur tâche accomplie. Ou ils se déplacent vers de nouvelles aventures.
« Immortal Hulk » est aussi un retour disais-je, à la très brève série de 1962 - 1963 (par Lee & Kirby) où le personnage principal était une combinaison du docteur Jekyll et du mythe du loup-garou, et la continuation de ce que Marvel avait longtemps fait avant de prendre le train en marche des super-héros post-1956, les histoires de monstres.
Se dessine également, au fil des cinq premiers numéros traduit par Thomas Davier pour Panini, commercialisés en un tome au prix unique de 18 €, l'ombre protée du scénariste Bruce Jones. En effet si la série télévisée proposait des épisodes auto-conclusif, Al Ewing envisage visiblement les choses autrement. Plus proche de ce qu'avait justement fait Bruce Jones en son temps avec un Bruce Banner on the road.
Un petit mot sur la traduction pendant que j'y pense. Un détail certes, mais c'est la deuxième fois en très peu de temps que je tombe sur l'utilisation d'une expression populaire, manifestement mal interprétée (ou mal comprise), lors d'une traduction.
Ici il s'agit de « sortir des sentiers battus » (voir ci-contre), qui pour le coup ne doit pas être prise au pied de la lettre, pas plus qu'elle ne résiste à la perte de son pluriel. Ce qui n'enlève rien, et passera probablement inaperçu, au travail de Thomas Davier. Mais puisque j'envisage la critique comme une forme de conversation avec ceux qui font ce dont je parle, c'est là l'occasion de souligner l'indispensable travail des traducteurs et traductrices.
Al Ewing n'est toutefois pas la seule cheville ouvrière de cette relance, tendance horrifique, du Colosse de jade.
Joe Bennett s'occupe des crayonnés, Ruy José de l'encrage et Paul Mounts des couleurs, hormis sur un numéro où d'autres dessinateurs invités apportent leur soutient (dans un but bien précis).
Mais ils sont tous les trois, le point faible de l'équation.
Alors que le scénariste ose des choix audacieux s'agissant d'un travail de commande pour un éditeur « grand public » tel que Marvel, Bennett, José et Mounts
Si Hulk ou Sasquatch sont très impressionnants, la tonalité générale de la série paraît bien inoffensive. Jamais dérangeante ou malsaine.
Quand bien même elle devrait l'être.
Je ne peux pas vraiment m'étendre sur le sujet sans déflorer ses points forts, mais le premier épisode est tout à fait représentatif de cette innocuité, avec ses deux victimes dont on peine à se souvenir.
Mais comme je le disais, rares sont les créatifs travaillant pour Marvel à avoir totalement les coudées franches. Pas plus Joe Bennett que Al Ewing. Ou Alex Ross à qui incombe d'attirer l’œil du chaland grâce à ses pourtant magnifique couvertures, lesquelles n'effraieront personne.
En conclusion, ce premier tome, mystérieusement intitulé « Ou est-il les deux ? », donne une nouvelle fois la preuve que Al Ewing est un scénariste talentueux, et surtout capable de se soumettre aux diktats des éditeurs américains, en réussissant néanmoins à sortir son épingle du jeu. Une gageure dès lors qu'il ne faut s’aliéner aucun lecteur potentiel.
Et si dans le cas d'espèce je trouve le travail de Joe Bennett, Ruy José et Paul Mounts peu en phase avec l'atmosphère d'épouvante que revendique le scénario, ce n'est sûrement pas une raison pour me faire abandonner ce titre.
Du moins pour l'instant.
(À suivre .....)
Intéressant de te lire, comme d'habitude, mais je suis sacrément essoufflé des comics marvel depuis un bon moment et ce comics en contient les symptômes.
RépondreSupprimerÉnième relancement du titre, nouvelle direction, nouvelle variation ( et encore un numéro 1), nouvelle terminologie pour un titre ou personnage qui ne cesse de manquer de souffle, surtout si on peut estimer que la meilleure période fut bien celle de Peter David.
On réinterprète le contenu, les personnages pour, il faut bien en convenir, donner la patine du neuf avec du vieux. Bref, ce n'est qu'un énième recyclage avec, peut-être si je me fie à ta critique, une pointe de talent.
Là où cela est parfois détonnant, Mark Millar avec Les Ultimates (et non ses X-men), combien de versions à peine moyenne.
C'est d'autant plus confondant car les films actuels semblaient fixer la donne pour la direction des comics, c'est à dire que les lecteurs occasionnels puissent retrouver l'essence de ce qu'ils avaient pu voir à l'écran.
C'était, à mon avis, l'echec de l'ère Axel Alonso, proposer des variations de personnages ainsi que des histoires qui s'éloignaient de la substance des personnages alors que le grand public était prêt à considérer, ou pas, les comics Marvel.
Il est vrai qu'avec un tel niveau de complexité (tu quittes ces comics pendant 10 ans et tu ne comprends plus rien), ainsi qu'une dilution des règles simples des années 60 (le premier comic lu doit être accessible, un comics avec un début/milieu/fin), j'ai peur que notre domaine se replie sur lui-même alors qu'il n'a jamais été autant publicité et qu'il est en passe de rentrer dans l'esprit du grand public.
Tout cela pour triompher en merchandising sur des boites de céréales ou sur des T-shirt ?
Navrant naufrage, vraiment !
Je suis content de voir apparaître un commentaire sur cette série que j'apprécie beaucoup. J'avais moi aussi pensé aux épisodes Bruce Jones, mais sans faire le lien avec la série télé que tu rappelles ainsi à mon bon souvenir.
RépondreSupprimerJ'avais découvert Al Ewing avec ses deux saisons des Utlimates version Univers 616, où il rendait hommage à Starlin avec une utilisation originale des entités cosmiques, sans tomber ni dans le plagiat ni dans l'ersatz. Je n'ai pas encore sauté le pas pour essayer d'autres de ses productions Marvel comme Loki ou U.S.Avengers.