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Bifrost n°105 : Brackett, Brown, Genefort & Nayler

À tout seigneur, tout honneur, Leigh Brackett ouvre le bal de la critique de la partie fiction du dernier Bifrost paru.
            Publiée en novembre 1957 dans une revue américaine, ce qui n'a rien d'anodin, « Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel » est une nouvelle très décevante. Si son appartenance au domaine de la Sf est pour le moins ténue, elle pèche surtout par son manichéisme, et sa trop grande volonté de convaincre. Si à l'époque de sa publication ce récit édifiant avait - peut-être - sa raison d'être, aujourd'hui je n'en vois pas l’intérêt. D'autant qu'il est sensé illustrer par l'exemple le dossier que consacre justement la revue à son auteur.
            Eric Brown en est un qu'on aime bien en Bifrosty semble-t-il, un sentiment que je ne partage pas vraiment.
Et la nouvelle qui nous est proposée dans ce 105ème numéro ne risque pas de me faire changer d'avis. « La tragique affaire de l'ambassadeur martien » est d'un ennui mortel. On dirait un devoir de littérature de 3éme dont l'intitulé aurait été : « imaginez une enquête de Sherlock Holmes dans l'univers littéraire de La Guerre des mondes, imaginé par H.G. Wells ». Vous avez ½ heure !
Dans de telles conditions, et de la part d'un jeune élève, la nouvelle de Brown aurait certainement eu une bonne note si j'avais eu à lui en donner une. De la part d'un auteur chevronné, je suis déjà plus exigeant. Sa présence dans une revue professionnelle augmente encore mes attentes, que n'atténue pas une longue route passée en compagnie des deux locataires du 221B Baker Street.
            La nouvelle de Laurent Genefort, qui s'inscrit dans l'univers de son uchronie Les Temps ultra-modernes [Pour en savoir +], appartient au même exercice de style que l'Abrégé de cavorologie [Pour en savoir +].
Sauf qu'ici l'auteur troque le vrai-faux traité scientifique pour une compilation d'extraits d'articles de journaux qui relatent des événements en lien avec la Cavorite. Il vaut certainement mieux avoir lu le roman en question pour y trouver son compte.
            Heureusement la lecture de « Père », de Ray Naler, m'a fait oublier le peu, ou l'absence total, d’intérêt suscité par ses trois condisciples. 
À partir d'une histoire rouillée jusqu'au dernier rivet, l'assez nouveau venu Ray Naler dans le domaine de prédilection de la revue, construit (lui aussi) une uchronie, dont la brièveté et la superficialité inhérentes à la longueur volontaire du texte n'entame en rien l'intérêt. « Père » donne - à mon avis - un bel exemple du Sense of Wonder que la Sf revendique souvent comme constitutif de sa propre définition. 
Captivante, même dans ce qu'elle a de plus rabâché, « Père » donne un aperçu très attrayant de ce que j'aimerais être le premier récit d'une plus vaste entreprise littéraire que Ray Naler pourrait développer. Si tel était le cas il me trouverait parmi ses lecteurs. 
Il m'y retrouvera d'ailleurs quelque soit ses futurs publications (qui ne devraient pas tarder si j'en crois ce qu'en dit l'introduction à sa nouvelle du présent numéro).
            Les textes critiqué ici ont été respectivement traduits par Bruno Martin (révisions d'Olivier Girard), Michel Pagel et Henry-Luc Planchat.
La couverture de la revue est signée par Nicolas Fructus, et l'illustration de la nouvelle de Ray Naler est l’œuvre de Matthieu Ripoche.                       

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