Lorsque est commercialisé aux États-Unis d'Amérique « Mine » , Robert R. McCammon n'est déjà plus un perdreau de l'année. En 1987, il a remporté ex-æquo avec Stephen King le Prix Bram Stoker©, récompense qui lui reviendra également pour « Mine » en 1990.
Cinq ans auparavant, le réalisateur William Friedkin a adapté une de ses nouvelles pour la célèbre série télévisée « La Quatrième dimension ».
Et il connait déjà le frisson d'apparaître sur la « New York Times Best Seller list ».
C'est en 1992 que l'éditeur J'ai Lu™ commercialise ce roman en France, sous le titre programmatique de « Mary Terreur » ; traduit par Jean-Daniel Brèque, et avec une magnifique illustration de couverture de Matthieu Blanchin.
« Mary Terreur » est d'abord un roman mené à tombeau ouvert, captivant, et dont les 500 pages se lisent comme qui rigole. Si d'aventure vous aviez des doutes sur ses qualités de page-turner, la lecture de son prologue devrait vous donner un aperçu de ce qui vous attend. Âmes sensibles s'abstenir.
À ce plaisir immédiat du divertissement, s'ajoute cependant une lecture encore plus angoissante grâce à la présence d'un spectre venu du passé.
En effet, « Mary Terreur » est hanté par l'idée que la violence est à la fois purificatrice sur le plan individuel, et un instrument privilégié de l'action politique. Un angle d'attaque que certains militants de la gauche dite « radicale », mettront en pratique aux U.S.A. (et en Europe ou au Japon) entre la fin des années 1960 et durant les années 1970. Une idéologie dont Robert R. McCammon tire un instantané glaçant (n'oubliez pas que ce roman parait dans la collection ÉPOUVANTE de J'ai Lu™).
Mais Mary Terrel alias Mary Terreur, réveille aussi, par son jusqu’au boutisme un autre spectre, celui de la « famille » Manson et de ce qu'elle représente (encore aujourd'hui) dans l'imaginaire collectif.
L'utilisation très fréquente que fait Mary Terreur du terme « pig » (que d'une manière assez étrange Jean-Daniel Brèque garde tel quel dans sa traduction), qui n'a bien sûr rien d'un hasard, nous renvoie donc directement à cette gauche radicale ; laquelle désignait alors sous ce vocable les Blancs de l'ordre établi.
Mais aussi aux agissements de la secte de Charles Manson.
Du moins si on veut bien se rappeler que lors du meurtre de Gary Hinman (peu de temps avant ceux qui se dérouleront 10050 Cielo Drive, le 8 août 1969), Bobby Beausoleil avait écrit sur l'un des murs du domicile de la victime « political piggy », à côté du dessin d'une patte de félin. Simulacre destiné à orienter les enquêteurs du côté du Black Panher Party, puisqu'on prêtait aux militants dudit parti, d'avoir popularisé le terme de « pig » pour désigner les forces de police.
Des spectres (dans l'acception de Jacques Derrida) donc qui font de ce roman une « ghost story » très originale.
« Mary Terreur » est, pour le dire vite et conclure, un roman dont la densité, et l'apparente simplicité de son road trip macabre, s'associent pour que la collection qui l'accueille et son titre, n'aient ni l'une ni l'autre à rougir de son contenu.
La redoutable virtuosité de Robert R. McCammon dans le « planté-récolté » (pay-in/pay-off), et sa connaissance intime (semble-t-il) de la contre-culture, et de ses travers, font de ce roman une très belle réussite. Un incontournable.
Et n'oubliez pas, très chers lecteurs, et toutes aussi très chères lectrices, qui vous a mis dans la confidence !
Cinq ans auparavant, le réalisateur William Friedkin a adapté une de ses nouvelles pour la célèbre série télévisée « La Quatrième dimension ».
Et il connait déjà le frisson d'apparaître sur la « New York Times Best Seller list ».
C'est en 1992 que l'éditeur J'ai Lu™ commercialise ce roman en France, sous le titre programmatique de « Mary Terreur » ; traduit par Jean-Daniel Brèque, et avec une magnifique illustration de couverture de Matthieu Blanchin.
« Mary Terreur » est d'abord un roman mené à tombeau ouvert, captivant, et dont les 500 pages se lisent comme qui rigole. Si d'aventure vous aviez des doutes sur ses qualités de page-turner, la lecture de son prologue devrait vous donner un aperçu de ce qui vous attend. Âmes sensibles s'abstenir.
À ce plaisir immédiat du divertissement, s'ajoute cependant une lecture encore plus angoissante grâce à la présence d'un spectre venu du passé.
En effet, « Mary Terreur » est hanté par l'idée que la violence est à la fois purificatrice sur le plan individuel, et un instrument privilégié de l'action politique. Un angle d'attaque que certains militants de la gauche dite « radicale », mettront en pratique aux U.S.A. (et en Europe ou au Japon) entre la fin des années 1960 et durant les années 1970. Une idéologie dont Robert R. McCammon tire un instantané glaçant (n'oubliez pas que ce roman parait dans la collection ÉPOUVANTE de J'ai Lu™).
Mais Mary Terrel alias Mary Terreur, réveille aussi, par son jusqu’au boutisme un autre spectre, celui de la « famille » Manson et de ce qu'elle représente (encore aujourd'hui) dans l'imaginaire collectif.
L'utilisation très fréquente que fait Mary Terreur du terme « pig » (que d'une manière assez étrange Jean-Daniel Brèque garde tel quel dans sa traduction), qui n'a bien sûr rien d'un hasard, nous renvoie donc directement à cette gauche radicale ; laquelle désignait alors sous ce vocable les Blancs de l'ordre établi.
Mais aussi aux agissements de la secte de Charles Manson.
Du moins si on veut bien se rappeler que lors du meurtre de Gary Hinman (peu de temps avant ceux qui se dérouleront 10050 Cielo Drive, le 8 août 1969), Bobby Beausoleil avait écrit sur l'un des murs du domicile de la victime « political piggy », à côté du dessin d'une patte de félin. Simulacre destiné à orienter les enquêteurs du côté du Black Panher Party, puisqu'on prêtait aux militants dudit parti, d'avoir popularisé le terme de « pig » pour désigner les forces de police.
Des spectres (dans l'acception de Jacques Derrida) donc qui font de ce roman une « ghost story » très originale.
« Mary Terreur » est, pour le dire vite et conclure, un roman dont la densité, et l'apparente simplicité de son road trip macabre, s'associent pour que la collection qui l'accueille et son titre, n'aient ni l'une ni l'autre à rougir de son contenu.
La redoutable virtuosité de Robert R. McCammon dans le « planté-récolté » (pay-in/pay-off), et sa connaissance intime (semble-t-il) de la contre-culture, et de ses travers, font de ce roman une très belle réussite. Un incontournable.
Et n'oubliez pas, très chers lecteurs, et toutes aussi très chères lectrices, qui vous a mis dans la confidence !
Grand souvenir de traduction. Précision: si j'ai gardé le terme "pig", c'est parce que traduire par "porc" ou "cochon" n'aurait eu aucun sens, et adopter l'argot français ("poulet", "cogne", etc) non plus.
RépondreSupprimerAutre précision: ce livre est épuisé depuis des années et j'ai récupéré mes droits sur ma traduction. Avis aux éditeurs intéressés...
Jean-Daniel Brèque
Merci de la précision Jean-Daniel.
SupprimerEt une réédition de cet excellent roman est tout le mal que je lui souhaite.
Une publication des romans récents de McCammon serait aussi bienvenue
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