Tenant visiblement plus compte de ses propres aspirations littéraires que des attentes du marché, James Enge a d'abord écrit des textes courts, quand bien même les éditeurs d’alors n'en publiaient plus guère. Jusqu’à ce qu’il entreprenne l'écriture de Blood of Ambrose, roman de High fantasy publié aux États-Unis en 2009.
« Le sang des Ambrose2010 » est le premier de trois romans (et de plusieurs nouvelles donc) qui ont la particularité d'avoir un personnage principal commun, mais de ne pas être une trilogie feuilletonnante. Autrement dit, ce roman, le seul d'ailleurs publié en français, se suffit totalement à lui-même.
Et risque de vous contenter tout autant.
« [...] et la journée avance, et bientôt ces foutus zombies essaieront nos sous-vêtements. »
Le livre débute sur les chapeaux de roues le 25 souvenir, 330 apr. U.
Plongé in medias res, dès la première page, l'histoire ne nous donnera le temps de souffler qu'avec parcimonie. Si les péripéties ralentissent parfois, la richesse du monde secondaire inventé par James Enge échange alors l’énergie des combats et la sournoiserie des coups bas contre une ménagerie hétéroclite (golems, zombies, cheval volant, etcétéra), un système magique attrayant (façon mystère et boule de gnome), et une géographique tout aussi riche d’intérêt.
Le tout irrigué par une théorie de personnages qui se disputeront tour à tour votre attention.
Dont le personnage principal, surnommé le « Déjeté », fruit d’un brainstorminger d’enfer duquel est sorti finalement une quasi d'antithèse de James Enge lui-même.
Toutefois, le bien nommé Morlock, est aussi le porte-drapeau d’une revendication.
En effet, James Enge n’a pas du tout apprécié le traitement que Tolkien avait réservé aux Nains de son célèbre roman. Lesquels, et là je m’adresse à Peter Dinklage, ne sont pas des victimes d’une maladie, mais les représentants attestés d’une des races que l’on rattache au communément au « Petit peuple » des légendes.
Des personnages qui certes, font parfois les frais de stéréotypes, mais qu’on prendra bien soin de ne pas croire (ni de faire croire) qu’ils attentent à la dignité des individus de petites tailles tout ce qu’il y a de plus réel.
Ceci étant dit, James Enge fait donc de son héros « malgré lui » le fils adoptif d’un Nain.
« Je te laisserai crever, ce coup-ci, petit enfoiré de merde »
Or donc, Morlock dont l’onomastique renvoie délibérément à la geste arthurienne ne se ménagera pas dans cette guerre civile qui n’est pas sans rappeler l’éternel affrontement entre la Loi et le Chaos©.
Manifestement James Enge ne confond pas la littérature, fût-elle d’évasion, avec USPS, « Le sang des Ambrose » ne fait donc aucune concession avec l’air du temps qui veut que tout soit politique (spéciale dédicace à Tyrion) et laisse s’épanouir un plaisir que je vais finir pas croire coupable, celui de se divertir en sortant - justement - de son quotidien.
Au final « Le sang des Ambrose » est un récit de High fantasy haletant, plein d’humour, écrit avec un mauvais esprit assez rafraîchissant.
Seule histoire de James Enge à avoir traversé l’Atlantique, sa publication il y a déjà une douzaine d’années, laisse craindre que ce soit désormais la seule. Dommage !
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